Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

La puissance des centres urbains est liée à la structure décentralisée de l’économie allemande. Bien que métropole financière et boursière de la R. F. A., Francfort n’écrase point les autres villes. Grâce aux sièges sociaux, celles-ci exercent un pouvoir de rayonnement considérable sur leurs environs. Stuttgart, avec les sièges sociaux d’entreprises aussi importantes que Daimler-Benz, Bosch, Zeiss, Porsche, Lorenz (ITT), commande à plus de 180 000 salariés industriels. Duisburg compte trois sièges sociaux importants : Thyssen, DEMAC, Klöckner. Essen abrite dans ses murs les sièges des entreprises Krupp et Ruhrkohle (qui regroupe tous les charbonnages allemands, à l’exclusion de ceux de la Sarre). Sarrebruck possède le siège des Saarbergwerke et celui du konzern Röchling. Munich partage avec Berlin-Ouest le siège du géant Siemens. Hanovre, qui ne semblait pas prédestinée à devenir une grande cité industrielle, compte plus de 100 sociétés anonymes et 1 205 S. A. R. L. Continental (pneus) et Bahlsen (biscuiterie) y ont élu domicile. Cologne totalise 250 sièges de sociétés anonymes, Hambourg 158. La partition de Berlin a contribué à la décentralisation, mais celle-ci repose sur une tradition ancienne. La puissance des villes s’exprime encore par la taille des établissements industriels qui s’y trouvent. Mannheim possède 16 établissements de plus de 1 000 salariés, Nuremberg 23 et Stuttgart 24.


Le bilan démographique

Le taux de natalité est tombé à 10,1 p. 1 000, avec des inégalités régionales. La natalité est plus élevée dans les villes de moins de 50 000 habitants que dans celles de plus de 100 000. La mortalité est de 11,7 p. 1 000 pour l’ensemble du pays, si bien que la population (migrations exclues) décroît aujourd’hui et on observe le vieillissement de cette population.

Malgré l’arrivée des réfugiés-expulsés, l’économie allemande manque de travailleurs. L’appel à la main-d’œuvre étrangère est devenu une nécessité. En 1974, on dénombre environ 2,5 millions de travailleurs étrangers. Portugal, Espagne, Italie, Grèce et Turquie fournissent les plus forts contingents. Dans les grandes villes, les travailleurs étrangers constituent des colonies de plusieurs dizaines de milliers de personnes. La situation a bien changé par rapport à l’avant-guerre, où l’Allemagne ne connaissait guère l’immigration. Cela contribue au cosmopolitisme de la population.


L’industrie

Bien avant l’ère de la grande industrie, le travail en manufactures ou à domicile était connu dans de nombreuses régions. L’industrie moderne put utiliser la tradition ouvrière pour entrer dans une ère nouvelle. Le passé permet de comprendre et les localisations et la force du courant industriel qui anime l’Allemagne. L’industrialisation, qui prend une allure explosive à partir de 1871, n’est pas un fait nouveau, mais l’accélération d’une disposition latente grâce à la mise en valeur des énormes ressources houillères. À cela, il faut ajouter l’existence d’une bourgeoisie urbaine, dans les régions rhénanes, qui investit ses capitaux dans les sociétés industrielles et dans les équipements urbains.


Caractères de l’industrie allemande

La valeur de la production industrielle (bâtiment compris) entre pour plus de 50 p. 100 dans la composition du produit national brut. Si, il y a vingt ans encore, la production d’acier et l’extraction houillère constituaient une part appréciable de ce dernier, il n’en va plus de même aujourd’hui. À partir de 1965, le secteur minier (minerais et houille) n’assure plus que 4 p. 100 du produit national brut. Par contre, l’industrie de transformation constitue 40,9 p. 100 de ce dernier. Elle ne cesse d’étendre sa part. Symboliser la R. F. A. par un bloc de houille et un lingot d’acier serait une grossière erreur. Les industries d’une technologie très avancée constituent les facteurs essentiels de l’économie allemande, encore que les conséquences de la défaite de 1945 interdisent à la R. F. A. certaines fabrications militaires, qui, dans d’autres pays, sont considérées comme des industries de pointe.

L’industrie ouest-allemande est caractérisée par la concentration technique, financière et géographique ; elle repose, en plus, sur de solides structures régionales. Enfin, elle porte l’empreinte urbaine. Plus de 80 p. 100 des salariés industriels travaillent dans des établissements de plus de 200 salariés. C’est, toutefois, l’établissement de plus de 1 000 travailleurs qui caractérise le secteur industriel. En Rhénanie-du-Nord - Westphalie, 45 p. 100 des ouvriers sont employés dans des établissements de plus de 1 000 salariés ; 12 p. 100 travaillent dans ceux de 500 à 1 000 salariés. En Bade-Wurtemberg, la première catégorie rassemble 35 p. 100 des travailleurs ; pourtant, ce Land n’a aucune industrie extractive ou sidérurgique, où le gigantisme s’impose pour des nécessités techniques. Même en Bavière, 34 p. 100 des salariés industriels sont employés dans des établissements supérieurs à 1 000 personnes. La concentration n’est pas récente. Les konzerns sont nés dès la fin du xixe s., à la recherche du maximum de rationalisation et de rentabilité. Cependant, l’intégration n’est pas la règle absolue. Certaines entreprises ont préféré la concentration horizontale, la jugeant plus économique.

L’industrialisation a marché de pair avec l’urbanisation. La puissance de l’industrie allemande s’exprime à travers le fait urbain. Rares sont les villes qui n’ont pas un secteur secondaire important. Les salaires versés aux ouvriers alimentent le secteur tertiaire. Ce dernier vit du secteur secondaire. En retour, les équipements urbains deviennent possibles grâce à l’importance de la population active.

Les grandes métropoles économiques, nées à la fin du xixe s., ont fait éclater le cadre de la civilisation traditionnelle. Les vieilles circonscriptions politiques et administratives sont inadaptées. La Ruhr est un exemple frappant. La puissance de villes comme Hambourg et Brême fait que le cadre des États urbains tend à être dépassé.