Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fer (suite)

Quelques pionniers de la construction métallique


James Bogardus,

mécanicien et industriel américain (Catskill, New York, 1800 - New York 1874). Il est le type du génie inventif dont la biographie n’est qu’une suite de brevets dans les domaines les plus divers. La mise au point d’une machine à graver, en 1836, l’amène à séjourner quatre ans en Angleterre. Il en profite pour visiter l’Europe et, devant les monuments italiens, rêve de les mettre à la portée de ses contemporains.

Il conçoit alors une architecture entièrement métallique où les façades de fonte, moins sensibles que le fer au feu ou à la corrosion, reproduiraient les modèles anciens. Cet éclectique réalise à New York, en 1850, sa propre manufacture, puis en 1854 les magasins Harper and Brothers ; il expédiera les éléments de diverses constructions dans plusieurs villes des États-Unis, et jusqu’à Cuba. Bogardus est ainsi l’un des précurseurs des gratte-ciel et de la préfabrication* modulaire. Il est regrettable qu’il n’ait pu réaliser son projet pour la foire de 1853 : un bâtiment annulaire enserrant dans les 365 m de son diamètre une vaste cour, couverte d’une toiture métallique suspendue en son centre à une tour de 90 m de haut, elle aussi en fonte et desservie par des ascenseurs.


Les Darby,

famille d’industriels britanniques. Ils ont une place éminente parmi les lignées familiales dont l’esprit d’entreprise a permis la révolution industrielle, grâce à la mise au point d’une production industrialisée de la fonte de fer.

Le premier Abraham Darby (1677-1717), fils d’un fondeur-agriculteur, avait vu employer le coke de houille lors de son apprentissage dans une malterie de Birmingham. En 1704, ayant fait venir des fondeurs de Hollande et obtenu des capitaux, il fonde à Bristol une fabrique de produits en laiton. Là aussi, on emploie le coke, et son expérience permet à Darby de réussir à fondre du fer avec ce combustible. En 1708, il prend un brevet pour la fabrication de poterie en fonte et, rompant avec ses associés, va s’établir à Coalbrookdale, dans le Shropshire. Lorsque son fils, Abraham II (1711-1763), reprend la fonderie, c’est surtout pour produire du laiton, en particulier des cylindres de machines à vapeur. À partir de 1743, une technique améliorée l’autorise à leur substituer des cylindres en fonte, et à assurer par là l’essor de son entreprise. Cela permettra à Abraham III (1750-1791) d’être surtout un constructeur et d’élever en 1779 le premier pont métallique du monde, l’Iron Bridge, sur la Severn, près de Coalbrookdale.


Gustave Eiffel,

ingénieur français (Dijon 1832 - Paris 1923). Destinée hors de pair que celle de ce Dijonnais, sorti ingénieur chimiste de l’École centrale pour devenir un constructeur de ponts et fonder, à trente-cinq ans, les Ateliers de construction mécanique de Levallois.

Grâce à une rapidité d’exécution due à une préfabrication poussée — indices de la rigueur et de l’efficacité d’Eiffel —, son entreprise va rapidement acquérir un renom mondial. Elle livrera des charpentes de gares, d’usines, de banques, de lycées ou d’églises ; des écluses pour Panamá, des ossatures de statues géantes (la Liberté de New York) ; mais surtout des ponts. Les plus renommés sont le pont Maria Pia de Porto, au Portugal (1876-1878), et le viaduc de Garabit, dans le Cantal (1882-1884), avec des portées de 160 et 165 m.

Vingt années de recherches dans le domaine des poutres treillissées et de leur résistance au vent vont aboutir à la tour de 300 m pour l’Exposition universelle de 1889, à la mesure d’une manifestation où le fer triomphe partout. Réalisée en deux ans avec la collaboration d’Émile Nouguier et de Maurice Kœchlin, ainsi que de l’architecte Sauvestre, elle restera le symbole de la révolution métallurgique. Fait moins connu, elle permettra à Eiffel de poursuivre des recherches fructueuses sur l’aérodynamique en fondant le laboratoire qui porte son nom.

➙ Architecture / Charpente.

 J. Gloag et D. Bridgwater, A History of Cast Iron in Architecture (Londres, 1948). / C. L. Meeks, The Railroad Station. An Architectural History (New Haven, 1956). / O. Johannsen, Geschichte des Eisens (Düsseldorf, 1958). / J. B. Ache, Acier et architecture (Arts et métiers graphiques, 1966). / D. D. Badger et J. Bogartus, The Origins of Cast Iron Architecture in America (New York, 1969).

Ferdinand II le Catholique

(Sos, Saragosse, 1452 - Madrigalejo, Cáceres, 1516), roi d’Aragon de 1479 à 1516, roi de Sicile de 1468 à 1516, roi (Ferdinand V) de Castille de 1474 à 1504, roi (Ferdinand III) de Naples de 1504 à 1516, fils de Jean II d’Aragon et de Jeanne Henríquez, la seconde épouse de ce souverain.


Fiancé secrètement par son père Jean II à sa cousine Isabelle, Ferdinand l’épouse à Valladolid en 1469, après avoir accepté des « capitulations matrimoniales » aux termes desquelles les deux royaumes d’Aragon et de Castille pourraient être unis personnellement mais non organiquement après l’accession des deux époux au trône de leurs pays respectifs.

Une telle union renforce considérablement le parti d’Isabelle, dont les droits à la couronne de Castille sont contestés par sa propre nièce, Jeanne la Beltraneja (1462-1530), fille de Henri IV, qui bénéficie à la mort de ce dernier en 1474 de l’appui de son oncle, le roi Alphonse V du Portugal, et de celui du roi de France, Louis XI. L’intervention de Ferdinand au profit d’Isabelle permet à cette dernière de contraindre ses compétiteurs à se désister de leurs prétentions à la couronne de Castille par le traité d’Alcáçovas de septembre 1479.

À cette date, Ferdinand règne déjà sur l’Aragon, ce qui rend applicables les conventions matrimoniales de 1469, dont il a vainement tenté de violer les clauses à la mort de son beau-père en 1474 afin de se faire reconnaître souverain réel de Castille. Sous la pression des partisans d’Isabelle, il doit se contenter d’en partager le gouvernement avec sa femme. Mais cette dernière n’intervenant pas en contrepartie dans les affaires d’Aragon, le rôle de Ferdinand devient prééminent en Espagne.