Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (suite)

• Une civilisation allemande se forge, grâce à de très vivantes universités, où l’abandon progressif du latin au profit de l’allemand contribue à créer une langue unique et aussi à favoriser le sentiment national. L’idée d’une patrie allemande commune se développe en grande partie par hostilité à la France, accusée notamment de la dévastation du Palatinat (1689). Mais la gallophobie allemande se double curieusement de gallomanie : les modes françaises, la littérature française, l’art français triomphent partout. Les villes nouvelles, les capitales d’États, les résidences princières sont souvent doublées d’un petit Versailles.
Cependant, la littérature et l’art proprement allemands connaissent déjà un vif éclat, notamment sous la forme du baroque*.


La montée des Hohenzollern*

• Les derniers empereurs qui se succèdent à la tête du Ier Reich appartiennent tous, sauf Charles VII de Bavière (1742-1745), à la maison des Habsbourg : Léopold Ier (1658-1705), Joseph Ier (1705-1711), Charles VI (1711-1740), François Ier (1745-1765), dont la politique est inspirée par sa femme Marie-Thérèse, Joseph II (1765-1790), Léopold II (1790-1792), François II (1792-1806) se désintéressent en fait de l’Allemagne au profit de l’Italie et de l’Europe balkanique et danubienne. La diète germanique a beau devenir permanente (1664), elle est incapable de promouvoir une politique allemande commune.

• Face aux Habsbourg catholiques se dresse l’ambition de plus en plus entreprenante d’une dynastie protestante, les Hohenzollern.
L’année 1701 est, de ce point de vue, décisive : cette année-là, l’Électeur de Brandebourg, Frédéric Ier de Hohenzollern, qui a aidé Léopold Ier durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, obtient en échange le titre de roi de Prusse*.

• Le petit-fils de Frédéric Ier, Frédéric* II (1740-1786), type même du « despote éclairé », pratique une politique sans scrupule (en Silésie notamment) au détriment des Habsbourg. La Prusse obtient alors des gains territoriaux et psychologiques tels qu’elle devient la principale puissance allemande.


L’Allemagne, la Révolution française et Napoléon (1789-1806)

• La Révolution française de 1789 éveille d’abord en Allemagne des échos favorables. Rapidement l’inquiétude gagne l’Empire : les adhésions idéologiques n’affectent qu’une élite qui, en général, ne franchit pas les limites de la pensée girondine. D’autre part, trop de différences politiques et sociales séparent Allemands et Français.

• Par ailleurs, la guerre, dès 1792, oppose la France à l’Autriche et à la Prusse, à l’Empire en 1793. Après les campagnes de 1796 et 1797, qui coûtent cher aux Habsbourg, il est impossible de trouver une solution aux problèmes allemands (congrès de Rastatt).

• 9 février 1801 : le traité de Lunéville, qui clôt la seconde campagne menée par les Français contre les Habsbourg en Allemagne (Moreau) et en Italie (Bonaparte), reconnaît à la France toute la rive gauche du Rhin et prévoit des dédommagements en Allemagne pour les princes ainsi dépossédés.

• 24 mars 1803 : le recez (conclusion principale) de la diète de Ratisbonne simplifie la carte de l’Allemagne en diminuant considérablement le nombre des États.

• 1804 : François II prend le titre d’empereur d’Autriche (François Ier).

• 1805 : le traité de Presbourg, qui clôt la 3e coalition (Austerlitz), sanctionne en fait le recez en rendant indépendants de l’autorité de l’empereur et de la diète les nouveaux rois de Bavière et de Wurtemberg ainsi que le grand-duc de Bade.

• 1806 : Napoléon crée la Confédération* du Rhin (12 juill.). François II (Ier) délie les Allemands du serment de fidélité à l’empereur (6 août). Le Saint Empire romain germanique a vécu.


De la fin du Ier Reich à la fondation du IIe : 1806-1871


La Confédération du Rhin et le réveil national (1806-1814)

• La Confédération du Rhin (Rheinbund), dont Napoléon est le « protecteur », est formée de seize principautés allemandes auxquelles se joignent le royaume de Westphalie et, en 1807, le grand-duché de Varsovie. En fait, cette confédération s’avère un édifice fragile.

• Vaincue par les Français au cours de la 4e coalition (Iéna, Auerstedt, 14 oct. 1806), la Prusse est amputée de moitié par application du traité de Tilsit (juill. 1807). Paradoxalement, cet effondrement est aussi le point de départ du relèvement prussien, dont les principaux artisans sont Stein et Hardenberg sur le plan social, Scharnhorst dans le domaine militaire, le philosophe Fichte, dont les quatorze Discours à la nation allemande (Berlin, 1807-1808) exaltent le sentiment national. Les universités (celle de Berlin est fondée en 1810), où les étudiants se groupent en sociétés secrètes (tel le Tugendbund), sont de puissants foyers de nationalisme. (V. Prusse.)

• 1810-1811 : les développements du Blocus* continental obligent Napoléon à annexer à l’Empire français les côtes de la mer du Nord et Lübeck ; mais si l’Allemagne souffre de la pénurie des denrées coloniales, elle peut profiter de l’effacement momentané de l’Angleterre pour développer son industrie textile.

• 1813-1814 : à la suite des revers français en Russie, l’Allemagne, derrière la Prusse, se lance avec enthousiasme aux côtés des Alliés dans la « guerre de libération », encore que l’hostilité à la Prusse reste très forte en Rhénanie : après Leipzig (1813), Blücher franchit le Rhin. En avril 1814, le roi de Prusse entre à Paris avec le tsar.


La Confédération* germanique

• 1815 : le congrès de Vienne donne une structure nouvelle à l’Allemagne. À la place du Saint Empire est créée une « Confédération germanique » de 39 États autonomes, dont l’Autriche et la Prusse, une Prusse fortifiée et agrandie, en Rhénanie notamment. Toute l’histoire de la Confédération est marquée par la rivalité austro-prussienne. Placée sous la présidence honorifique de l’empereur d’Autriche, la Confédération a comme organe essentiel la diète de Francfort.