Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

épargne (suite)

Partant des faits, l’analyse économique contemporaine définit bien l’épargne comme la fraction non consommée du revenu, mais elle souligne que l’épargne est loin d’être considérée négativement par les individus et par les ménages comme un reste. Cette fraction peut soit financer directement des investissements, soit être placée, sous une forme ou une autre, en créances (actions ou obligations), ou encore être simplement conservée sous forme de monnaie* (épargne liquide). Dans tous les cas, l’épargne a un aspect précis et volontariste qui s’exprime à travers le désir positif de constituer un patrimoine : la structure de celui-ci à un moment donné reflète donc, de façon plus ou moins fidèle, l’ensemble des désirs spécifiques d’une personne. Il résulte de cette observation une conception de l’épargne plus active. Au lieu de reprendre la seule différence entre revenu et consommation, on cherche à appréhender l’épargne à partir de ses divers emplois : placements, variation des encaisses, autofinancement des investissements, remboursement des emprunts.

Les motivations de l’épargne chez les particuliers et dans les ménages

Il est devenu nécessaire d’encourager l’épargne à s’investir, d’autant que les ménages tendent aujourd’hui à épargner relativement moins. Les pouvoirs publics des différents pays, pour encourager les ménages à épargner, ont pris diverses mesures allant de l’aménagement de la fiscalité à la mise en place de formules institutionnelles rendant les placements plus attrayants et plus faciles.

Les motivations susceptibles de déclencher l’épargne chez les particuliers ou dans les ménages, ou de l’orienter vers une forme plutôt que vers une autre, sont multiples. On peut, avec Raymond Barre, en distinguer un certain nombre.

• L’importance du revenu influe, à la base, de manière extrêmement significative : l’épargne peut d’autant plus facilement se constituer que le revenu est assez important pour largement couvrir les dépenses de consommation du particulier ou du ménage en laissant des excédents.

• La propension à consommer, finement analysée par Keynes, ne doit pas être trop élevée, l’épargne tendant à s’analyser comme un phénomène résiduel, venant après l’acte de consommation. Si le revenu s’accroît sensiblement, Keynes note d’ailleurs que la consommation n’augmentera pas d’autant et que l’épargne, donc, tendra, par voie de conséquence, à croître.

• La stabilité (ou l’instabilité) monétaire a un effet déterminant, dans la mesure où elle attire l’épargne ou, au contraire, en détourne les particuliers ou les ménages : en France, l’indexation des emprunts fut, à plusieurs reprises entre 1945 et 1958, pratiquée, en vue d’accroître le volume des placements en obligations.

• Le niveau de la fiscalité frappant les objets d’épargne est également important. La parafiscalité (sécurité sociale), notons-le, tendant à établir des institutions de répartition à la place de structures de capitalisation, ne prédispose pas à la formation d’une épargne volontaire.

• L’importance du patrimoine de l’épargnant peut tendre, à partir d’un certain niveau, à influer sur le taux d’épargne en raison inversement proportionnelle à cette importance. L’épargne est guidée, en effet, par un mobile de sécurité : si ce mobile est déjà assumé par la possession d’un patrimoine important, l’épargne peut tendre à diminuer dans sa formation.

J. L.

G. R.

➙ Autofinancement / Bourse de valeurs / Capital / Consommation.

 E. A. Lisle, l’Épargne et l’épargnant (Dunod, 1967). / A. Dauphin-Meunier, le Jeu de l’épargne et de l’investissement à l’âge industriel (Payot, 1969).

épaule

Partie du corps qui unit le membre supérieur au thorax.



Anatomie

L’armature squelettique de l’épaule, ou ceinture scapulaire, s’unit avec l’humérus pour former l’articulation scapulo-humérale.

La ceinture scapulaire est constituée par deux os, la clavicule et l’omoplate.

• La clavicule est un os long en forme de S italique, situé à la partie antérosupérieure du thorax, dont l’extrémité interne s’articule avec le sternum (articulation sterno-claviculaire) et l’extrémité externe avec l’omoplate (acromion).

• L’omoplate est un os plat, de forme triangulaire, appliqué contre le thorax. Sa face postérieure est divisée en deux parties par l’épine de l’omoplate, qui se continue en dehors par une volumineuse apophyse aplatie de haut en bas, l’acromion ; au bord interne de l’acromion se trouve la surface d’articulation avec la clavicule (articulation sterno-claviculaire). À l’angle externe de l’omoplate, sous la voûte acromio-claviculaire, se trouve une surface ovale peu excavée, la cavité glénoïde, qui s’articule avec la tête de l’humérus ; en dedans et au-dessus d’elle, l’omoplate présente une formation osseuse en forme de doigt semi-fléchi, l’apophyse coracoïde. L’extrémité supérieure de l’humérus présente une saillie arrondie, la tête de l’humérus, recouverte de cartilage, qui s’articule avec la cavité glénoïde de l’omoplate. Un sillon circulaire, le col anatomique, sépare la tête humérale des autres éléments de l’extrémité supérieure de l’os : trochiter, ou grosse tubérosité, et trochin, ou petite tubérosité ; entre trochiter et trochin se trouve une gouttière verticale, la coulisse bicipitale, dans laquelle passe le tendon de la longue portion du biceps. On donne le nom de col chirurgical au segment de l’humérus qui unit le corps à l’extrémité supérieure.

L’articulation scapulo-humérale, ou articulation de l’épaule, est une énarthrose qui unit la tête de l’humérus et la cavité glénoïde de l’omoplate. L’adaptation exacte des surfaces articulaires est réalisée par un anneau fibro-cartilagineux, le bourrelet glénoïdien ; la capsule articulaire est renforcée par des ligaments (gléno-huméraux, coraco-huméral, coraco-glénoïdien). Mais le rôle essentiel est tenu par les tendons des muscles périarticulaires de l’épaule, qui, de l’omoplate au trochiter et au trochin, sont vraiment les ligaments actifs de l’articulation (sus-épineux, sous-épineux, petit rond et sous-scapulaire) ; des bourses séreuses sont interposées entre la capsule et les muscles périarticulaires. Ainsi est réalisée une articulation permettant de larges mouvements de flexion et d’extension, d’abduction (bras en dehors), d’adduction (bras en dedans) et de rotation. De plus, les mouvements propres de la ceinture scapulaire (élévation et abaissement de l’omoplate et de la clavicule, glissement en dehors ou en dedans, rotation et bascule de l’omoplate), en modifiant l’orientation de la cavité glénoïde, augmentent l’amplitude des mouvements du membre supérieur.

Autour de son axe ostéo-articulaire, l’épaule est divisée en trois régions.