Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fauvisme (suite)

(Nîmes 1882 - Graveson, Bouches-du-Rhône, 1955). Après avoir fréquenté à Avignon l’école des beaux-arts, il vint à Paris continuer ses études à l’académie Julian et à l’École nationale supérieure des beaux-arts. De 1902 à 1912, il a peint, dans un style énergiquement résumé et contrasté, des scènes de la vie nocturne parisienne. Retourné dans son pays natal (1923), il y a pratiqué, sur des thèmes rustiques, un art toujours truculent quant au dessin et à la composition, plus assagi quant aux couleurs.


Othon Friesz

(Le Havre 1879 - Paris 1949). Élève de Charles Lhullier (1824-1898) et admirateur de Jongkind*, il avait eu pour camarades, à l’école des beaux-arts du Havre, Raoul Dufy et Georges Braque. Boursier à l’École nationale supérieure des beaux-arts (atelier Bonnat), il y participe dès 1898, avec Matisse et ses amis de l’atelier Gustave Moreau, aux discussions sur l’expressivité de la couleur pure. Il exposa au Salon des artistes indépendants (1903) et fit partie de la « cage aux fauves » au Salon d’automne de 1905. Il s’installa dans l’ancien couvent des Oiseaux, où Matisse habitait depuis 1905. Résistant à l’influence de son compagnon, il exécuta le Travail à l’automne (musée d’Oslo), vaste composition où se fait jour sa compréhension personnelle de l’art de peindre : « Avant de vouloir exprimer quelque idée, il faut connaître la vérité sublime de la lumière picturale. » Une lumière autre que celle des impressionnistes et qui émane de la couleur elle-même, en un certain ordre combinée. Il ajoute : « Sans elle, pas de plénitude de forme, pas d’accord possible, pas d’unité, mais un envahissement désordonné de la couleur et sa propre destruction. Cette haute conception de la lumière est le propre de l’école française [...]. » Les tableaux de Friesz sont des paysages, des figures, des portraits, des compositions aux rythmes raisonnés, aux harmonies de tons mesurées, souvent à dominantes d’ocres.


Henri Manguin

(Paris 1874 - Saint-Tropez 1949). Il fut élève de Gustave Moreau, dans l’atelier duquel il se lia avec Matisse, qui, au Salon d’automne de 1905, le fit exposer dans la fameuse « cage centrale ». Coloriste demeuré fauve, il a traité la forme sans hardiesse d’interprétation. Ses paysages, ses marines et ses figures, ses natures mortes et ses tableaux de fleurs, malgré l’ardeur de leur coloris clair, signifient surtout un paisible bonheur de vivre. À partir de 1920, Manguin a travaillé surtout à Saint-Tropez, à Cassis et à Sanary-sur-Mer.


Jean Puy

(Roanne 1876 - id. 1960). Il commença par étudier l’architecture à l’école des beaux-arts de Lyon, puis vint à Paris en 1903, où il fut élève de Jean-Paul Laurens à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Il fréquenta dans le même temps l’académie Carrière, où l’avaient précédé Matisse et Derain, aux côtés desquels il exposa au Salon d’automne de 1905. Adepte modéré de la couleur pure, il a souvent été rapproché de Bonnard* et de Vuillard pour le caractère intimiste de son art.


René Seyssaud

(Marseille 1867 - Sains-Chamas 1952). En 1892, il exposa au Salon des artistes indépendants une toile intitulée les Châtaigniers, où il avait exclusivement employé des couleurs pures, précédant ainsi, sans le savoir, Vlaminck, Matisse et leurs amis. Il avait été élève à l’école des beaux-arts de Marseille, puis à celle d’Avignon. En 1897, à Paris, une exposition particulière de ses peintures provoqua un scandale qui le fit se retirer à Saint-Chamas, où il a exécuté la presque totalité de son œuvre, fauve quant aux couleurs, à l’énergie de la facture, mais réaliste quant à la conception (paysages, scènes paysannes, figures pittoresques et portraits).


