Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Europe (suite)

L’Organisation de coopération et de développement économiques (O. C. D. E.), dont la plupart des institutions siègent à Paris, est issue de l’O. E. C. E. (Organisation européenne de coopération économique), qui s’est élargie en admettant, parmi ses vingt-trois membres, les États-Unis, le Canada et le Japon. Elle groupe tous les États européens d’économie libérale, avec la Turquie et l’Islande, à l’exception de Malte et de la Finlande ; un État d’économie socialiste est observateur, la Yougoslavie.

La Communauté économique européenne (C. E. E.), ou Marché commun, était initialement composée seulement de six États, d’où son nom des « Six » ou de « petite Europe » : République fédérale d’Allemagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg ; la Grèce et la Turquie y étant associées. Des accords ont été conclus entre les Six et dix-huit États africains et malgache ainsi que la Communauté d’Afrique orientale. En 1973, trois nouveaux États (Grande-Bretagne, Irlande et Danemark) ont porté à neuf le nombre des membres de la Communauté.

Le premier but de la C. E. E. a été de créer un marché commun des produits agricoles et industriels, par l’abolition de droits de douane entre les États qui la composent et l’instauration de tarifs extérieurs communs à l’égard des pays tiers. Elle est ainsi devenue le premier importateur et le premier exportateur du monde, et ses échanges extérieurs ont triplé en valeur depuis 1958. La C. E. C. A. (Communauté européenne du charbon et de l’acier), ancêtre de la C. E. E., qui l’a finalement absorbée, a organisé la libre circulation du charbon, du minerai de fer et des produits sidérurgiques entre ses membres. Certains de ses organismes sont dotés de pouvoirs supranationaux. Elle a permis, avec un succès au moins temporaire, la coordination des échanges et des productions entre les États, dont les uns étaient excédentaires en minerai de fer (la France), les autres en charbon (l’Allemagne occidentale). Elle a réalisé des actions communes : canalisation de la Moselle, reconversion des houillères non rentables.

Enfin, l’Euratom (organisme créé à l’intérieur de la C. E. E.), comme son nom l’indique, s’est donné pour but la mise en commun des recherches atomiques et la libre circulation des matériaux et des équipements. Il coopère avec une autre organisation créée par l’O. C. D. E., l’Agence européenne de l’énergie nucléaire.

L’Association européenne de libre-échange ou A. E. L. E. (siège à Genève) a groupé (jusqu’en 1972) le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, la Suède, le Portugal, la Suisse, l’Autriche et l’Islande (depuis 1970) ; la Finlande ayant un statut de membre associé. L’A. E. L. E. a obtenu des résultats moins spectaculaires que la C. E. E.

En face, les États socialistes ont été regroupés avec l’U. R. S. S. dans le Comecon*, comprenant des États asiatiques (la Mongolie), mais qui a été abandonné par l’Albanie en 1961, et au sein duquel la Yougoslavie a un titre d’observateur dans quelques commissions.

Ainsi, l’Europe géographique enregistre les divisions majeures du monde contemporain et forme deux blocs économiques et politiques séparés par ce qu’on a longtemps appelé le rideau de fer. Les exemples de coopération entre ce qu’on peut appeler Europe occidentale et Europe orientale restent assez rares : le problème de la réunification de l’Allemagne bloque toute tentative globale de négociation. L’Allemagne fédérale s’est assuré comme avant la guerre, mais dans de moindres proportions, un marché dans les pays danubiens. La Commission internationale du Danube, qui siège à Budapest, coordonne les activités de la navigation entre Allemagne occidentale et Autriche, d’une part, et les États socialistes du Danube moyen et inférieur, d’autre part. On envisage l’arrivée de gazoducs soviétiques en Allemagne, en Autriche et en Italie. Des firmes occidentales s’associent pour la réalisation de gros équipements en Union soviétique et en Europe centrale et orientale (combinats sidérurgiques, usines d’engrais, d’automobiles). La Yougoslavie entretient des rapports commerciaux accrus avec l’Europe occidentale et souhaiterait s’associer au Marché commun sous une forme qui reste à déterminer. Mais les échanges économiques et culturels entre les deux Europes restent bien en deçà de ce qu’exigeraient la géographie et l’histoire. L’unification de la majeure partie des États d’Europe occidentale reste le facteur de puissance européenne le plus efficace. L’examen des productions montre qu’elle peut rivaliser avec l’U. R. S. S., les États-Unis et le Japon.


L’Europe, puissance économique

S’il est assez facile de définir par des traits généraux et communs une Europe géographique, il est, en revanche, difficile, sans intérêt, et, à la limite, absurde de garder le même cadre pour la définir sur le plan économique. La partie européenne de l’U. R. S. S. assure selon les branches de la production entre la moitié et les quatre cinquièmes de la production globale de l’Union. Mais les statistiques soviétiques ne présentent pas toujours les bilans respectifs de la partie européenne (« régions occidentales », moins la Transcaucasie), et l’ensemble soviétique forme un tout économique où les liaisons et les flux entre l’Ouest et l’Asie tissent un réseau extrêmement dense. Dans les annuaires internationaux, l’U. R. S. S. est présentée comme un bloc, comparable aux États-Unis ou à l’Asie non soviétique. Dans ces conditions, il est plus sage de comptabiliser les productions des États de l’Europe non soviétique. Là encore, on doit remarquer que les États faisant partie du Comecon ont des relations si étroites avec la grande voisine (les trois quarts au moins de leur commerce extérieur se font avec l’U. R. S. S.) que les statistiques de production doivent être présentées avec celles de l’Union, d’autant plus que, dans la plupart des secteurs, l’ensemble de la production des pays socialistes européens ne représente qu’un pourcentage assez faible de la production totale du bloc socialiste. On peut donc présenter des tableaux où figurent l’Europe des Neuf, les États du Comecon, les autres pays jouant un rôle généralement secondaire (principalement Espagne, Suède, Suisse et Autriche, Grèce, Yougoslavie), de façon à mettre en évidence le rôle joué par les grandes unions économiques, tout en faisant apparaître la place de l’Europe dans la production mondiale.