Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

Le secteur automobile

Primitivement l’apanage d’une multitude d’entreprises de moyenne importance, il a tendance à se réorganiser autour de quatre ou cinq grands groupes. La production automobile* est marquée par une certaine concentration financière, mais aussi par une grande dispersion géographique des unités productrices. La R. F. A. est le troisième producteur mondial, après les États-Unis et le Japon. En 1973, la production totale s’est élevée à 4 millions de véhicules (dont plus de 90 p. 100 de voitures de tourisme). En 1968, Volkswagen (VW) a produit près de 50 p. 100 de tous les véhicules. Opel (General Motors) suivait avec environ 25 p. 100 des voitures de tourisme, puis venaient Daimler-Benz (9 p. 100), Ford (8 p. 100), NSU-Motorenwerke, Bayerische Motorenwerke (BMW) et Auto Union. Daimler-Benz domine le secteur des véhicules utilitaires. Les relations entre producteurs et grandes banques sont étroites. Devant la concurrence américaine, japonaise et européenne, les entreprises allemandes ont tendance à se regrouper autour de Daimler-Benz et Volkswagen. Géographiquement, le groupe VW domine en Basse-Saxe (Wolfsburg, Hanovre, Brunswick, Emden, Kassel [Hesse]) et occupe plus de 130 000 salariés. Daimler-Benz (Mercedes) est centré sur le Bade-Wurtemberg et notamment sur Stuttgart (Gaggenau, Mannheim). Plus de 80 000 travailleurs sont employés dans les différentes usines du groupe. Au groupe wurtembergeois on doit adjoindre NSU (contraction de « Neckarsulm ») et Porsche (Stuttgart-Sindelfingen). La Ruhr, au sens large, ne compte que peu d’usines automobiles : Opel à Bochum et Ford à Cologne. Mais le siège d’Opel reste à Rüsselsheim, près de Francfort. BMW (Munich) continue la tradition automobile bavaroise. L’usine Auto Union d’Ingolstadt renforce l’industrialisation en Bavière. L’industrie automobile réalise près de 10 p. 100 du chiffre d’affaires de l’industrie. Ses effectifs (522 000 salariés) la placent au troisième rang des différentes branches industrielles, après la métallurgie de transformation et la chimie.


La métallurgie de transformation

En principe, elle englobe l’industrie automobile ; en retranchant les effectifs de cette dernière, elle totalise encore 3,2 millions de travailleurs. C’est l’activité la plus caractéristique et de l’industrie et de l’économie allemandes. En réalité, elle présente des secteurs très hétérogènes : construction métallique (0,22 million de salariés), construction mécanique (1,2 million), construction navale (0,08 million), construction électrique (0,98 million), mécanique de précision et d’optique (0,16 million), façonnage de l’acier (0,14 million), quincaillerie (0,42 million). Le secteur « fabrication de machines et de matériel d’équipement » occupe une place primordiale. Les machines portant le label « made in Germany » sont exportées dans tous les pays. Quelques grands noms dominent cette branche (DEMAG, Klöckner-Humboldt-Deutz). Cependant, presque chaque ville compte plusieurs établissements de plus de 500, voire 1 000 salariés de la métallurgie de transformation. Celle-ci fait la prospérité et de l’Allemagne fédérale et de ses villes. Ses usines contribuent au rayonnement urbain et à la structuration régionale. Secteur vital, la métallurgie de transformation assure environ, en valeur, la moitié des exportations.


Les industries de biens de consommation

Si elles sont moins caractéristiques de l’économie allemande, il convient, toutefois, de ne pas les sous-estimer. Elles réunissent encore 2 millions de travailleurs. L’industrie textile et de la confection, avec environ 5 000 entreprises et près d’un million de salariés, vient en tête, concentrée surtout dans la Rhénanie-du-Nord - Westphalie (Wuppertal, Krefeld, Mönchengladbach, Rheydt).

L’industrie du bois, les industries graphiques sont encore des secteurs très actifs.

L’Allemagne ne passe pas pour une grande puissance agricole ; elle dispose néanmoins de l’industrie alimentaire la plus importante du continent. Plus de 6 000 entreprises de taille souvent importante (Bahlsen, Stollwerck, Trumpf) groupent environ 500 000 travailleurs. Utilisant en partie des matières importées, cette branche ne cesse d’augmenter son taux d’exportation. Ce sont surtout les grandes firmes qui s’orientent vers l’exportation dirigée surtout vers les autres États du Marché commun.

Un système bancaire décentralisé qui favorise la régionalisation

La partition de Berlin et de l’Allemagne prive le pays de sa capitale politique et financière. De ce fait, la décentralisation ou, mieux, la régionalisation bancaire, qui repose sur de solides traditions historiques, a encore été favorisée.

Le secteur banque-assurance, animateur incontestable de la vie économique, emploie plus de 300 000 personnes. On compte plus de 36 000 guichets bancaires, soit 1 pour 1 670 personnes ou 1 pour 7 km2 de surface.

La Bundesbank, dont le siège se trouve à Francfort, a le droit exclusif d’émettre des billets. Elle est le dernier préteur des banques et dispose de onze administrations centrales installées dans les dix Länder et Berlin-Ouest. Les autres banques peuvent être classées en quatre groupes : les grandes banques d’importance nationale et internationale, les instituts bancaires à base coopérative, les instituts de crédit de droit public, les banques régionales.

• Deutsche Bank, Dresdner Bank, Commerzbank sont les trois grandes banques qui ont pu se reconstituer après que la R. F. A. eut retrouvé sa souveraineté. La Deutsche Bank, la première en importance, et la Dresdner Bank ont leur siège à Francfort ; elles disposent cependant d’administrations centrales à Düsseldorf et à Hambourg. Le siège de la Commerzbank est à Düsseldorf, avec des administrations décentralisées à Francfort et Hambourg. L’impact régional des trois banques est réalisé par l’institution des Beiräte (conseils adjoints), formés à l’échelon d’un Land ou d’une région économique, et dans lesquels figurent industriels, hommes d’affaires et politiciens. Par cette institution, souple, les exigences régionales peuvent être portées, institutionnellement, jusqu’au siège central. Dans les conseils d’administration des trois banques, on retrouve les représentants des grandes entreprises. À la Deutsche Bank, ce sont Daimler-Benz, Siemens, BASF, Bayer ; à la Dresdner Bank, ce sont Hoechst, AEG, Esso AG. de Hambourg, Klöckner, Bosch ; enfin, à la Commerzbank, ce sont Bayer, Hoechst, etc.

Réalisant toutes les opérations, les « trois grands » sont à la fois banques de dépôts et banques d’affaires. Ils charpentent l’édifice industriel de la R. F. A.