Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

étude (suite)

La recherche sonore

L’étude répond également au désir qu’éprouve le compositeur d’utiliser toutes les ressources d’un instrument, celles des timbres de l’orchestre ou des voix, et du matériau sonore en général. C’est, par exemple, chez les musiciens romantiques l’amour de la « belle sonorité ». Debussy recherche le raffinement sonore, tandis que Stravinski exploite le côté percutant du piano. Enfin, la musique concrète ou électronique comporte un nombre important d’études qui ont pour but d’approfondir la connaissance du matériau musical.

A. Z.

 A. Coeuroy, la Musique et ses formes (Denoël, 1951). / A. Hodeir, les Formes de la musique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951 ; 5e éd., 1969). / M. Pincherle, Petit Lexique des termes musicaux (Soc. fr. de diffusion musicale et artistique, 1953).

étudiants

Personnes qui suivent les cours d’une université ou d’un établissement d’enseignement supérieur spécialisé.


La catégorie sociale des étudiants comme les phénomènes sociaux auxquels ils sont associés (les mouvements étudiants) datent essentiellement du xixe s. En effet, si l’on excepte les enseignements de droit, de médecine et de théologie, il n’existe guère d’enseignement supérieur avant le xixe s. C’est la Révolution française et la réorganisation générale qu’elle entraîna dans la plupart des pays d’Europe qui généralisèrent l’enseignement supérieur à un ensemble de disciplines beaucoup plus large, comportant aussi les disciplines littéraires et scientifiques.

Les mouvements étudiants sont aussi anciens que l’enseignement supérieur lui-même. Les étudiants italiens et allemands jouèrent un rôle important dans les mouvements nationalistes provoqués par les guerres de la Révolution et de l’Empire. On les retrouve présents dans toutes les grandes secousses européennes du xixe s., en 1830 comme en 1848. L’Éducation sentimentale de Flaubert décrit le rôle joué par les étudiants pendant la révolution française de 1848. On y voit les étudiants construire les barricades au Quartier latin, incendier le commissariat de police du Panthéon, pactiser avec la République.

Les étudiants participent activement aux mouvements politiques russes du début du xxe s. En Allemagne, en Italie, la jeunesse en général et les étudiants en particulier sont associés à l’histoire du fascisme. L’hymne fasciste italien est intitulé Giovinezza. En Allemagne, des mouvements de jeunesse importants se développent dès la fin du xixe s. C’est d’abord la Wandervogelbewegung, fondée en 1896 (son nom date de 1901) et dont le programme consistait surtout à organiser des promenades en vue de la découverte de la nature, à redécouvrir la musique et les danses populaires. Ce mouvement se voulait apolitique : pourtant, les randonnées massives des jeunes Allemands correspondaient certainement à une protestation de la jeunesse contre la société et la morale wilhelmienne. Plus tard, avec la république de Weimar, avec la tentative avortée de révolution communiste après la Première Guerre mondiale et avec la montée du nazisme, les mouvements déjeunes se politisèrent. La Wandervogelbewegung fut dissoute en 1933.

Les mouvements latino-américains présentent une particularité. Dès la première vague d’agitation (Córdoba, 1918), la contestation politique en Argentine fut à peu près constamment mêlée à une contestation universitaire. La réforme de Córdoba (1918) assura aux étudiants un certain poids dans la gestion des affaires universitaires. En même temps, les étudiants se mirent à jouer un rôle politique dans l’histoire des pays d’Amérique latine, d’autant plus que leur nombre devint de plus en plus important.

Tout de suite après la Seconde Guerre mondiale, on retrouve les étudiants de nouveau associés aux grands mouvements politiques de l’époque. En France, les manifestations étudiantes accompagnent la crise de décolonisation et se prolongent pendant tout le temps que dure la guerre d’Indochine, puis la guerre d’Algérie.

Tous les grands événements du xixe et du xxe s. avaient donc été accompagnés — rarement provoqués — par des mouvements étudiants : mouvements nationalistes consécutifs aux conquêtes de la Révolution française, à la révolution politique et sociale de 1830 et à la révolution de 1848, à la montée du fascisme, à la crise de la décolonisation. Là où l’instabilité politique était chronique, comme en Amérique latine, les mouvements étudiants étaient pratiquement ininterrompus.

Ce qui a frappé les observateurs dans la grande vague d’agitation étudiante qui s’est développée à partir de 1960, c’est que les causes politiques n’étaient pas, cette fois, évidentes. Certes, les États-Unis étaient engagés militairement au Viêt-nam lorsque l’agitation se déclencha sur le campus de Berkeley (1964, Free Speech Movement), mais les thèmes de l’agitation dépassaient de beaucoup la seule question du Viêt-nam : il s’agissait plutôt d’une contestation générale de la société, de sa morale, de sa politique. Le colonialisme était considéré plutôt comme un symptôme du mal que comme le mal lui-même. L’agitation allemande, qui avait commencé autrement, prit le même tour. La Freie Universität de Berlin fut créée à l’origine pour faire pièce à l’ancienne université Humboldt, qui se trouva en secteur soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Dès le début de son existence, la Freie Universität présenta deux caractères : d’une part, un degré de participation des étudiants à sa gestion beaucoup plus grand que dans les autres universités allemandes ; d’autre part, et cela était une conséquence de sa situation, une politisation beaucoup plus marquée que celle des universités ouest-allemandes. Cette politisation fut, pendant quelques années, orientée vers la droite et, en tout cas, vers une contestation du communisme stalinien pour s’orienter ensuite peu à peu vers la gauche après le dégel qui suivit le XXe Congrès du parti communiste de l’U. R. S. S. Postérieurement aux événements de Berkeley, l’agitation étudiante déborda l’université libre de Berlin pour s’étendre à plusieurs universités d’Allemagne occidentale. Elle présenta les mêmes caractères que les mouvements américains : contestation globale de la société plutôt qu’engagement sur un programme politique circonscrit ; opposition à la société des adultes plutôt qu’engagement dans la société des adultes aux côtés de telle faction contre telle autre. Cette dernière caractéristique permet de distinguer nettement les mouvements étudiants des années 60 des mouvements précédents. Auparavant, les étudiants prenaient fait et cause pour ou contre les thèmes politiques généraux créés dans la société globale (nationalisme, décolonisation, etc.). Ils s’alliaient avec tel parti politique contre tel autre. Après 1960, les mouvements étudiants se caractérisent au contraire par un rejet des formations politiques traditionnelles et par un effort de création de forces politiques autonomes (la nouvelle gauche).