Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enregistrement magnétique du son (suite)

Largeur d’entrefer de la tête lectrice

L’entrefer de la tête de lecture doit être aussi étroit qu’il est possible de le fabriquer. Pour des raisons pratiques de construction, il est de 13 μm pour la vitesse de 38 cm/s, de 8 μm pour 19 cm/s, de 4 μm pour 9,5 cm/s et de 2 μm pour 4,75 cm/s.


Tête d’effacement

Avant que le ruban ne passe devant la tête enregistreuse, il faut effacer soigneusement toute impression magnétique antérieure. Pour cela, on sature le matériau sensible par un puissant champ magnétique produit par un électro-aimant alimenté en courant continu ou par un aimant permanent. La méthode considérée comme la meilleure consiste à utiliser un courant alternatif de haute fréquence produit par un oscillateur incorporé à l’enregistrement. L’entrefer de la tête d’effacement doit être large (de 250 à 500 μ). L’effacement haute fréquence stabilise le matériau magnétique et conduit à un bruit résiduel moindre que les méthodes employant aimant ou courant continu.


Vitesse de défilement

Quelle que soit la largeur d’entrefer de la tête de lecture, la réponse de cette dernière aux fréquences élevées est directement soumise à la vitesse de défilement du ruban. Cette largeur détermine la fréquence la plus élevée qu’il est possible de reproduire correctement. L’entrefer le plus étroit donne de meilleurs aigus et un meilleur rapport signal/bruit. Les vitesses de défilement actuellement adoptées sont de 38, 19, 9,5 et 4,5 cm/s. Les vitesses les plus lentes permettent évidemment la plus longue durée d’audition par bobine et une réduction non négligeable de l’usure des pièces polaires.


Bruits résiduels

En général, l’enregistrement magnétique n’est pas affecté d’un bruit résiduel important, mais le niveau de celui-ci dépend de la qualité du ruban. Pour prétendre aux meilleurs résultats, il importe que le ruban soit recouvert de particules d’oxydes magnétiques de dimensions uniformes, réparties également sur le support. Enfin, le support en matière plastique doit présenter une épaisseur invariable et une raideur pratiquement constante.


Pleurage

Quel que soit le mode d’enregistrement, il faut éviter le pleurage sous toutes ses formes si l’on désire des résultats musicaux satisfaisants.

• Le pleurage en fréquence est provoqué par des variations périodiques de la vitesse de défilement, qui peuvent avoir diverses causes : excentricité ou forme défectueuse de cabestan d’entraînement (ou d’une autre pièce tournante), irrégularités dans la taille des dents d’engrenages ou des poulies portant des courroies, variations du coefficient de frottement en quelque partie du mécanisme. En général, un lourd volant est adjoint au cabestan pour régulariser sa vitesse angulaire.

• Le pleurage en amplitude se rencontre plus fréquemment avec l’enregistrement magnétique qu’avec l’enregistrement sur disques. De telles variations, périodiques ou non, du niveau sonore sont dues soit à des variations d’épaisseur du ruban, soit à un contact plus ou moins parfait entre ruban et tête de lecture. Le maximum de sensibilité de l’oreille au pleurage en fréquence se produit pour des variations de fréquence de l’ordre de 1 à 8 Hz. L’effet est plus désagréable sur les aigus que sur les graves. Un tourne-disque défectueux, dont la vitesse de rotation n’est pas constante, produira un pleurage périodique à 1,3 Hz sur 78 tr/min et 0,55 Hz sur 33 tr/min. Dans le cas d’un enregistrement magnétique, le rythme du pleurage dépend, d’une part, de la vitesse de rotation des axes, qui est fonction du diamètre des poulies, et, d’autre part, de la vitesse de défilement.

J. B.

➙ Disque / Haut-parleur / Microphone / Sonorisation / Stéréophonie.

 R. Masscho, Manuel technique du magnétophone (Éd. Radio, 1974). / R. Besson, Technologie des composants électroniques, t. III : Composants B. F. (Éd. Radio, 1971).

enseignants (les)

Catégorie sociale qui inclut tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, ont pour occupation principale, régulière et rétribuée, l’exercice d’une fonction d’enseignement ou d’éducation.


L’usage du mot enseignant est relativement récent. Il est probable que l’expansion rapide de ce vocable dans les dernières années coïncide avec les difficultés que la plupart des pays éprouvent à résoudre le problème de l’organisation d’un enseignement de masse se prolongeant sur une période de plus en plus longue. Cela ne veut pas dire que les systèmes d’enseignement n’avaient pas connu d’importantes mutations dans le passé : les réformes de la Révolution française, du Consulat ou de l’Empire représentent par exemple une rupture profonde avec le système antérieur. Mais ces réformes furent inspirées et réalisées par les élites intellectuelles et politiques. Elles ne suscitèrent qu’un faible écho dans l’opinion. L’accroissement considérable du taux de scolarisation depuis la Seconde Guerre mondiale au niveau de l’enseignement secondaire, et même au niveau de l’enseignement supérieur, est un des facteurs qui devaient contribuer à modifier profondément cet état de choses. Aujourd’hui — et cela est nouveau —, une fraction de plus en plus large de l’opinion publique se sent concernée par les problèmes de l’organisation de l’enseignement. Par voie de conséquence, tous ceux qui font profession d’enseigner ont été regroupés, dans le vocabulaire du journaliste comme dans celui du législateur, dans la catégorie des « enseignants ».


Historique

Le rôle social de l’« enseignant » a varié considérablement au cours du temps en fonction des caractéristiques des sociétés. En Grèce et à Rome, l’enseignant est conçu comme ayant fonction de transmettre à l’élève un ensemble de compétences techniques, qu’il s’agisse de la rhétorique, de l’arithmétique ou de l’astronomie. Ces compétences sont celles qui sont nécessaires aux futures élites politiques et religieuses. Les enseignants sont donc des « spécialistes » qui s’adressent à des jeunes gens qui, en tout état de cause, appartiennent à l’élite de par leur naissance. Au Moyen Âge, comme l’a montré Durkheim dans l’Évolution pédagogique en France (1938), le christianisme entraîne une révolution considérable dans la manière dont on conçoit la finalité de l’enseignement. Il s’agit moins de développer chez l’élève une somme de talents que de le former en tant que personne. À la notion de talent se substitue celle d’habitus, de manière d’être. C’est pourquoi le Moyen Âge orientera l’enseignement des facultés des arts, c’est-à-dire l’enseignement secondaire, autour d’une discipline particulière. Selon les époques, cette discipline est tantôt la grammaire, la rhétorique ou la dialectique, conçues non comme des savoirs ou des techniques, mais comme des moyens d’aborder les grands problèmes de la vérité et de la foi. C’est pourquoi les trois grandes disciplines du trivium sont rassemblées dans un concept très général et désignées par le terme de logica (logique) ou l’expression disciplinae sermonicieles, que l’on peut traduire par linguistique.