Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

féodalité (suite)

Ce type de garde, s’avérant particulièrement lucratif pour celui qui l’exerce, est adopté notamment en Normandie et en Angleterre par les Plantagenêts, auxquels Philippe II Auguste l’emprunte à partir de 1186. Quant au droit de mariage, c’est-à-dire au droit de choisir l’époux de l’héritière d’un fief, il s’explique par la nécessité où se trouve le sire de s’assurer de la fidélité de celui qui doit en remplir le service militaire aux lieu et place de sa femme, originellement exclue de la succession féodale en raison de son inaptitude naturelle à l’accomplir. Ce droit, exercé dès la fin du xe s. en France méridionale, se pratique couramment en Angleterre à la fin du xie s., en France du Nord et en Lotharingie au xiie s. et en Allemagne au xiiie s.

• Fille de l’hérédité, l’aliénabilité du fief porte une ultime atteinte à la nature même des liens vassaliques, qui sont des liens d’homme à homme. Ne pouvant s’opposer à cette revendication justifiée par les besoins financiers de leurs vassaux, les seigneurs imposent à ces derniers le respect de certaines règles : reconnaissance du droit de préemption du seigneur sur les biens et droits qu’il a concédés en fiefs (c’est le droit de retrait féodal) ; octroi par le seigneur d’une coûteuse autorisation préalable en cas de vente à un tiers ; obligation imposée à l’acheteur de faire hommage au seigneur avant d’en recevoir l’investiture au cours d’une cérémonie dite « de report de fief » aux Pays-Bas ; perception de lourds droits de mutation (quint ou quinta-denier en Île-de-France, représentant 20 p. 100 de la valeur vénale du fief) ; taxe dite « de mainmorte », d’un montant encore plus élevé en cas d’aliénation en faveur d’un établissement religieux qui refuse le service du fief ; droit enfin du seigneur de s’opposer à tout abrègement qui entraîne une réduction de ce même service.

Sans doute une telle pratique ne porte-t-elle pas atteinte à la mystique même de l’hommage. Mais, en favorisant le passage de nombreux fiefs entre des mains non nobles, en minorisant le service militaire des vassaux au profit de leurs devoirs fiscaux, l’aliénabilité des fiefs porte atteinte à ce qui fait l’originalité même de la féodalité.

fer

Corps simple, le plus courant des métaux.


Généralités


Découverte

L’âge du fer correspond en Europe au dernier millénaire avant notre ère. Pourtant, le fer avait été utilisé bien auparavant. Des perles de fer météoriques ont été découvertes dans une tombe égyptienne prédynastique du quatrième millénaire, et un outil de fer doux a été trouvé dans la pyramide de Chéops. De même, des textes chinois rapportent que des peuples payaient un tribut en fer vers 2220 avant notre ère. Au Moyen-Orient, des objets de fer apparaissent entre 1800 et 1500 av. J.-C. On considère que la plus ancienne industrie du fer se trouve chez les Hittites et date d’environ 1300 av. J.-C. Vers 1100 av. J.-C., le fer est d’usage courant le long de la côte syrienne ; c’est à cette époque que les Doriens, armés d’épées de fer, envahissent la Grèce. Le fer atteint le Rhin vers 750 av. J.-C., puis pénètre dans la France actuelle durant la première moitié du premier millénaire.

Jusqu’à l’invention de la soufflerie mécanique dans l’Europe du xive s., tous les objets furent formés de fer forgé vers 800 à 900 °C.


État naturel

Le fer est très répandu à la surface de la Terre, où il est le quatrième élément par teneur décroissante. Il constitue 4,5 p. 100 de la lithosphère. Une théorie suppose que l’intérieur de la Terre est formé d’une matière où dominerait le fer.

Le fer natif (libre) est rare à la surface de la Terre. On trouve des météorites qui consistent parfois en fer métallique allié avec une certaine proportion de nickel (entre 3 et 30 p. 100).

Les minerais de fer sont essentiellement des oxydes Fe3O4 (magnétite) et Fe2O3 (hématite), des oxydes ferriques hydratés Fe2O3, x H2O tels que la limonite de Lorraine et le carbonate ferreux FeCO3 (sidérose).


Atome

Le fer a le numéro atomique 26, et la structure électronique de l’état fondamental de l’atome est 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d6, 4s2. Le rayon atomique est de 1,24 Å, le rayon du cation Fe+2 est 0,83 Å, le rayon du cation Fe+3 est de 0,57 Å. Les énergies successives d’ionisation sont de 7,90 eV, 16,16 eV et 30,64 eV.


Corps simple

Le fer fond à 1 528 °C et présente l’allotropie cristalline ; il est cubique (fer α) aux températures inférieures à 910 °C, puis cubique à faces centrées (fer γ) entre 910 et 1 400 °C, puis de nouveau cubique centré entre 1 400 °C et la température de fusion. Il est ferromagnétique aux températures inférieures à 760 °C.

Le fer s’allie avec de nombreux métaux ; avec le carbone et l’azote, on obtient selon les proportions des solutions solides terminales d’insertion ou des composés définis, telle la cémentite Fe3C.

Ce métal est réducteur et se combine à l’oxygène, au soufre, au chlore en particulier. Il réduit les acides dont l’anion n’est pas réductible en produisant un dégagement d’hydrogène, ce qui est le cas avec l’acide chlorhydrique et l’acide sulfurique. Avec les acides dont l’anion est réductible, l’action du fer est plus complexe. Ainsi, l’acide nitrique dilué attaque le fer avec formation de nitrate ferrique et de vapeurs nitreuses, mais, avec l’acide concentré, après une attaque très brève, la réaction cesse par suite de la formation d’une pellicule superficielle sur le fer qui le protège d’une attaque plus profonde : le fer est devenu passif ; si alors on dilue l’acide, aucune attaque de ce fer « passive » ne se manifeste, mais, si on touche ce fer avec un fil de cuivre en présence de cet acide nitrique dilué, l’attaque recommence par suite du couple électrochimique fer-cuivre ainsi réalisé.

Le fer réduit la vapeur d’eau au rouge et, suivant les conditions, on obtient de l’oxyde ferreux FeO ou de l’oxyde magnétique Fe3O4. En particulier, à une température un peu inférieure à 570 °C, on observe la réaction réversible :
3 Fe + 4 H2O ⇄ Fe3O4 + 4 H2.

Une réaction analogue a lieu au rouge sur le dioxyde de carbone :
3 Fe + 4 CO2 ⇄ Fe3O4 + 4 CO,
à température inférieure à 570 °C.

Si la température dépasse 570 °C, les réactions réversibles qui se produisent sont :
Fe + CO2 ⇄ FeO + CO et 3 FeO + CO2 ⇄ Fe3O4 + CO.