Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

ferronnerie (suite)

 R. Subes, la Ferronnerie d’art du xie au xixe siècle (Ducher, 1928 ; nouv. éd., Flammarion, 1954). / R. Lecoq, Ferronneries anciennes (Massin, 1961). / M. de Fayet, Ferronnerie espagnole (Massin, 1969). / F. Kühn, le Fer forgé (Office du livre, Fribourg, 1973).

Ferry (Jules)

Homme d’État français (Saint-Dié 1832 - Paris 1893).



Introduction

Alors qu’il termine son droit et s’inscrit au barreau, il assiste avec indignation au coup d’État de 1851, à Paris. Pendant dix-huit ans, il sera un opposant au régime impérial, d’abord comme journaliste (la Presse, le Courrier de Paris, le Temps, le Siècle), que de caustiques pamphlets (le Manuel électoral, 1863 ; les Comptes fantastiques d’Haussmann) mènent parfois en correctionnelle (procès des Treize), puis comme député au Corps législatif (1869).


Vers le pouvoir

Le 4 septembre 1870, Ferry est l’un de ceux qui conduisent le peuple parisien à l’Hôtel de Ville pour proclamer la république. Secrétaire du gouvernement de la Défense* nationale, il est délégué à l’administration du département de la Seine (6 sept.) avant de remplacer Étienne Arago comme maire de Paris (16 nov.). Lors des émeutes du 31 octobre et du 22 janvier 1871, il joue un rôle efficace pour protéger le gouvernement menacé. Mais les Parisiens reprochent le pain noir, « le pain Ferry » à celui qui doit veiller à un ravitaillement difficile par un hiver glacial.

De même qu’il avait vu venir la guerre, Ferry avait redouté l’insurrection de la Commune. Pour l’éviter, il avait demandé le retour de l’Assemblée à Paris. Au soir du 18 mars, il tentera en vain de reprendre l’Hôtel de Ville aux Fédérés.

Député des Vosges depuis le 8 février 1871, Ferry est nommé, le 24 mai, préfet de la Seine, mais la droite l’attaque (enquête sur le 18 mars). Il démissionne le 5 juin. Pendant un an (mai 1872-mai 1873), il va représenter la France à Athènes.

Lorsqu’il revient, après la chute de Thiers*, c’est pour combattre l’Ordre moral. Sa vigoureuse personnalité appelle naturellement son élection comme président de la Gauche républicaine. Élu le 20 février 1876 député des Vosges, département qu’il représentera à la Chambre jusqu’en 1889, il est de nouveau désigné comme président de la Gauche républicaine. Il vote avec les « 363 » et est réélu le 14 octobre 1877. En faisant adopter par ses collègues l’ordre du jour du 20 janvier 1879, Ferry contribue à la chute du cinquième cabinet Dufaure. Dans le cabinet Waddington du 4 février, il se voit confier le portefeuille de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, qu’il garde dans le 1er cabinet Freycinet du 28 décembre 1879 au 23 septembre 1880.


« Le rêve de Condorcet »

« Je me suis fait un serment. Entre toutes les nécessités du temps, entre tous les problèmes, j’en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j’ai d’énergie, tout ce que j’ai d’âme, de cœur, de puissance physique et morale, c’est le problème de l’éducation du peuple. » Ce serment, Jules Ferry le tiendra, et ce sera l’honneur de sa vie d’avoir doté la France d’un enseignement primaire accessible à tous. Dans le contexte d’une époque où l’Église catholique reste inféodée à la monarchie, Jules Ferry, qui n’est pas un sectaire, ne croit pas pouvoir laisser entre les mains de l’Église l’éducation populaire.

Dès son arrivée au gouvernement, il dépose un projet de loi qui élimine tout élément ecclésiastique du Conseil supérieur de l’instruction publique et des conseils académiques. Un second projet provoque plus de passion encore ; il restreint l’application de la loi de 1875 qui a accordé la liberté à l’enseignement supérieur. L’article 7 de ce projet, qui enlève aux membres des congrégations non autorisées le droit de diriger des établissements d’enseignement, soulève l’opposition des catholiques. Adopté le 9 juillet 1879 par la Chambre, l’article 7 est repoussé par le Sénat le 16 mars 1880. Mais les gauches de la chambre invitent le gouvernement à appliquer les lois relatives aux congrégations non autorisées : l’opposition se déchaîne tellement que Freycinet prend peur et se contente de la seule expulsion des Jésuites.

Quand J. Ferry lui succède à la tête du gouvernement (23 sept. 1880), il dissout 300 congrégations d’hommes non autorisées (3 000 membres). Poursuivant son œuvre scolaire, il étend aux jeunes filles le bénéfice de l’enseignement secondaire d’État (loi Camille Sée, 21 déc. 1880) et est à l’origine de la fondation à Sèvres d’une École normale supérieure de jeunes filles. Épaulé par l’action de ses amis, notamment par Ferdinand Buisson (1841-1932) et Jean Macé (1815-1894), il met en place un enseignement primaire, gratuit et obligatoire ; la loi du 16 juin 1881 établit la gratuité, les dépenses des écoles étant désormais à la charge des communes et de l’État. La laïcité et l’obligation sont votées le 28 mars 1882.

Au cours de l’existence du 1er cabinet Ferry (sept. 1880-nov. 1881), un important train de lois fondamentales sont votées : liberté de travailler les dimanches et jours de fêtes catholiques, de tenir une réunion publique sur simple déclaration préalable (30 juin 1881) ; surtout : liberté d’imprimer, d’éditer, de publier des périodiques, avec cependant le droit de réponse pour les particuliers (29 juill. 1881).

Gambetta tombé, puis disparu, Jules Grévy peut envisager la formation d’un gouvernement stable, fondé sur une large majorité obtenue par l’accord de l’Union républicaine et de la Gauche républicaine ; ce gouvernement est confié à Ferry, le 21 février 1883. Le deuxième cabinet Ferry va durer plus de deux ans. D’emblée, le président du Conseil, qui a repris le portefeuille de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, érige l’opportunisme en doctrine gouvernementale, s’attirant ainsi l’animosité de la gauche radicale, et plus particulièrement celle de Clemenceau*. En fait, l’opportunisme de Ferry est assez autoritaire. Sans doute n’obtient-il pas une réforme complète des institutions judiciaires, mais il reçoit le pouvoir de suspendre, pendant trois ans, l’inamovibilité des juges : l’épuration, exigée selon lui par l’attitude de nombreux magistrats lors de l’expulsion des congrégations, lui est ainsi facilitée (30 août 1883). Autre loi capitale : la loi municipale du 5 avril 1884 qui donne à toutes les communes (sauf Paris) le même régime et rend publiques les séances des conseils municipaux, encore que les droits de ces derniers restent limités par la tutelle préfectorale.