Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allemande (République démocratique) (suite)

Les symboles de cette expansion commerciale sont représentés par la marine marchande et la foire de Leipzig. Celle-ci, de renommée internationale, attire plus de 10 000 exposants, dont 6 000 étrangers, en mars, pour les biens d’équipement, et 6 000 exposants, dont plus de 2 000 étrangers, en septembre, pour les biens de consommation. Privée du grand port de Szczecin, devenu polonais, la R. D. A. a équipé de toutes pièces les vieux ports hanséatiques qui déclinaient avant la guerre : Rostock, avec son avant-port de Warnemünde, est devenu la « Porte de la Baltique » ; Wismar et Stralsund sont spécialisés dans la construction navale et la pêche. La R. D. A. livre des cargos à l’U. R. S. S. Elle a réussi à créer sa propre marine marchande à partir de quelques cargos. Environ 150 navires d’une capacité de 990 000 t assurent plus de la moitié du trafic maritime.


Les problèmes

Dans la perspective d’une reconnaissance générale du régime et de l’État ou d’une réunification de l’Allemagne, les atouts de la R. D. A. apparaissent plus minces que ne le laissent entrevoir les données statistiques.

En effet, bien que spectaculaire, la croissance de l’économie n’a rien d’exceptionnel dans la période contemporaine, et ses irrégularités laissent craindre un ralentissement sensible. On considère que le revenu national s’est accru d’un peu plus de 11 p. 100 de 1951 à 1955, période qui marque un véritable décollage d’une économie restaurée ; mais, de 1956 à 1960, ce taux s’est abaissé à 7 p. 100. La crise du plan septennal s’est manifestée par un fléchissement marqué : 3,4 p. 100 de 1961 à 1965, 5 p. 100 environ depuis. Ce plan, qui s’est achevé en 1970, prévoyait un taux de 6 à 7 p. 100, mais ce taux n’a pas été atteint, malgré une croissance de la productivité s’élevant aux environs de 5 p. 100, ce qui est très inférieur aux taux de croissance annuels des pays en voie de développement rapide, comme le Japon, et peu supérieur au taux de la voisine et rivale, la République fédérale, dont le niveau de départ en 1945 était beaucoup plus élevé. Si l’on compare les investissements par habitant, on constate que la R. F. A. garde un avantage considérable : de 1956 à 1966, ils sont passés de 465 à 1 105 DM en R. D. A. et de 930 à 2 060 DM en R. F. A.

La production souffre d’un grave déséquilibre et de goulets d’étranglement résultant du déficit énergétique. L’ère du lignite sera bientôt dépassée, et, malgré les prospections de gaz naturel dans la région des croupes baltiques, c’est de l’U. R. S. S. seule que la R. D. A. doit attendre son approvisionnement jusqu’à la relève de l’énergie nucléaire. Or, la capacité de l’oléoduc de l’Amitié, portée à plus de 10 Mt, ne peut être sensiblement accrue : il faut attendre l’arrivée problématique du gaz des gisements récemment découverts en Russie d’Europe. On aboutit à ce résultat paradoxal que l’un des premiers producteurs énergétiques par tête d’habitant assure cette production dans des conditions de rentabilité douteuses et souffre, lors des hivers rigoureux, d’une véritable pénurie : ainsi, des restrictions durent être imposées en matière de chauffage et d’électricité aux habitants de Berlin-Est au cours de l’hiver 1969-70 à la suite d’une rupture de la canalisation de gaz venant de Schwarze Pumpe. Même en période normale, les « arrêts techniques » ou imposés dans la distribution de l’électricité sont encore fréquents. Les chiffres de production dissimulent également le retard de la consommation sur les pays développés. En quantité, la consommation alimentaire par habitant est inférieure à celle de l’Allemagne fédérale. En qualité, elle est médiocre : la nourriture quotidienne se compose de pain, de pommes de terre et de graines ; les légumes, les fruits, les produits tropicaux font souvent défaut. La R. D. A. n’occupe qu’un rang modeste en Europe dans le domaine du logement (en R. F. A., un logement sur deux a été construit depuis la guerre ; en R. D. A., un sur sept seulement). Le taux de motorisation compte parmi les plus faibles : une voiture pour une vingtaine d’habitants. L’équipement touristique dans les montagnes hercyniennes ou sur le littoral baltique a fait des progrès sous la forme d’implantation de terrains de camping. Un million d’Allemands de l’Est se rendent chaque année dans les pays socialistes du Sud-Est, qui offrent les plages de l’Adriatique ou de la mer Noire, mais le mouvement touristique global reste modeste, les voyages en Occident sont rares, et seulement 50 000 Occidentaux, surtout des Scandinaves, viennent apporter des devises fortes au pays, qui dispose donc de fort peu de ressources invisibles.

Ainsi, par ses processus de fabrication, par ses coûts de production, par les faiblesses de la distribution, l’économie de la R. D. A. conserve des caractères d’autarcie et d’archaïsme : on mesure par là les obstacles qui s’élèvent dans l’hypothèse d’une coopération au sein d’une Allemagne unie et de l’Europe.

A. B.


Les institutions


Les institutions politiques

La République démocratique allemande est un « État socialiste de nation allemande », organisé conformément aux règles du centralisme démocratique par la Constitution du 8 avril 1968, substituée à celle du 7 octobre 1949.

« Organe suprême du pouvoir d’État réalisant l’unité de la décision et de l’exécution », la Chambre du peuple (Volkskammer) comprend cinq cents députés élus pour quatre ans au suffrage universel direct. Elle adopte les lois, vote le budget et le plan, décide de l’organisation des référendums et, aux deux tiers des voix, des modifications de la Constitution. Elle est seule compétente pour prononcer sa propre dissolution. Les députés jouissent de l’immunité parlementaire, mais peuvent être révoqués par les électeurs en cas de manquement grave à leurs devoirs. Les projets de loi d’importance fondamentale sont présentés, avant adoption, à la délibération populaire.