Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

faisceaux hertziens (procédé de transmission par) (suite)

L’onde électromagnétique qui se propage n’est pas véritablement en elle-même une information, mais bien plutôt le porteur d’information. À cet effet, on modifie au départ les caractéristiques de l’onde radio-électrique en agissant suivant un programme donné — qui est précisément l’information à transmettre — soit sur son amplitude, soit sur sa fréquence ou sa phase. Une telle opération s’appelle modulation. La démodulation est l’opération d’extraction de l’information à l’arrivée. En même temps qu’elle se propage, l’onde véhicule ses propres modifications, d’où transport d’information. Les faisceaux hertziens peuvent ainsi transmettre de point en point des informations de nature très variée et de volume important, telles que :
— des informations téléphoniques, jusqu’à 2 700 circuits simultanément sur la même fréquence porteuse ;
— des informations de télévision : tous les standards existants et télévision en couleurs ;
— des informations codées (télégraphe, télex, signaux, radar, etc.).

Toutefois, suivant les types d’équipement, des limitations apparaissent ; aussi existe-t-il de nombreux matériels adaptables aux différents besoins, depuis le faisceau hertzien à 1 circuit jusqu’aux faisceaux de grosse capacité (plusieurs canaux de 2 700 circuits simultanés chacun sur la même artère).

Des dispositifs techniques appropriés permettent d’assurer des commutations automatiques et une surveillance des relais à distance, libérant ainsi le personnel d’entretien et de contrôle de l’astreinte à résidence dans les relais intermédiaires.

Un domaine récent d’utilisation des faisceaux hertziens apparaît avec la mise en service de satellites terrestres pour assurer les relations intercontinentales et avec les différents programmes de recherche astronautique. Les satellites et les véhicules spatiaux s’y comportent comme des relais. Dans l’espace cosmique, l’absence d’atmosphère, donc d’absorption, rend possible l’utilisation d’ondes électromagnétiques de longueurs millimétriques et micrométriques, et autorise ainsi la mise en œuvre de systèmes rayonnants à très grand gain. Un émetteur laser travaillant sur 0,5 μ de longueur d’onde permet en effet d’obtenir des faisceaux concentrés dans un angle de quelques minutes.

G. D.

➙ Satellite de télécommunication / Télécommunications.

Falconet (Étienne Maurice)

Sculpteur français (Paris 1716 - id. 1791).


Issu d’une famille modeste d’artisans parisiens, Étienne Maurice Falconet entra en 1734 dans l’atelier de Jean-Baptiste II Lemoyne*. Agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1744, il présenta en 1754 comme morceau de réception le marbre du Milon de Crotone (Louvre) dont il avait exposé un modèle en plâtre au Salon de 1745. Logé au Louvre en 1755, il bénéficia de la protection de la marquise de Pompadour, pour laquelle il avait exécuté en 1751 une Allégorie de la Musique (Louvre) et qui, en 1757, le mit à la tête de l’atelier de modelage de la manufacture de Sèvres. En 1766, il partit pour la Russie, répondant aux offres de Catherine II, qui, à l’instigation de Diderot, lui demandait de réaliser la statue équestre de Pierre le Grand ; il connut une période de grande faveur, puis tomba dans une semi-disgrâce et quitta Saint-Pétersbourg en 1778. Après un séjour en Hollande, il regagna la France vers 1781 et, deux ans plus tard, fut frappé d’hémiplégie.

L’œuvre de Falconet est placée sous le signe du paradoxe. « Sculpteur des grâces » et célèbre par la joliesse de ses figures féminines, il a exécuté l’œuvre la plus majestueuse du xviiie s. : la statue équestre de Pierre le Grand. Tenant de l’art rocaille par sa formation, grand admirateur du baroque italien, contempteur de l’art antique, il n’en préfigure pas moins dans des œuvres comme l’Allégorie de l’Hiver (1771, Leningrad, musée de l’Ermitage) le « retour à l’antique » de la fin du siècle. Pratiquement sans instruction, il fut pourtant le plus intellectuel des sculpteurs français de son temps, et ses écrits sur l’art remplissent six volumes. Par un dernier paradoxe, Falconet, qui faisait de l’observation et du rendu exact de la nature la qualité majeure de l’artiste, n’a laissé qu’un petit nombre de portraits (bustes du médecin Camille Falconet, musées de Lyon, 1747, et d’Angers, 1760).

L’importance de Falconet tient en grande partie au rôle qu’il joua à la manufacture de Sèvres*. Les marbres délicatement sculptés qui lui apportèrent tant de gloire au Salon (la Baigneuse et l’Amour menaçant, 1757, Louvre ; Pygmalion et Galatée, 1763) y furent transposés en biscuit et, par ce moyen, vulgarisés dans toute l’Europe. Mais l’artiste donna aussi des modèles spécialement conçus pour la porcelaine, en s’inspirant parfois des créations de Boucher* : la Joueuse de guitare, le Montreur de lanterne magique, la Feuille à l’envers, la Pêche et la Chasse, etc. Ces œuvres d’un charme un peu superficiel, mais modelées avec beaucoup de délicatesse et d’esprit, marquèrent pour de longues années la production de Sèvres ; elles furent imitées, voire pastichées, par de nombreux artistes.

Falconet n’eut pratiquement pas de disciples ; Marie-Anne Collot (1748-1821), qui l’accompagna en Russie et devint plus tard sa belle-fille, fut plus une amie et une collaboratrice qu’une élève. Son œuvre de théoricien est par contre importante (Réflexions sur la sculpture, 1761 ; articles Sculpture et Relief pour l’Encyclopédie). Mais la violence avec laquelle cet autodidacte attaquait les modèles les plus révérés de l’Antiquité (Observations sur la statue de Marc-Aurèle, 1771) ou l’autorité de Pline l’Ancien (Notes sur les trois livres de Pline l’Ancien) lui valurent beaucoup d’ennemis, en dépit de l’amitié que lui portait Diderot. Encore le caractère difficile du sculpteur, aigri par les difficultés rencontrées à la cour de Russie, s’accordait-il mal avec l’enthousiasme de l’écrivain ; en 1773, Falconet rompit définitivement avec Diderot ; leur correspondance, en grande partie conservée, est une source capitale pour l’histoire de l’art du xviiie s.

J.-R. G.

 L. Réau, Étienne-Maurice Falconet (Demotte, 1922 ; 2 vol.). / F. Vallon, Falconet (Impr. réunies, Senlis, 1927). / J. Seznec, « Falconet, Diderot et le bas-relief », dans Walter Friedländer zum 90. Geburgstag. Eine Festgabe (Berlin, 1965).