Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allemande (République démocratique) (suite)

Les forces armées


Le réarmement de l’Allemagne démocratique

Amorcé discrètement dès 1946 sous contrôle soviétique, momentanément ralenti après les troubles de juin 1953, il fut repris en 1954 malgré une certaine réticence de la population et poursuivi méthodiquement, notamment depuis l’intégration, en 1956, de la R. D. A. dans le système défensif du pacte de Varsovie*. Désormais, l’Allemagne de l’Est dispose d’une armée nationale populaire, organisée sur le modèle soviétique, bien équipée, bien entraînée et complétée par diverses organisations paramilitaires. Au sommet, le Conseil de défense nationale, créé en 1960, est chargé « d’organiser et d’assurer la protection de l’État ». Le service militaire de dix-huit mois a été rendu obligatoire en 1962, mais les objecteurs de conscience peuvent être incorporés dans des unités non armées.

Le contrôle du parti (SED) sur les forces armées et paramilitaires est assuré par une Direction politique, représentée à tous les échelons.

Les activités relatives à la préparation militaire sont confiées à l’Association Sport et Technique qui s’adresse aux jeunes gens et jeunes filles de plus de quatorze ans, et dont les effectifs atteignaient environ 450 000 en 1967.


L’armée nationale populaire

• Les forces terrestres. Le corps de bataille (90 000 hommes en 1972) comprend 4 divisions motorisées, 2 divisions blindées et des réserves générales articulées en 2 armées, adaptées chacune à une région militaire territoriale. Le matériel, soviétique ou fabriqué sous licence, est moderne et comprend des missiles sol-sol et sol-air, dont les ogives atomiques restent sous contrôle soviétique.

À ces unités, il convient d’ajouter les 47 000 hommes du commandement des frontières, répartis en 9 brigades, dont 2 à Berlin. En outre, des groupes de combat, sorte de milice de défense en surface, sont constitués aux niveaux usine, canton et arrondissement. Contrôlés étroitement par le parti, ces Kampfgruppen atteindraient un effectif global d’environ 250 000 hommes.

• Les forces maritimes. Elles comprennent 3 flottilles de combat, 1 brigade côtière et 2 sites de missiles de défense côtière. On estime qu’en 1972 la marine de guerre de la R. D. A. avec un effectif d’environ 16 000 hommes, armait une soixantaine d’escorteurs et de dragueurs, quelques vedettes lance-torpilles, ainsi que des bâtiments amphibies et quelques hélicoptères, dont certains anti-sous-marins.

• Les forces aériennes. Elles ont essentiellement une mission de défense aérienne intégrée au dispositif soviétique. Leur matériel, d’origine russe, est moderne. Articulées en 2 divisions, elles comprennent au total près de 700 appareils, dont environ 300 chasseurs et une vingtaine d’avions de transport. Elles disposent aussi de 2 régiments de radars et de 5 régiments de missiles sol-air (environ 120 rampes). L’ensemble de ces moyens, stationné en majorité dans la partie est du territoire, est servi par environ 30 000 hommes. Le personnel est instruit en Allemagne et, pour certains spécialistes, en U. R. S. S.

B. de B.

allergie

État d’un individu qui, sensibilisé à une substance, y réagit ultérieurement de façon exagérée.


Théoriquement, l’allergie se définit comme le fait singulier qu’un organisme ayant été mis en contact avec une substance quelconque réagit secondairement à celle-ci de façon différente. En fait, créé en 1906 par l’Autrichien Clemens von Pirquet à propos de la différence observée entre les modes de réaction à la tuberculine de sujets ayant contracté la tuberculose, d’une part, et de sujets indemnes de tout antécédent tuberculeux, le terme d’allergie s’applique actuellement aussi aux états d’hypersensibilité.


Quelques étapes historiques et quelques données fondamentales

Une expérience mémorable (1901) est à la base de cette notion : celle de Charles Richet et de Paul Portier, qui, au large des îles du Cap-Vert, à bord du bateau-laboratoire du prince de Monaco, étudièrent sur divers animaux les effets toxiques d’une substance à pouvoir urticariant contenue dans les Physalies. Leurs essais ayant été probants, ils les reprirent à Paris, avec des Actinies, sur des chiens qu’ils eurent l’idée de vouloir immuniser. Le chien Neptune, vingt-deux jours après avoir subi une injection (préparante) de toxine, reçut une nouvelle injection (déchaînante). Au lieu de la résistance attendue, ce fut la mort foudroyante de l’animal. Le phénomène, « entièrement nouveau et paradoxal », fut appelé anaphylaxie. Rapportées pour la première fois le 25 février 1902 devant la Société de biologie, ces expériences suscitèrent de nombreux travaux, qui établirent notamment les faits suivants : la sensibilisation, comme l’immunité, peut être transmise passivement par l’injection à un animal neuf du sérum d’un animal sensibilisé (anaphylaxie passive) ; l’administration sous-cutanée tous les six jours de sérum de cheval au lapin détermine chez celui-ci une induration locale suivie de gangrène (anaphylaxie locale, encore appelée phénomène d’Arthus) ; les symptômes de l’anaphylaxie sont identiques pour une même espèce, quelle que soit la substance introduite, et différents pour chaque espèce, la plupart des espèces animales étant d’ailleurs réceptives ; enfin, un état réfractaire existe pendant trois à sept jours chez des animaux ayant survécu à un choc anaphylactique, et une immunisation rapide peut être obtenue grâce à l’injection d’une dose non mortelle précédant de quelques minutes celle d’une dose mortelle (méthode dérivée de la technique de désensibilisation de Besredka, introduite en 1907). Le terme d’allergie s’est rapidement substitué, surtout dans le domaine clinique, à celui d’anaphylaxie. Ainsi est née l’allergologie, étude des maladies par sensibilisation. Cette science médicale est liée à une autre branche de la médecine moderne, l’immunologie ; toutes deux traitent des manifestations dues à la formation de complexes antigènes-anticorps. (V. immunologie.)