Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Estrémadure (suite)

Cependant, l’I. N. C. trouve difficilement des colons : les premiers installés ont en effet souvent bien de la peine à s’acquitter de leurs dettes, les produits de leur travail manquant de débouchés. Certains se découragent et abandonnent leur terre, que s’empressent de racheter à bon compte les grands propriétaires. Ceux-ci tirent ainsi tout le bénéfice de l’opération, dont les objectifs sociaux étaient différents.

R. L.

estuaire

Bras de mer entrant dans les terres à l’embouchure d’un fleuve ou d’une rivière.


Un estuaire est caractérisé par le régime de ses eaux, où se mêlent eaux marines arrivant par le flux d’une marée et eaux douces provenant du continent. De plus, le brassage des eaux par les vagues y est réduit, ainsi que la turbulence liée aux courants ; ceux-ci perdent en effet une bonne partie de leur puissance. Les variations de salinité et de répartition des masses d’eau en présence sont continues et donnent à un estuaire les qualités d’un milieu dynamique, à peuplements fluctuants dans l’espace et dans le temps mais limités à une région déterminée.

Les organismes d’estuaires sont généralement euryhalins et composés soit de formes marines acceptant des eaux à salure variable, soit de formes d’eau douce survivant dans des conditions marines ou submarines d’environnement. D’autre part, il est possible de trouver en estuaires des formes migratrices qui choisissent parfois les conditions de salinité propres à ceux-ci pour se reproduire. C’est le cas du crabe chinois Eriocheir sinensis.

Dans la partie amont d’un estuaire, la salinité est faible, quoique variable. Dans les estuaires profonds, de type fjord, l’oxygénation des eaux peut s’abaisser considérablement en profondeur par blocage des eaux salées, sous-jacentes aux eaux douces arrivant en surface et moins denses. Dans les estuaires plats, il y a mélange par turbulence et gradient de salinité de ces deux types d’eau. Les eaux d’estuaires sont enrichies, par les apports d’eau douce, notamment en phosphore et en matières organiques assimilables. Les conditions hydrodynamiques particulières aux estuaires en font par ailleurs des pièges à substances nutritives, particulièrement au niveau des sédiments, ce qui explique leur richesse en mollusques bivalves, voire gastropodes. Le phytoplancton des estuaires est particulièrement constitué de diatomées et de dinoflagellés. Si le nombre d’espèces n’est pas toujours élevé, du moins le nombre d’individus l’est-il. Des variations saisonnières y sont remarquées, et des « fleurs d’eau », prolifération anarchique d’une espèce, y sont souvent observables. De même, certains animaux du zooplancton prolifèrent, surtout en saison chaude (été), et utilisent alors 50 à 60 p. 100 du phytoplancton présent pour se nourrir.

Les estuaires sont, par ailleurs, de véritables garderies pour les larves et alevins de poissons, qui y trouvent d’une part une nourriture abondante, et d’autre part une sorte de protection dynamique contre les prédateurs, qui supportent moins bien les variations des conditions de milieu. La quantité souvent importante de détritus organiques en suspension dans l’eau des estuaires représente pour l’ensemble des organismes présents une source de nourriture appréciable, notamment au niveau du bouchon vaseux qui les caractérise le plus souvent.

La biomasse présente, et particulièrement celle que constituent les poissons, montre également des variations saisonnières importantes, surtout en zones tempérée et arctique. Dans cette dernière, elle peut être pratiquement nulle en saison froide. De même, le nombre d’espèces augmente en moyenne des hautes latitudes aux tropiques.

Dans certains estuaires, des sédimentations importantes peuvent exister sur les rives, et, s’il y a stabilisation, toute une population végétale colonise ces dépôts. Ainsi, en région tempérée, il se forme des « prés salés » avec tout d’abord des salicornes et des soudes annuelles, puis des graminacées (glycérie, spartines) dans les parties plus élevées, et des obiones dans les parties moins submergées. Ces prés salés, dans l’ouest de l’Europe (Pays-Bas, France, Grande-Bretagne) jouent un rôle non négligeable dans l’économie rurale, grâce à l’élevage du mouton.

Dans les régions tropicales, c’est une formation arborescente ou arbustive particulière qui s’installe dans ce type de station (la mangrove), là où il y a balancement des marées. On retrouve également ici une zonation : ce sont, vers la mer, les Rhizophora, avec leurs nombreuses racines-échasses ; en dessus s’implantent les Avicenia et Sonneratia, qui possèdent des « pneumatophores ». En dessus encore, ce sont des espèces diverses suivant les régions (certains palmiers et fougères) ; la forêt tropicale apparaît dès la limite des plus hautes mers. Cette formation déborde d’ailleurs latéralement les estuaires.

Terme de passage entre eaux marines et douces, les estuaires et leurs dépendances représentent donc un milieu à la fois d’une importance et d’une complexité extraordinaires.

La pêche y est particulièrement intense par suite de la simplicité relative des moyens à mettre en œuvre et de la richesse numérique de la faune, au moins à certaines époques de l’année. Dans tous les grands estuaires, le stock de poissons et de crustacés est exploité soit avec des installations fixes, soit avec des filets, soit encore à la ligne (de fond). On y trouve 310 espèces de 76 familles différentes dans ceux de l’océan Indien, et 128 espèces de 45 familles en Afrique occidentale.

B. D. et J.-M. T.

➙ Fleuve / Littoral.

Esturgeon

Poisson actinoptérygien du super-ordre des Chondrostéens, caractérisé par le squelette très peu ossifié, la corde dorsale persistante, la présence de spiracles, la caudale hétérocerque, l’emplacement abdominal des nageoires pelviennes, la vessie gazeuse reliée à l’œsophage et l’existence d’une valvule spirale intestinale. Ses œufs constituent le caviar.


Le plus important des groupes de Chondrostéens fossiles est celui des Paléoniscoïdes, qui ont vécu du Dévonien au Crétacé, et que caractérisent notamment leurs écailles « ganoïdes » épaisses. Mais on identifie actuellement plus de 15 ordres distincts, dans le détail desquels nous ne pouvons entrer.

Les Chondrostéens actuels appartiennent à l’ordre des Acipensériformes, connu depuis le Crétacé.