Louis Valtat

(Dieppe 1869 - Paris 1952). Il fut dès 1887 élève de Gustave Moreau à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Après avoir pratiqué l’impressionnisme, il exposa au Salon d’automne de 1905 des toiles où domine la couleur pure ; mais son rôle de précurseur apparaît avant cette date (les Porteuses d’eau à Arcachon, 1897, musée du Petit Palais, Genève). Paysagiste, il fut enthousiasmé par les roches rouges de l’Esterel ; il s’installa à Anthéor en 1899. Très variées quant aux sujets (des scènes de la vie parisienne aux natures mortes), ses œuvres sont caractérisées par la vigueur d’un coloris dont il augmentait la puissance en cernant les formes de tons sombres.


Kees Van Dongen

(Delfshaven, près de Rotterdam, 1877 - Monte-Carlo 1968). Néerlandais naturalisé français, il débuta à New York, en tant que dessinateur de journaux, sous l’influence de Toulouse-Lautrec* et de Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923). Venu à Paris, il continua à faire ce métier, collaborant notamment à l’Assiette au beurre. Peintre d’abord impressionniste, il adhéra au principe de la couleur pure après le scandale de la « cage aux fauves », dans laquelle il ne figurait pas. On a pu écrire, non sans raison, que, s’il fut un fauve pour les mondains, il fut un mondain pour les fauves. Chroniqueur de la vie parisienne et, tant à Cannes qu’à Deauville, des divers lieux de plaisir, il est également l’auteur de portraits à la fois virulents et sophistiqués (de Maurice Chevalier à Anna de Noailles), de nus, de rares natures mortes. Illustrateur de la Garçonne de Victor Margueritte, il se distingua longtemps, non sans talent, dans le rôle de peintre à la mode.

Fayolle (Émile)

Maréchal de France (Le Puy 1852 - Paris 1928).


La publication, en 1964, de son journal, secrètement rédigé pendant soixante-trois mois, a révélé la personnalité de ce général modeste et silencieux : l’histoire n’en avait, jusque-là, retenu que la régulière ascension qui fit de lui l’un des plus grands exécutants de la victoire de 1918. Sorti de Polytechnique dans l’artillerie en 1875, passé chef d’escadron vingt ans plus tard, il avait professé le cours de son arme à l’École de guerre avant de commander un régiment et d’être atteint, comme général de brigade, par la limite d’âge de son grade en mai 1914. Rappelé à la mobilisation, il est mis à la tête de la 139e brigade, puis, dès le 14 août, de la 70e division du 20e corps, avec laquelle il se distingue devant Nancy. Transféré en octobre 1914 en Artois dans le 33e corps Pétain, il s’y battra durant dix-sept mois dans la région de Carency et de Notre-Dame-de-Lorette, où il vivra toute la misère de la condition du fantassin. « Il n’y a de grand dans cette guerre, écrit-il, que le dévouement et la résistance des hommes. » Jugeant sévèrement la « superbe » des grands états-majors, il sera pourtant appelé aux plus hautes responsabilités. Le 20 juin 1915, il remplace Pétain au 33e corps, qu’il conduit lors de l’offensive du 25 septembre. Le 25 février 1916, il se voit confier par Joffre le commandement de la VIe armée, dont les 250 000 hommes sont entre Somme et Aisne aux ordres de son camarade Foch, chef du groupe d’armées du Nord. Le secteur, qui lui semble d’abord calme, deviendra, le 1er juillet, le théâtre de l’offensive de la Somme, où son armée joue un rôle déterminant. Après un court passage à la Ire armée, il est appelé, le 2 mai 1917, à succéder encore à Pétain (promu commandant en chef) à la tête du groupe d’armées du Centre, qui coiffe les fronts de Champagne et de Verdun. En novembre, Foch lui donne le commandement des divisions françaises expédiées en hâte pour soutenir le front italien, ébranlé par le désastre de Caporetto. Dès le 10 février 1918, toutefois, Fayolle est rappelé par Clemenceau pour prendre à Verberie la tête d’un groupe d’armées mis en réserve pour répondre, là où elle se produira, à l’attaque allemande attendue. C’est en 1918 que, dans des circonstances exceptionnelles, il va donner la mesure de sa personnalité de chef. Durant cette dernière campagne, en effet, constamment affronté aux directives souvent contradictoires de ses deux « patrons », Pétain et Foch, dont les tempéraments sont à l’opposé l’un de l’autre, le commandant du G. A. R. (Groupe d’armées de réserve) aura la responsabilité effective de la conduite de la bataille au point névralgique de la charnière entre les dispositifs français et anglais.