Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fer (suite)

Les courants internationaux mettent en rapport les trois grands foyers importateurs (Europe du Nord-Ouest, nord-est des États-Unis et Japon) avec les exportateurs des hautes latitudes ou du monde tropical. La baisse des frets est si importante que ces pays participent souvent à l’approvisionnement de plusieurs zones consommatrices : ainsi s’unifie un marché longtemps morcelé entre des aires dominées par les sidérurgistes des grandes puissances industrielles.

Seuls les pays de l’Est échappent jusqu’à présent à l’évolution générale qui favorise l’essor industriel des zones littorales : les gisements russes, comme celui de Krivoï-Rog ou ceux de l’Oural, ont des teneurs élevées, ce qui réduit l’avantage des approvisionnements extérieurs. Les impératifs stratégiques font préférer les ressources contrôlées directement par l’U. R. S. S.

P. C.


Le fer en biochimie, en pharmacie et en médecine

Chez les végétaux, le fer participe au métabolisme du pigment chlorophyllien, bien qu’il n’entre pas dans sa constitution : les plantes ne verdissent pas dans les sols pauvres en fer.

Chez les animaux, le fer se répartit en deux groupes :
— le fer héminique, engagé dans des molécules tétrapyrroliques — hémoglobine, myoglobine, cytochrome-oxydase, catalase —, qui président aux phénomènes de la respiration* ;
— le fer non héminique, engagé dans des molécules non tétrapyrroliques, d’origine alimentaire ou médicamenteuse, qui se trouve transporté, grâce à diverses protéines (ferritine, sidérophiline) des organes digestifs jusqu’aux organes de stockage (foie, rate, moelle osseuse), en passant par le sang (fer sérique).


Fer sérique

C’est le fer circulant, fixé sur une globuline glycoprotéique, la sidérophiline. Relativement facile à doser, il revêt une certaine importance en chimie clinique. 1 litre de sérum en renferme : 1,4 mg chez l’homme ; 1,1 mg chez la femme ; 1,7 mg à la naissance ; 1,1 mg à 3 mois ; 0,8 mg à 10 ans. Le fer sérique est augmenté dans les anémies hyperchromes (Biermer), les syndromes hémolytiques, et très augmenté dans les hémochromatoses ; il est diminué dans les anémies hypochromes. À l’état normal, la sidérophiline n’est pas saturée de fer, sa capacité de fixation étant de deux fois la valeur du fer sérique. L’évaluation de la capacité de fixation du fer, qui renseigne sur la teneur en sidérophiline, est très utile en chimie clinique.


Besoins en fer de l’organisme

Compte tenu du fait que seulement 10 à 20 p. 100 du fer ingéré sont absorbés, les besoins en fer de l’organisme sont, par jour, de 7 mg chez l’enfant, de 12 mg chez l’adulte, de 15 mg chez la femme enceinte, les pertes organiques étant très faibles (1 à 2 mg). Dans les maladies entraînant une hyposidérose (anémies hypochromes), il est nécessaire d’administrer du fer sous forme médicamenteuse, par la voie digestive et à hautes doses, en raison de sa faible capacité d’absorption. Le fer est d’autant mieux assimilé qu’il est à l’état ferreux et salin, le fer végétal étant mieux absorbé que le fer animal. Les médicaments ferrugineux sont utilisés depuis fort longtemps, les plus connus étant le tartrate de fer, ou safran de Mars apéritif, l’oxalate ferreux ; on leur préfère aujourd’hui le fumarate ou l’heptogluconate ferreux.

R. D.


Surcharge en fer de l’organisme. Hémochromatoses

Le terme hémochromatose désigne une coloration anormale des tissus par une substance d’origine sanguine. En pratique, ce terme s’applique aux affections caractérisées par une surcharge de l’organisme en pigments ferrugineux.

Il existe une hémochromatose primitive, d’origine génétique, qui apparaît entre 40 et 60 ans, et des hémochromatoses dites « secondaires » qui compliquent une cirrhose alcoolique ou qui sont consécutives soit à des transfusions sanguines (plus de 100), soit à une surcharge alimentaire (hypersidérose des Bantous).

Les pigments ferrugineux (hémofuchsine, hémosidérine) pouvant imprégner tous les organes, les troubles dus à l’hémochromatose sont variés. La peau présente une pigmentation brune, le foie est gros, souvent douloureux. Un diabète sucré est fréquent, et l’impuissance est de règle. L’insuffisance cardiaque est rare, mais, lorsqu’elle apparaît, elle est précoce et grave.

L’association d’un diabète grave, d’une mélanodermie (peau très bronzée) et d’une cirrhose hypertrophique (gros foie) était autrefois appelée diabète bronzé.

L’anomalie biologique majeure est l’hypersidérémie (augmentation du fer sérique), qui dépasse 200 gammas par 100 ml. Elle est associée aux différents troubles biologiques dus à l’altération des organes.

La ponction-biopsie du foie fournit des données caractéristiques : les cellules sont remplies de pigment noirâtre. Les manifestations des hémochromatoses primitives sont toujours plus prononcées que celles des hémochromatoses secondaires.

Le traitement de l’hémochromatose primitive réside dans la pratique de petites saignées répétées et dans la correction des conséquences de l’affection (diabète, insuffisance cardiaque, etc.) par les procédés habituels. Le traitement des hémochromatoses secondaires consiste dans la suppression de la cause lorsque cela est possible.

J. P.

➙ Acier / Fonte / Frittage / Métallurgie / Sidérurgie.

 H. E. Cleaves et J. G. Thomson, The Metal Iron (Londres, 1935). / G. R. Bashforth, The Manufacture of Iron and Steel (Londres, 1948-1951 ; 2 vol.). / R. Kiefer, W. Hotop et coll., Fer et aciers frittés (Dunod, 1951). / L. Colombier, Métallurgie du fer (Dunod, 1957). / J. C. Dreyfus et G. Shapira, le Fer. Biochimie, physiologie, pathologie (Expansion scientif. fr., 1958). / J. Mérigot, S. Lerat et R. Froment, Notions essentielles de géographie économique, t. II (Sirey, 1966). / J.-C. Caillat, la Route du fer. Essai de stratégie économique (Chambre syndicale des mines de fer de France, 1969). / S. Lerat, Géographie des mines (P. U. F., 1971).