Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

familiale (politique) (suite)

Les mesures autres que les prestations familiales

Toute l’organisation de l’enseignement public et gratuit profite essentiellement aux familles chargées d’enfants ; il en est de même de la politique d’aide aux loisirs, notamment en ce qui concerne les subventions aux maisons de jeunes et de la culture, ainsi que, dans une large mesure au moins, de la politique d’aide au logement*.

Il faut énumérer encore les réductions sur les tarifs de transports, les réductions accordées en matière de droits de succession* ou de mutation à titre gratuit, les réductions en matière d’impôts personnels sur les revenus par l’intermédiaire du système du « quotient familial ». (Les familles supportant plus que les autres consommateurs les impôts de consommation, les avantages qui leur sont accordés en matière d’impôts directs paraissent légitimes, mais un nombre croissant de spécialistes fiscaux reprochent au système du quotient familial de favoriser d’une façon excessive les familles les plus riches. J. J. Dupeyroux souligne qu’un enfant de troisième rang n’entraînait en 1971 aucun avantage fiscal pour le salarié ayant gagné 10 000 F en 1970, mais donnait lieu à des réductions fiscales de 840 et 1 920 F aux salariés ayant gagné 30 000 et 100 000 F.)

Citons encore : l’exonération fiscale des prestations familiales et la prise en compte des charges familiales pour l’établissement de la contribution mobilière ; les remises sur les frais d’internat et de demi-pension dans les établissements d’enseignement public ; les majorations des prestations en espèces que la Sécurité sociale verse aux assurés chefs de famille ; la prise en considération par certains régimes d’assurance vieillesse du nombre d’enfants pour déterminer le montant de la retraite ; l’assimilation — depuis 1972 et en matière d’assurance vieillesse — à des années d’activité professionnelle des périodes pendant lesquelles une mère de famille a abandonné sa profession pour se consacrer à l’éducation de ses enfants ; les prestations d’aide* sociale à la famille et à l’enfance ainsi que les allocations militaires ; les majorations de pension pour personnes à charge ; les indemnités pour charge de famille, perçues, en sus des prestations familiales, par les agents des administrations et des grandes entreprises publiques.

R. M.

➙ Sécurité sociale / Transferts sociaux.

famille

Groupe de personnes entre lesquelles existe un lien de parenté plus ou moins étroit.


Quelle que soit la diversité de ses structures et si divers que puissent être les contenus tour à tour biologiques, psychologiques et culturels de la notion de parenté, la famille constitue toujours un groupe social particulier, irréductible aux autres types de groupements spontanés ou constitués.


De la famille traditionnelle à la famille moderne

Les relations à l’intérieur de l’unité baptisée famille tendent à être de plus en plus égalitaires, ou de moins en moins autoritaires. Une certaine démocratisation s’y fait jour, plus sensible sans doute dans les relations entre les parents et les enfants qu’entre le mari et la femme.

Si les structures de la famille moderne sont différentes de celles de la famille traditionnelle, c’est que les fonctions qu’elle assume ont changé ; ou, si l’on préfère, la fonction fondamentale, primordiale, n’est pas la même dans l’un et l’autre des deux cas.

Même si elle a abandonné au profit d’autres institutions une partie des rôles qu’elle assumait autrefois, il reste vrai que la famille contemporaine exerce, comme la famille traditionnelle, de nombreuses fonctions d’ordre biologique, économique, juridique, social.

Ce qui a changé, c’est que la fonction centrale de la famille, celle qui imprime de sa marque toutes les autres, a été longtemps la fonction patrimoniale, alors que ce n’est plus le cas aujourd’hui.

La famille traditionnelle est en effet fondée sur le patrimoine réel ou virtuel, et c’est parce que le père en est le détenteur qu’il règne en maître sur l’ensemble de la maison. Cela est vrai aussi bien de la famille rurale et de la famille noble que de la famille bourgeoise. Celle-ci repose également sur le patrimoine. Elle diffère de la famille rurale en ce sens qu’ici le patrimoine n’est pas la terre, mais l’argent ou des valeurs mobilières. De plus, dans la mesure où elle ne constitue pas une unité de production, la cohabitation des générations s’y impose moins. Mais, comme la famille rurale, elle se caractérise par la nécessité de conserver et de transmettre un bien personnel et par l’autorité du père, propriétaire de ce capital.

Ce sont au contraire les fonctions affectives et éducatives qui deviennent centrales dans la famille moderne, et ce sont elles qui impriment toutes les autres. En effet, la famille apparaît actuellement comme le lieu privilégié de l’épanouissement des personnes et se révèle comme l’agent indispensable de la socialisation, c’est-à-dire de l’éducation, de l’enfant. Elle constitue un cadre pour l’apprentissage du don, de la gratuité, au travers d’une intimité dans laquelle chacun devient plus lui-même en étant plus autre. De plus, c’est grâce à elle que l’enfant devient apte à vivre en société, c’est-à-dire qu’il acquiert les normes de pensée et de comportement qui y sont nécessaires : le langage comme condition de réflexion et la culture comme condition de réussite. Cette fonction n’est pas nouvelle, mais, dans la mesure où les relations au sein de la société urbaine sont extrêmement diversifiées et de type fonctionnel, la socialisation ne se réduit pas à une simple adaptation. Le rôle de la famille est de rendre l’enfant capable de viser au-delà des modèles culturels et d’atteindre à une authentique autonomie, à une réelle maturité affective et morale.

Si la famille est le lieu d’une intimité où chacun se personnalise davantage par le don de lui-même à l’autre, un authentique dialogue s’instaure en son sein. On comprend également qu’il est nécessaire que soit sauvegardée la volonté d’autonomie de ses membres, qui se trouvent sans cesse confrontés à la pesanteur des structures qui les lient, celles-ci ayant toujours tendance en quelque sorte à s’ossifier. On comprend enfin que l’autorité, s’il paraît indispensable qu’elle s’exerce à l’égard des jeunes enfants, doit pouvoir, au fur et à mesure que ces derniers grandissent, être contrôlée et contestée.