Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

Mobilité et migrations ont donc pour effet de modifier sans cesse la composition ethnique régionale ou locale. Elles entraînent aussi le déplacement du centre de gravité du peuplement : depuis 1940, sa trajectoire s’infléchit vers le sud-ouest, il sera bientôt sur le Mississippi au sud de Saint Louis. Ces migrations remettent encore en cause la liste des États les plus peuplés ; cette liste comprend aujourd’hui trois États du Sud ou de l’Ouest, la Californie (au 12e rang en 1910, au 1er aujourd’hui), la Floride (33e rang en 1910) et le Texas.


L’urbanisation

Elle est une conséquence du développement industriel, des migrations intérieures et d’une civilisation dans laquelle l’exploitation des ressources naturelles (l’agriculture par exemple) demande de moins en moins d’hommes, tandis que la technologie avancée et le tertiaire supérieur en réclament de plus en plus. On compte 73,5 p. 100 de population urbaine. Les taux d’urbanisation les plus élevés (85 à 90 p. 100) s’observent en Californie et dans le Nord-Est. Au total, 125 millions d’Américains habitent les grandes agglomérations dites « métropolitaines » (contenant au moins une ville centrale de plus de 50 000 hab.). Parmi celles-ci, 117 ont plus de 250 000 habitants, 72 plus de 350 000 et 10 plus de 2 millions. Les banlieues sont plus peuplées (65 millions) que les villes centrales (60 millions).

Les États-Unis comptent trois conurbations géantes ou mégalopolis, celle de l’Atlantique, de Boston à Washington (32 millions d’hab.), celle de la Californie méridionale, de Los Angeles à San Diego (10,4 millions), et le corridor du Michigan, de Gary à Milwaukee (près de 9 millions).

Toutes les villes possèdent un plan rectangulaire, soit orienté uniquement nord-sud - est-ouest (Manhattan, Chicago, Denver, Seattle, Philadelphie), soit découpé en ensembles juxtaposés, orientés les uns nord-sud - est-ouest, les autres différemment (Brooklyn, Baltimore, Los Angeles). Les plans irréguliers sont le plus souvent liés à des contraintes topographiques (San Francisco), à moins qu’on ne nivelle les reliefs (Seattle, déjà citée).

Le centre (downtown), surtout le secteur des affaires (central business district), se distingue par ses gratte-ciel, qui font des rues de vrais cañons urbains. Les problèmes de rénovation urbaine se posent dans le centre dégradé (villes de l’Est) ou trop étroit (Loop de Chicago). Des résidences de luxe (retour de la upper upper class vers le centre) et des gratte-ciel de bureaux remplacent les slums, dont les occupants (Noirs, Portoricains) sont incapables de se reloger, sinon dans la périphérie en voie de dégradation et encombrée d’usines malsaines. Les classes aisées et moyennes occupent des banlieues résidentielles, hiérarchisées selon la réussite sociale et le degré d’assimilation. Les minorités ethniques, les derniers arrivés, les plus inadaptés au mode de vie américain habitent des quartiers distincts : italiens, polonais, etc.

Il est difficile de discerner des quartiers spécialisés dans certaines villes peu structurées de l’Ouest (Los Angeles, Salt Lake City) : centre diffus, alternance anarchique de blocs affectés au commerce, aux résidences aisées, aux parcs de roulottes, aux terrains vagues.


L’économie

Les États-Unis sont actuellement la première puissance économique du monde. Par la production totale d’énergie, de matières premières, de biens de consommation et d’équipement, de denrées alimentaires, ils devancent l’U. R. S. S. et le Japon. Lorsqu’ils n’occupent que la deuxième place (minerai de fer, bois, blé), la première est généralement prise par l’U. R. S. S. Le fait, par exemple, que les États-Unis produisent moins de bois que l’U. R. S. S., mais plus de pâte à papier, moins de minerai de fer, mais plus de fonte et d’acier, souligne la puissance industrielle des États-Unis.

Depuis la fin du xixe s., la population active occupée par l’industrie, la construction, les transports et les services l’emporte sur la main-d’œuvre employée par l’agriculture, l’extraction minière, la pêche et l’exploitation forestière, activités dont la valeur productive vient loin derrière celle de l’industrie.

On considère les États-Unis comme le pays de la libre entreprise et du capitalisme créateur, et l’on cite les noms de H. Ford, A. Carnegie, M. Guggenheim. J. D. Rockefeller, dont le rôle a été déterminant dans le développement économique. Cependant, la part prise par le gouvernement fédéral dans la vie économique n’a cessé de croître ; le personnel employé par celui-ci et les États vient au troisième rang dans la répartition de la population active.


La production des biens de consommation et d’équipement : l’industrie proprement dite

L’industrie proprement dite, construction et exploitation minière exclues, tient la première place dans l’économie américaine (25 p. 100 de la population active ; 306 milliards de dollars de valeur ajoutée, 643 de valeur totale). Les États-Unis ont participé à la révolution industrielle après l’Angleterre ; la période de leur grande expansion commence vers 1870-1880, comme celle de l’Allemagne. Ils ont d’abord puisé une main-d’œuvre à bon marché dans la première génération, sans cesse renouvelée, des immigrants qui ont afflué de la guerre de Sécession à celle de 1914 ; puis ils ont pu se donner une industrie complète et puissante à la faveur des deux guerres, qui les ont privés des produits européens et ont fait d’eux l’arsenal des Alliés.


Caractères de l’industrie américaine

L’industrie a acquis progressivement ses traits actuels. En premier lieu, elle s’est mécanisée au plus haut point dès le début du siècle (Henry Ford monta la première chaîne d’assemblage d’automobiles en 1908). On n’a pas cessé de développer la mécanisation dans le domaine de l’extraction minière, de la sidérurgie, du chargement et du déchargement des matières premières industrielles, et même dans les industries alimentaires.

L’industrie se caractérise aussi par une haute productivité, conséquence de la mécanisation, mais aussi de l’organisation du travail (normalisation, production de masse), des recherches scientifiques, du comportement ouvrier.