Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (suite)

L’électricité thermique doit en effet suppléer l’hydro-électricité pendant la saison sèche et compenser les irrégularités climatiques interannuelles. Plusieurs centrales ont été implantées dans les ports et à Madrid, à cet effet. Mais l’électricité d’origine hydraulique représente le tiers de la production : de nombreux barrages aux retenues parfois fort vastes équipent les grands cours d’eau (Miño, Duero, Tage, Guadiana et Èbre) ainsi que les rivières pyrénéennes et cantabriques. L’Espagne s’intéresse à l’énergie d’origine nucléaire, pour laquelle elle est bien placée grâce à ses gisements d’uranium. Après la centrale de Zorita de los Canes, sur le Tage, et celle de Santa María de Garoña, sur le haut Èbre, l’une des plus importantes d’Europe (Vandellós) a été construite près de Tarragone, avec l’aide française.

La recherche pétrolière n’ayant débuté qu’en 1958 et un seul gisement situé au nord de Burgos ayant été découvert à ce jour, l’Espagne doit acheter tout son pétrole (plus de 40 Mt en 1974). Ses principaux fournisseurs sont l’Arabie Saoudite, la Libye et l’Iraq. Grâce aux sept grandes raffineries établies à Santa Cruz de Tenerife, Carthagène, Puertollano (relié par oléoduc à Málaga), La Corogne, Huelva, Algésiras et Castellón, elle achète du pétrole brut et le traite elle-même ; sa capacité de raffinage s’est accrue depuis quelques années au point de pouvoir revendre des produits finis depuis 1965 et récupérer ainsi une partie de ses devises.

• Les industries métallurgiques disposent de réserves minières importantes. Exploitées dès l’Antiquité, ces réserves ont surtout été mises en valeur au xixe s. avec des capitaux étrangers. La plupart ont cessé de produire, leur rentabilité étant insuffisante, ou ne produisent que lorsque les cours sont avantageux. Quelques mines seulement présentent un réel intérêt économique : mines de plomb de Linares, La Carolina et Carthagène (60 000 t), sous le contrôle de la société française Peñarroya ; mines de zinc de Reocín (Santander) et Carthagène (90 000 t), dominées par la société belge l’Asturienne des Mines ; mines de cuivre de Riotinto dans la province de Huelva (125 000 t), exploitées par la société française de Tharsis et celle de Río Tinto, anglaise à l’origine mais aujourd’hui nationalisée ; mines de mercure d’Almadén, propriété de l’État.

Les gisements de fer, dont on a extrait 4,2 Mt de métal contenu en 1975, sont situés dans trois régions : le Nord-Ouest, avec les importantes mines de Biscaye (Nervión) et Santander (Camargo), exploitées dès le xixe s. au profit de l’Angleterre, et celles du León, qui contiennent un minerai d’assez bonne teneur ; les cordillères Bétiques (Alquife et Serón Bacares) ; les monts Ibériques (Ojos Negros). La sidérurgie est presque tout entière concentrée géographiquement dans la région cantabrique. Elle est née dans la ría du Nervión, sur les gisements de fer dont la vente du minerai à l’Angleterre assurait des capitaux et favorisait l’importation de charbon en fret de retour. Les principales usines sont celles des Hauts Fourneaux de Biscaye, à Baracaldo et Sestao. Les possibilités de développement y sont limitées par le manque d’espace, ce qui a amené cette société à créer sur le littoral méditerranéen les usines de Sagunto, qui utilisent le minerai d’Ojos Negros. Mais la suprématie est passée à la province des Asturies, les usines de la Société Nueva Montaña Quijano, à Santander, étant d’importance secondaire : aux installations des sociétés de Mieres, Duro Felguera et Santa Barbara, situées sur le bassin houiller, se sont en effet ajoutées récemment les puissantes usines intégrées d’Avilés et Gijón, sur le littoral. Grâce à celles-ci, la production d’acier a pu augmenter considérablement, passant de 1,24 Mt en 1956 à 3,5 Mt en 1965 et à plus de 11,3 Mt en 1974.

Les progrès sont encore plus spectaculaires en ce qui concerne l’aluminium, dont la production n’était que de 4 000 t en 1953 et a approché 210 000 t en 1975. La bauxite, importée, est traitée à Sabiñánigo, dans les Pyrénées aragonaises, Alicante et surtout Valladolid, Avilés et San Juan de la Nieva (Asturies). Depuis 1968, l’Espagne peut exporter des produits semi-finis en aluminium.

En revanche, malgré la forte progression de sa production, l’acier doit être importé en quantités croissantes pour faire face aux demandes des industries de transformation. Celles-ci sont géographiquement beaucoup plus dispersées ; absentes des Asturies, elles s’étaient traditionnellement implantées dans le Pays basque et la région de Barcelone, où se sont maintenus les ateliers de matériel lourd. Par contre, les constructions mécaniques légères ont essaimé dans toutes les grandes villes : Madrid, Valladolid, Saragosse, Séville...

Deux branches connaissent un grand essor : la construction navale et l’automobile. La première, localisée dans la ría de Bilbao, en Galice (El Ferrol del Caudillo, La Corogne et Vigo), à Cadix et à Carthagène, a été grandement encouragée par la politique de modernisation de la marine espagnole, l’État accordant de larges facilités aux armateurs. Se plaçant au neuvième rang mondial, l’Espagne construit surtout des pétroliers, dont elle a le plus grand besoin, mais qu’elle vend aussi à l’étranger. L’automobile connaît une expansion encore plus rapide : la S. E. A. T. (Société espagnole d’automobiles de tourisme) à Barcelone, qui fabrique des modèles sous licence Fiat, est à la fois la plus ancienne et la plus importante des entreprises ; les autres sont établies à Valladolid (Renault), Vigo (Citroën), Madrid (Barreiros-Simca) et Pampelune (Morris). Aucune cependant n’a une capacité de production suffisante pour obtenir des prix compétitifs, et aucune ne produit de modèle espagnol, ce qui réduit fortement les possibilités d’exportation. Il en est de même des fabriques de camions, bien que la principale entreprise, Pegaso, construise des modèles originaux dans ses ateliers de Barcelone et de Barrajas, près de Madrid.