Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

La qualité de l’environnement (amenities) est sans doute le principal facteur de localisation industrielle aujourd’hui. On entend par là et l’agrément du cadre physique (climat, sites, ressources récréatives et touristiques) et les avantages du milieu humain (logement, ressources éducatives, taux d’imposition, pollution faible ou nulle). Ce facteur a joué surtout en faveur du Sud-Ouest et de l’Ouest (Denver, Salt Lake City, Seattle, villes de Californie, d’Arizona, de l’ouest du Texas).


Principales branches industrielles

• La métallurgie et les industries utilisatrices de métaux forment le groupe le plus important par le personnel employé (47,2 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle) et par la valeur de la production (45,7 p. 100 de la valeur ajoutée par l’ensemble des industries de transformation).

Les États-Unis possèdent 232 hauts fourneaux, dont 164 seulement en activité (diminution importante par rapport à la période 1955-1960), qui produisent 78 Mt. Des aciéries sortent 151 Mt (40 par les techniques traditionnelles ; 28, des fours électriques ; 83 par réduction directe).

Les premières usines sidérurgiques se sont fixées dans les bassins houillers de Pennsylvanie. Le minerai venait du lac Supérieur par eau, puis par rail. Un trafic de charbon de Pennsylvanie et de Virginie-Occidentale s’établit vers 1870-1880 en sens inverse du courant de minerai, constituant un fret de retour pour les cargos des Lacs et les trains. Tout point de cette route entre Duluth et Pittsburgh pouvait ainsi devenir un centre sidérurgique. Ce fut le cas de Wheeling, Canton, Youngstown, Detroit, des ports de transbordement du fer et du charbon (Cleveland, Toledo), de Duluth même, des ports du lac Michigan. Ces installations obéissaient aux conditions traditionnelles de localisation indiquées plus haut : proximité du charbon ou bien accès au charbon et au minerai grâce à un bon réseau de transport, prix imposés aux concurrents (Pittsburgh plus), réserve de main-d’œuvre et marché de consommation créés par la concentration des industries de toutes sortes et de la population.

La région des Grands Lacs et l’ouest de la Pennsylvanie constituent encore le plus imposant ensemble sidérurgique : plus des deux tiers de la fonte et de l’acier. Si la Pennsylvanie tient toujours la tête par un effet d’inertie dû au coût des investissements, on assiste aussi à un déplacement de la sidérurgie vers le lac Érié et surtout le lac Michigan : la production est en lent déclin depuis 1955 en Pennsylvanie ; celle de l’Ohio, après un progrès rapide, est stable depuis 1955, tandis que l’Indiana (Gary) poursuit sa progression (deux fois plus de fonte et acier qu’en 1955). Un autre foyer traditionnel est celui de l’Alabama (Birmingham), qui dispose à la fois du charbon et du minerai ; sa production est limitée par l’U. S. Steel, dont les activités sont à Pittsburgh, Chicago, Gary, Morrisville (côte atlantique). Les deux tiers du coke métallurgique sont produits par la Pennsylvanie (un tiers), l’Indiana, l’Ohio, l’Alabama.

La côte atlantique moyenne possède des hauts fourneaux et aciéries dont la production s’est accrue rapidement entre 1945 et 1965, irrégulièrement ensuite. Le charbon (ou le coke) vient des Appalaches (par Norfolk et Newport News). Le minerai de fer est importé du Labrador et du Venezuela. Cette sidérurgie littorale bénéficie aussi de la proximité du marché constitué par les industries utilisatrices de métaux du sud de la Nouvelle-Angleterre et des agglomérations de New York, du New Jersey, de Philadelphie, de Baltimore.

À l’exception de Pueblo (Colorado), les centres sidérurgiques du Texas, de l’Ouest intérieur et de la côte pacifique sont récents, comme l’augmentation de population de ces régions. On peut citer Houston, Los Angeles, Fontana (Californie), Oakland, Seattle, Geneva (Utah). Comme il n’y a que de petits gisements de fer dans l’Utah (Cedar City), le Colorado et la Californie, on doit importer du minerai d’Amérique latine. Le charbon à coke vient de l’Utah.

L’augmentation importante de la production sidérurgique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale fut suivie d’un ralentissement, puis d’une récession en 1958-59, d’un maximum en 1965, enfin d’une diminution générale. Ces fluctuations traduisent avec une plus grande rigidité celles de la demande. Si la consommation d’acier de certains secteurs (matériel ferroviaire, chantiers navals, aéronautique, containers, armement) est en léger accroissement, celle des industries de l’auto, des machines agricoles, des appareils ménagers, des conduites de gaz et de pétrole, de la quincaillerie lourde varie au gré de la conjoncture. Aussi les exportations sont-elles indispensables pour compenser ces variations : 3 à 4 Mt par an jusqu’en 1955, 6 à 12 Mt depuis cette date.

L’épuisement progressif des riches gisements de minerai du lac Supérieur pose le problème des approvisionnements en fer. On enrichit déjà sur place les minerais à basse teneur ; le transport est plus avantageux et l’emploi des concentrés améliore le rendement des hauts fourneaux. On a recours aussi aux importations, surtout de minerai canadien ; l’extraction, financée par les sidérurgistes américains, échappe aux incertitudes politiques qui menacent l’exploitation des mines d’Amérique latine, également dominées par le capital américain. Les usines sidérurgiques de l’Ouest intérieur (Pueblo, Geneva) et même de Californie utilisent de plus en plus des ferrailles (carcasses d’autos), usage qui se répand aussi dans les aciéries de l’Est (6 841 000 véhicules à la casse en 1965 aux États-Unis).

Les États-Unis possèdent la plus importante métallurgie des métaux non ferreux, en valeur, en quantité et en diversité. Mentionnons seulement l’aluminium et le cuivre. La bauxite des États du Sud est traitée sur place ; celle de la Jamaïque et du Surinam, dans les ports importateurs de la côte du Golfe (la capacité de production d’alumine aux États-Unis est comprise entre le tiers et le quart de celle du monde entier). L’alumine est envoyée dans les régions riches en électricité, Nord-Ouest (Spokane, Portland), bassin du Tennessee (Tennessee Valley Authority), Saint-Laurent (Massena). Les concentrés de cuivre, américains (États de l’Ouest) ou importés (Canada, Chili), d’abord traités près des lieux d’extraction (Anaconda, Salt Lake City, Phoenix) ou d’importation par mer (Seattle), sont expédiés vers les usines de seconde fusion (sud de la Nouvelle-Angleterre, zone industrielle entre New York et Baltimore, couronne de Chicago, Californie).