Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

entropie (suite)

Détermination absolue de l’entropie. Si la différence d’entropie entre deux états est définie sans ambiguïté par la formule

l’entropie d’un corps dans un état déterminé n’est connue qu’à une constante arbitraire près. Un postulat, dit « de Nernst-Planck », suggéré par des expériences faites aux très basses températures, fixe la valeur de cette constante : il pose en effet égale à zéro l’entropie de tous les corps à la température (inaccessible) du zéro absolu. À partir de là, l’entropie des différents corps, calculée à l’aide de mesures calorimétriques pour T = 298 K et p = 1 atm, est fournie par des tables de constantes numériques, utiles pour de nombreuses applications.

Remarquons enfin que, dans les mécaniques statistiques, l’entropie d’un gaz est donnée par la formule de L. Boltzmann :
S = k.Log W ; k = R/N,
R étant la constante des gaz parfaits et N le nombre d’Avogadro, k est la constante de Boltzmann ; W est le nombre de « complexions » possibles du gaz, considéré comme formé de molécules.

R. D.

 J. D. Fast, Entropie (trad. du holland., Bibl. technique Philips, Eindhoven, et Dunod, 1961). / P. Chambadal, Évolution et applications du concept d’entropie (Dunod, 1963). / J. Yvon, les Corrélations et l’entropie en mécanique statistique classique (Dunod, 1966).

environnement

Ensemble des conditions physiques, des caractères chimiques du milieu (air, eau, sol) et des êtres vivants qui environnent l’homme.



Une cause unique, des millions de conséquences interdépendantes

Après avoir été au Paléolithique une composante parmi d’autres des écosystèmes dans lesquels il vivait, cueillait, chassait et péchait, l’homme a commencé, au Néolithique, à provoquer des transformations beaucoup plus perceptibles dans son environnement naturel, principalement par les défrichements, que justifiaient ses actions de cultivateur et d’éleveur, et par l’utilisation qu’il a faite du feu, notamment pour entretenir les pâturages de son bétail domestique.

Ces transformations se sont lentement multipliées et accentuées au fil des siècles. Des civilisations ont probablement vu leur fin hâtée sinon même provoquée (Mayas) par l’appauvrissement des ressources naturelles des régions qu’elles couvraient. Dès l’Antiquité — Pline l’Ancien l’a écrit —, le bassin méditerranéen a souffert de déboisements, qu’ont encore accentués par la suite les invasions arabes.

Mais, jusqu’au xixe s., ces phénomènes régressifs étaient restés très localisés et limités dans leurs conséquences, et ce n’est que depuis les rapides progrès de la science et de la technologie que le processus a subi une intensification et une accélération considérables. Et les effets des transformations que cette cause unique, le progrès contemporain, a produits sur l’environnement de l’homme ont alors revêtu une infinité de formes, le plus souvent d’abord insidieuses, certaines n’ayant été décelées ou ressenties que récemment, certaines étant encore ignorées ou à venir, toutes entrant dans trois catégories fondamentales :
1o l’homme et son environnement humain ;
2o l’homme et son environnement-ressources ;
3o l’homme et son environnement-cadre de vie.

Les différentes manifestations particulières du phénomène d’ensemble revêtent des formes et atteignent des intensités extrêmement variables selon qu’elles se localisent dans les pays riches et industrialisés ou, au contraire, dans les pays dits « en voie de développement » ou « du tiers monde ». A priori, on peut affirmer que le problème est sérieux, sous une forme ou sous une autre, pratiquement partout sur la planète. Mais ses chances de s’aggraver semblent très menaçantes dans la « ceinture de pauvreté » intertropicale, alors que les pays riches, qui semblent actuellement davantage touchés, pourraient au contraire effectuer au fil des prochaines décennies un effort d’investissement et de discipline civique de nature à maîtriser progressivement la plupart des « nuisances » particulières qui les menacent.


L’homme moderne et son environnement humain


Le nombre des hommes

Cette première rubrique correspond probablement au phénomène qui pèse le plus sur l’accélération des transformations de l’environnement.
1650 : 470 millions d’hommes
1750 : 700 millions d’hommes
1850 : 1 100 millions d’hommes
1900 : 1 570 millions d’hommes
1950 : 2 400 millions d’hommes
1970 : 3 500 millions d’hommes

La population* humaine de la Terre augmente à un rythme qui la fait doubler tous les trente ans. À ce taux, lorsque se sera encore écoulée une période égale à celle qui sépare le temps présent de la révolution de 1789, la planète porterait deux cents milliards d’humains. Cet accroissement ne pourrait être ralenti ou arrêté que par des phénomènes naturels que l’on n’entrevoit guère (modification de la fécondité ? épidémies incontrôlables ?), par des calamités (guerres très meurtrières) ou par une volonté collective (limitation des naissances), cette dernière éventualité se heurtant aux obstacles d’ordre religieux, moral, philosophique et politique que l’on sait ou que l’on devine, sans parler d’obstacles psychologiques plus tenaces encore.

Les effets de l’explosion démographique sont de divers types.

Logiquement, ils se manifestent surtout sous forme d’une pression accrue exercée par un nombre toujours croissant de consommateurs sur les ressources naturelles pour assurer l’alimentation et, plus généralement, sur l’économie de production, principalement agricole. Ce phénomène est très grave pour le tiers monde, où les façons culturales éprouvent de grandes difficultés à se moderniser. Il en sera reparlé dans le chapitre suivant, consacré à l’environnement-ressources.

Une deuxième conséquence importante réside dans l’intensification locale nettement excessive de l’urbanisation*. Dans un pays en bonne santé géographique, il doit exister, en liaison avec son taux d’industrialisation, un rapport harmonieux entre le nombre de ses ruraux et celui de ses non-ruraux. Ce rapport est souvent déformé dans le tiers monde par un exode rural qui prend l’allure d’une désertion des campagnes vers les villes, dans lesquelles les immigrants ou bien ne trouvent pas de travail et vivent en parasites, ou bien sont artificiellement dotés d’emplois officiels symboliques (« surtertiarisation »), emplois mal rétribués et dont les salaires sont surtout couverts par l’inflation. Certaines très grandes villes latino-américaines et asiatiques posent ainsi de sérieux problèmes aux autorités.