Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

ergot de Seigle ou Seigle ergoté (suite)

L’ergotine, ou extrait mou d’ergot, figurait au Codex 1937. Son emploi a fait place à celui de l’extrait fluide d’ergot (Codex 1949), qui est lui-même supplanté par des solutions titrées d’alcaloïdes, telles que :
— l’ergotamine (C33H35O5N5), qui, sous forme de tartrate (Codex 1965), est employée, par voie buccale ou injectable, comme vaso-constricteur, hémostatique puissant ainsi que dans le traitement de l’urticaire, du prurit et du zona ;
— la dihydroergotamine, ou méthane sulfonate d’alcaloïdes hydrogénés de l’ergot, qui est sans action sur l’utérus et qui est utilisée contre l’hypertension, les troubles circulatoires périphériques, les migraines, les ulcères gastro-intestinaux, les spasmes du côlon et du col utérin.

Enfin, le mélange de sels de dihydroergocornine, de dihydroergocristine et de dihydroergokryptine est très efficace dans le traitement des troubles vasculaires cérébraux.

L’ergot, ses préparations et ses alcaloïdes sont toxiques, et l’on sait que le L. S. D. 25, drogue hallucinogène, est un dérivé de l’acide lysergique.

Charles Tanret

(Joinville, Haute-Marne, 1847 - Paris 1917), pharmacien français qui isola le premier les alcaloïdes de l’ergot. En 1876, après de longs et difficiles essais, il obtint l’ergotinine à l’état cristallisé. Il en étudia et en précisa l’activité physiologique. Du même Champignon, il isola également l’ergothionéine, l’ergostérine, la fongistérine ainsi que la choline. On lui doit aussi l’isolement de la pelletiérine (ténicide) et un réactif pour le dosage de l’albumine qui porte son nom.

P. C.


L’ergotisme

C’est une intoxication due à l’absorption de farine contaminée par de fortes proportions de poudre d’ergot de seigle.

La partie toxique du sclérote de Claviceps purpurea contient, nous l’avons vu, de nombreux alcaloïdes dont l’action la plus constante est la contraction des muscles lisses et en particulier du muscle utérin, la contraction de certaines artères et artérioles, provoquant une vaso-constriction et d’importants troubles de comportement. Ainsi peut-on comprendre les trois effets les plus classiques de l’ergotisme : avortements, troubles vasculaires (surtout des extrémités) et gangrène, troubles neuropsychiatriques (agitation, hallucinations, convulsions).

Dans sa forme classique, l’ergotisme a présenté des aspects cliniques extrêmement différents selon les « épidémies », qui surviennent surtout lors de la consommation de farine faite avec des Seigles très parasités pendant les périodes de famine (épidémies du xie s. en France, au xvie s. au Hanovre, du xviiie s. en Russie).

À l’époque actuelle, l’ergotisme alimentaire a pratiquement disparu, la teneur en ergot des farines étant inférieure à 0,1 p. 100, mais les progrès de la chimie ont permis l’utilisation en thérapeutique de dérivés d’extraction (ergotamine, ergotinine, ergobasine, etc.). Depuis 1938 (A. Stoll), le diéthylamide de l’acide lysergique, ou L.S.D., apparaît comme l’un des dérivés non naturels de l’ergot, dont les actions hallucinogènes sont particulièrement puissantes et utilisées par certains toxicomanes.

Les intoxications aiguës par poudre ou extrait d’ergot ne provoquent qu’à fortes doses (de l’ordre de plusieurs grammes de poudre ou de plusieurs centigrammes d’alcaloïdes) les signes évidents d’intoxication aiguë : nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, soif, douleurs des extrémités, prurit, engourdissement, troubles neurologiques, secousses convulsives, agitation, état confus.

À doses fortes et prolongées, on a pu observer des avortements, souvent des douleurs des extrémités avec gangrène et des troubles neurologiques.

À doses fortes, le tartrate d’ergotamine peut déclencher des manifestations vasculaires, coronariennes ou cérébrales. Une certaine hypersensibilité s’observe chez certains sujets, chez qui des manifestations gangreneuses peuvent apparaître pour des doses proches de la dose thérapeutique.

Au cours des classiques épidémies d’ergotisme, on retrouvait déjà une variabilité considérable des réponses d’un individu à l’autre, et des auteurs font état, au début du siècle, d’une aggravation du phénomène d’ergotisme par les carences ou l’avitaminose A.

La toxicomanie au L.S.D. a une allure tout à fait différente ; actif à des doses très faibles (une fraction de milligramme), le L.S.D. (ou « acide ») peut être facilement absorbé per os ; après une phase nauséeuse avec tachycardie apparaissent des troubles de perception, une imagination délirante, des hallucinations qui peuvent durer plusieurs heures.

Les expériences au L.S.D. (« voyages ») provoquent des accidents avec une fréquence non négligeable : panique anxieuse, suicide, agressivité et violence, libération des tendances schizoïdes ou épileptiques. Le L.S.D. est soupçonné d’avoir provoqué des altérations chromosomiques.

Le traitement de l’intoxication par l’ergot consiste essentiellement en vaso-dilatateurs périphériques (acide nicotinique) et en neuroleptiques antihallucinatoires de la série de la chlorpromazine ou des butyrophénones.

E. F.

Éricales

Ordre de plantes dicotylédones ligneuses dont le type est la Bruyère.


L’ordre des Éricales comprend, suivant les auteurs, un nombre variable de familles, ordinairement les cinq suivantes : les Éricacées (y compris les Vacciniacées), les Pyrolacées (avec les Monotropacées), les Cléthracées, les Epacridacées et les Diapensiacées.


Éricacées

Les plantes de cette famille (70 genres et 2 000 espèces, mais seulement 10 genres et 25 espèces en France), vivant surtout en grandes colonies, sont le plus souvent de petits arbustes possédant dans leurs racines des mycorhizes. Elles sont répandues principalement dans l’hémisphère Nord et en Afrique du Sud. Une espèce, Erica arborea, possède une aire disjointe couvrant le Bassin méditerranéen et certains hauts massifs du centre de l’Afrique (Kenya).