Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

femelle (suite)

Actuellement, la différenciation sexuelle se conçoit ainsi : la présence chez l’embryon d’ébauches sexuelles des deux sexes traduit une bipotentialité génétique ; par la suite, l’un des sexes l’emportera. Chez les animaux dotés d’une forte détermination génétique, aucun facteur extérieur n’exerce une action ; en revanche, chez ceux où cette détermination est faible, les tendances mâles et femelles étant peu marquées, une action extérieure pourra entraîner la différenciation sexuelle vers des réalisations opposées à celles qui sont commandées par la détermination génétique initiale. Ainsi s’expliquent les inversions de sexes et les résultats des croisements entre deux femelles génétiques dont l’une s’est transformée en mâle physiologique, ou faux mâle, ou néo-mâle. Chez une poule, l’ovaire normal gauche s’était atrophié par suite de tuberculose ; la gonade droite s’était développée en testicule fonctionnel ; cette poule était donc transformée en mâle fonctionnel ; croisée avec une poule normale, elle donna une descendance composée de poules et de coqs. En effet, la poule normale possède les chromosomes sexuels ZW, et le mâle fonctionnel, qui est une poule génétique, possède également les chromosomes ZW. Le croisement ZW × ZW produit des coqs ZZ, des poules ZW et des produits WW non viables.

Les hormones sexuelles androgènes et œstrogènes sécrétées par les gonades constituent de puissants facteurs de morphogenèse. Grâce à elles, il est possible expérimentalement de modifier et d’inverser le type sexuel ; le phénotype sexuel ne correspond plus au génotype sexuel ; ainsi, on peut fabriquer de faux mâles (phénotype mâle, génotype femelle) et de fausses femelles (phénotype femelle, génotype mâle).

Tous les attributs d’un sexe, même la nature de la glande génitale, peuvent être inversés, tous, sauf la constitution héréditaire, le génotype sexuel, qui n’a pas varié ainsi que le prouve la composition des descendances des faux mâles et des fausses femelles.

A. T.

➙ Dimorphisme sexuel / Mâle / Mammifères / Œstral (cycle) / Ponte / Reproduction / Sexe / Viviparité.

 V. Dantchakoff, Déterminisme et réalisation dans le devenir du sexe (Hermann, 1935). / M. Caullery, Organisme et sexualité femelle (Doin, 1942 ; 2e éd., 1951). / E. Wolff, les Changements de sexe (Gallimard, 1946). / K. Ponse, la Différenciation du sexe et l’intersexualité chez les Vertébrés (Rougé, Lausanne, 1949). / C. Houillon, Introduction à la biologie, t. IV : Sexualité (Hermann, 1967).

femme

En dehors des caractères morphologiques des organes génitaux* externes et internes, la femme présente tout un ensemble de particularités anatomiques et physiologiques qui la différencient de l’homme.



Généralités

Elle est caractérisée par son sexe génétique, ou chromosomique, réalisé par la présence, à côté des 22 chromosomes non sexuels, ou autosomes, de 2 chromosomes sexuels, les gonosomes XX. La présence de ces deux gonosomes XX détermine une masse de chromatine autour du noyau, observable dans plus de 80 p. 100 des cellules de la muqueuse buccale, constituant le sexe chromatinien. Le sexe gonadique est défini chez elle par la présence d’ovaires (gonades femelles).

La morphologie générale de la femme est particulière, et bien mise en évidence sur un morphogramme. La stature moyenne est moindre que celle de l’homme. Le diamètre bitrochantérien (hanches) est plus grand, réalisant l’aspect « gynoïde », avec épaules étroites et bassin large. Le poids moyen du squelette est plus léger que celui de l’homme. La disposition du pannicule adipeux sous-cutané, inverse de celle de l’homme, se fait essentiellement au niveau de la région fessière, de la région sous-trochantérienne, de la face interne du genou et de la région périmammaire. La pilosité pubienne dessine un triangle à base supérieure horizontale, ne remontant pas sur la ligne médiane et n’atteignant pas, en arrière, la région anale. La pilosité axillaire est beaucoup moins fournie. La ligne d’implantation des cheveux est différente dans les deux sexes ; chez la femme cette implantation se fait suivant une insertion régulière et concave vers le bas au niveau du front. Sur la nuque, elle prend l’aspect d’un M renversé. Contrairement également à ceux de l’homme, les sourcils de la femme sont courts et à limite nette, tandis que les cils sont longs. Le larynx est peu développé, les cordes vocales sont courtes, expliquant la tonalité élevée de la voix féminine.

Sur le plan physiologique, la femme présente des phénomènes périodiques particuliers qui aboutissent à l’ovulation, puis, en l’absence de fécondation, à une hémorragie menstruelle (règles) liée à la nécrose de la muqueuse de l’utérus. Ces phénomènes sont en rapport avec des variations du taux des hormones sexuelles féminines, folliculine et progestérone, dans le sang. Ces variations sont commandées par l’hypothalamus et l’hypophyse*. Alors que, chez l’homme, l’hypothalamus induit une sécrétion permanente basale d’hormones gonadotropes par l’hypophyse, chez la femme, cette sécrétion se fait sur un mode cyclique. C’est l’aire préoptique de l’hypothalamus antérieur qui semble moduler de façon périodique la gonadotrophine L. H., laquelle permet la rupture du follicule de De Graaf et l’ovulation.

Si l’ovulation est un phénomène commun à toutes les femelles de Mammifères, avec des modalités cycliques variables, la femme est la seule, avec quelques rares femelles de Primates, à présenter le phénomène de la menstruation (l’hémorragie de la chienne, par exemple, est liée à l’ovulation et non à une menstruation). Sur le plan de la physiologie générale, la femme présente des caractéristiques différentes, minimes mais incontestables, en ce qui concerne les principales fonctions. Chez elle, le type respiratoire, par exemple, est abdominal, et le nombre moyen de mouvements respiratoires est de dix-huit par minute, tandis que la respiration est de type thoracique chez l’homme, et la moyenne des mouvements respiratoires de seize.