Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Éricales (suite)

Les feuilles sont plus ou moins persistantes et, dans certains cas, prennent le port « éricoïde », c’est-à-dire qu’elles ont leurs bords enroulés par en dessous ainsi que leur extrémité, le tout formant une petite cavité (pointe cuculée). L’épiderme supérieur est souvent cutinisé ; ces caractéristiques morphologiques et anatomiques dénotent une organisation xérophile très poussée (Bruyères).

Les fleurs, solitaires ou groupées en inflorescences plus ou moins condensées, sont à calice souvent réduit et à corolle plus ou moins soudée (en clochettes persistantes chez les Bruyères par exemple). Elles sont bâties sur le type quatre (Bruyère) ou cinq (Rhododendron) ; les étamines ont à la base de leurs anthères deux cornes et s’ouvrent par deux pores apicaux (déhiscence poricide) ; leur nombre est égal ou double de celui des pétales. L’ovaire, à un seul style, est pluriloculaire, à placentation axile ; il donne après fécondation, suivant les espèces, une baie, une drupe ou une capsule.

Au point de vue anatomique, on trouve dans cette famille certaines caractéristiques primitives, puisque les vaisseaux sont à ponctuations scalariformes, comme cela se rencontre chez les Fougères. Les feuilles renferment de nombreux glucosides.

Le genre Rhododendron (appelé autrefois Rosage) est un des plus connus grâce à son emploi horticole ; les Azalées en sont un sous-genre et ne se distinguent des vrais Rhododendrons que par le nombre d’étamines deux fois moindre (5) et les feuilles caduques. En France, une espèce de Rhododendron est très connue à l’état sauvage : c’est R. ferrugineum, à fleurs d’un beau rouge groupées par cinq-huit en ombelles. Les Rhododendrons peuvent servir soit comme plantes isolées ou en massifs (R. luteum, R. japonicum), soit, au contraire, dans les jardins de rocailles (R. canadense, R. ferrugineum, R. hirsutum, R. microphyton, R. obtusum, R. moupinense, R. racemosum...).

Les Azalées de serres sont de ravissants arbustes qui, très âgés, peuvent atteindre de 1 à 2 m de haut ; l’espèce botanique la plus connue est l’Azalée des Indes, dont la véritable patrie est le Japon. C’est à partir de cette espèce que de très nombreuses variétés ont été créées ; leur culture se fait dans de grands établissements spécialisés (en Belgique, à Versailles), qui peuvent avoir en même temps plusieurs centaines de milliers de pieds, chaque plante demandant en effet au minimum trois ans pour être commercialisable. Quelques Azalées peuvent vivre en pleine terre sous le climat parisien, en particulier Azalea mollis, originaire de Chine, à fleurs rouges, et A. calendulacea, à grandes fleurs orangées.

Les Bruyères (une douzaine d’espèces en France) et les Callunes sont des arbrisseaux ligneux ; certaines (Bruyère cendrée, Bruyère ciliée, Callune) couvrent d’immenses étendues de landes ou de sous-bois acides de leur tapis, tantôt vert, tantôt rose suivant les saisons ; d’autres, comme la Bruyère à balai (Erica scoparia), la Bruyère arborescente (E. arborea) et la Bruyère du Portugal (E. lusitanica), qui vivent principalement sur les terrains siliceux du midi et même de l’ouest de la France, peuvent, surtout les deux dernières, atteindre de 2 à 3 m de haut. Les souches d’E. arborea sont recherchées pour la fabrication des pipes. On peut citer aussi les Gaultheria (100 espèces), surtout de l’hémisphère Sud et connus depuis l’Eocène, les Arbutus (20 espèces, dont 3 en France), les Andromeda et les Vaccinium (150 espèces, y compris les Oxycoccos). Certains Vaccinium sont de petits arbustes vivant dans les montagnes, qui ont des fruits comestibles (Myrtille).

En pharmacopée, on se sert encore parfois des feuilles de Raisin d’Ours (dénommé également Busserole ; c’est l’Arctostaphylos uva-ursi des botanistes) et de celles de Gaultheria procumbens (Thé du Canada, Wintergreen), employées contre les rhumatismes en Amérique et en Angleterre, comme d’ailleurs quelques Rhododendrons. En Asie Mineure, certaines espèces de ce dernier genre sont des plantes toxiques, et le miel élaboré par les abeilles qui butinent ces plantes est un poison ; c’est lui qui aurait empoisonné les soldats de Xénophon lors de la retraite des Dix Mille.


Familles voisines

La petite famille des Pyrolacées (10 genres et 40 espèces, mais seulement 3 genres et 8 espèces en France) possède des plantes autotrophes, entièrement vertes (Pyrola, 7 espèces en France), et d’autres saprophytes, sans chlorophylle (Monotropa) ; cette dernière espèce, localisée dans les bois, est entièrement d’un blanc jaunâtre ou ivoire et ne porte pas de feuilles ; en hiver, les racines subsistent seules, la tige, florale aérienne, n’apparaissant que pendant l’été. Comme pour les Éricacées, ces plantes ont dans leurs tissus des mycorhizes.

Les Cléthracées possèdent une corolle dialypétale ; elles vivent à Madère, en Amérique tropicale et en Asie du Sud-Est.

Les Epacridacées (une trentaine de genres et plus de 400 espèces) sont localisées surtout en Australie.

La très petite famille des Diapensiacées n’a pas une position systématique bien nette, puisque certains auteurs la rapprochent des Éricacées et d’autres des Rosacées ; c’est une famille typiquement boréale.

J.-M. T. et F. T.

 C. G. Bowers, Rhododendrons and Azaleas (New York, 1960). / D. G. Leach, Rhododendrons of the World and How to Grow them (Londres, 1962).

Ernst (Max)

Peintre français d’origine allemande (Brühl 1891 - Paris 1976).


En 1909, il commence des études de philosophie à l’université de Bonn ; il est attiré par la psychopathologie et l’art des aliénés. Il lit Freud, Max Stirner, Dostoïevski, Nietzsche, mais c’est la peinture qui devient sa raison de vivre. Ouvert à tous les courants nouveaux, une évolution rapide le mène de ses premières peintures des années 1909-1913, de style expressionniste, jusqu’au surréalisme*. Dans l’intervalle se situe la période de la guerre : à la protestation de dada*, antimilitariste, antibourgeoise, anticulturelle, Max Ernst prend une part active, et, grâce à lui, Cologne devient l’un des foyers actifs du mouvement. Cette période de négation est marquée par des œuvres importantes, qui manifestent l’influence de Paul Klee* (Combat de poissons, 1917, coll. de l’artiste), puis celle des machineries biologiques de Marcel Duchamp* et de Picabia* (le Rugissement des féroces soldats). En 1919, Ernst découvre la peinture métaphysique de De Chirico* et de Carlo Carra ; en 1921, il devient l’ami de Paul Éluard, qui lui achète l’Éléphant Célèbes et Œdipus Rex (collections privées). Alors qu’André Breton, axé sur des problèmes d’ordre littéraire, se demandait si une peinture surréaliste était possible, Max Ernst avait déjà ouvert les perspectives les plus fécondes en ce domaine, bifurquant soit vers un réalisme fantastique de rendu quasi photographique, déjà esquissé par De Chirico et repris plus tard par Magritte* et Dali*, soit, comme chez Arp*, Miró* et Masson*, vers des transpositions morphologiques, vers des mondes autres, d’un onirisme accentué par le choix des titres.