Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

entomologie (suite)

Fabre (Jean Henri)

(Saint-Léons, Aveyron, 1823 - Sérignan-du-Comtat, Vaucluse, 1915). On ne peut passer sous silence l’œuvre de Fabre, qui a été très injustement attaquée par quelques biologistes français, dont l’un a été jusqu’à écrire que des dix volumes de Souvenirs entomologiques (1879-1886) il ne reste qu’une dizaine de pages utiles. Ce que l’on peut reprocher à Fabre, c’est d’avoir, sous le mauvais prétexte de l’isolement, voulu ignorer systématiquement ce qui avait été fait avant lui. Mais son œuvre reste pleine d’observations exactes, et il semble bien que ce soit lui qui, le premier, a signalé les hypermétamorphoses. Quant à son style, qui lui a été aussi reproché, il oblige, il est vrai, le naturaliste qui ne cherche que le fait brutal à lire quelques pages qui lui paraissent inutiles, mais il a permis à des milliers de lecteurs d’entrer agréablement dans le monde des Insectes.


Méthodes de recherche et technique

La première technique consiste à se procurer des Insectes pour les étudier. Il n’y a pas lieu d’insister ici sur les méthodes de chasse et de préparation des collections. On en trouve tous les détails dans de très bons guides de l’entomologiste. On peut, cependant, signaler la lampe à vapeur de mercure, qui n’est employée que depuis 1951 et qui fournit une lumière riche en rayons ultraviolets, auxquels les Insectes sont particulièrement sensibles. Cette lampe est naturellement utilisée surtout pour la chasse aux Papillons nocturnes, mais elle attire aussi nombre d’Insectes d’autres ordres, dont beaucoup de Coléoptères, des Planipennes, des Hyménoptères, des Orthoptères. On est souvent surpris de voir arriver à la lampe des Insectes diurnes comme les Fourmilions et les Mantes. L’emploi de la lampe à vapeur de mercure a fait découvrir de nombreuses espèces nouvelles, surtout dans les pays tropicaux. Mais elle a permis aussi de retrouver des espèces qui n’avaient été que très rarement capturées et qu’on considérait parfois comme disparues. Elle trouve aussi son emploi en entomologie appliquée, permettant de préciser l’époque d’apparition de certains Insectes nuisibles et de conseiller les traitements au moment où ils sont le plus efficaces.

En ce qui concerne les méthodes de travail, tant en systématique qu’en anatomie, la loupe, avec laquelle les anciens entomologistes ont fait des travaux admirables, est abandonnée au profit de la loupe binoculaire, ou microscope stéréoscopique, qui donne des grossissements de 10 à 150 diamètres. Ceux-ci ne sont cependant pas suffisants pour l’étude de certains petits Insectes comme les Pucerons, les Cochenilles, les Thrips et les Insectes inférieurs : Thysanoures, Collemboles, Protoures. Il faut alors utiliser le microscope et faire des préparations entre lame et lamelle, suivant une technique généralement simple, consistant à éclaircir à la potasse les pièces et à les colorer légèrement. Les Insectes fournissent d’excellents matériaux pour les études au microscope électronique, mais il s’agit là non plus d’entomologie, mais d’histologie. Par contre, on emploie assez souvent le microscope à contraste de phase et, plus récemment, le microscope à balayage, ou stéréoscan, qui peut donner des grossissements de 5 000, permettant d’étudier les plus fines structures anatomiques.

Les méthodes utilisées pour la description des espèces ont sérieusement évolué. Autrefois, on se contentait de caractères faciles à observer, tels que la coloration et la forme de certains organes externes, caractères qui sont sujets à variation et sont particulièrement influencés par les conditions du milieu. Aussi exige-ton maintenant un caractère plus stable et surtout qui permette de reconnaître avec plus de sécurité les relations phylogénétiques des espèces. Ce caractère se trouve dans l’organe copulateur, qui a été d’abord étudié chez les Lépidoptères et les Coléoptères et qui est maintenant recherché et préparé chez tous les Insectes. Plus délicate et peu répandue est l’étude des chromosomes, qui, cependant, peut donner des résultats extrêmement intéressants. Enfin, on a de plus en plus tendance à améliorer l’étude des Insectes de collection par l’observation des Insectes vivants et à ajouter aux caractères morphologiques des caractères biologiques. Ainsi est née la notion d’espèces biologiques, très difficiles à distinguer sur les Insectes morts, mais parfaitement caractérisées dans leur milieu naturel.


L’entomologie appliquée

De tous les temps, les hommes ont cherché à se défendre contre les Insectes qui détruisent leurs cultures. Pendant de longues années, cette lutte a été menée par des procédés empiriques, tenant souvent de la sorcellerie plutôt que de la science. On trouve dans les écrits anciens une quantité de conseils et de formules qui n’avaient aucune efficacité. Ce n’est vraiment qu’au milieu du xixe s. qu’une branche de l’entomologie dirigée vers l’étude des Insectes nuisibles et des moyens de les détruire a pris naissance. Cette entomologie appliquée a pour base non seulement les moyens apportés par les progrès de la chimie, mais aussi une connaissance meilleure de la biologie des Insectes, qui, seule, permet une lutte efficace. C’est ainsi que l’entomologie appliquée a pris un développement extraordinaire tant au point de vue scientifique que pour l’application pratique, donnant naissance à une branche florissante de l’industrie chimique, celle des insecticides. Les progrès de l’entomologie ont été largement influencés par l’apparition de ravageurs tels que le Phylloxéra, le Doryphore, la Cochenille, connue sous le nom de Pou de San José. La pullulation et la dispersion des Insectes nuisibles sont dues en grande partie au développement des grandes monocultures et à la facilité des relations entre pays éloignés ; cette rapidité des transports amène l’introduction d’Insectes dans un milieu nouveau où ils trouvent des conditions de vie bien plus favorables que dans leur pays d’origine.