Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enfant (suite)

Un enfant du siècle

Les progrès techniques appliqués à l’univers enfantin ont eu pour but de répondre aux exigences de la vie contemporaine : habillement, hygiène, mobilier, jeux reflètent, en effet, un style de vie. L’idée de gain de temps et de gain de place joue un rôle capital. Le travail de la femme, l’exiguïté des appartements modernes, l’importance prise par les déplacements sont à l’origine de cet état d’esprit et incitent la mère à rechercher dans ses achats tout ce qui revêt un caractère fonctionnel : fonctionnelle, cette assiette isotherme à double fond, où de l’eau chaude empêche les aliments de se refroidir ; fonctionnel, ce chauffe-biberon, plus tard chauffe-aliments ; fonctionnelle, cette alimentation en petits pots et ces couches que l’on jette après usage ; fonctionnels, enfin, ces vêtements de mailles extensibles et lavables et ce mobilier transformable et empilable. Autant de choses qui facilitent la vie de la mère et qui respectent le bien-être de l’enfant. L’enfant moderne est un « enfant de l’auto » qui possède, déjà, sa propre valise-coffret ; de là vient l’attrait des articles de layette qui se jettent, des couffins et des porte-couffins, des « lits-valises », qui, une fois plies, offrent l’aspect d’une simple valise, des landaus pliables, des hamacs, qui se tendent entre deux parois de voiture, ou des sièges adaptables au siège de la voiture et qui maintiennent l’enfant solidement assis.

L’univers enfantin est, aussi, le produit de la mode, et, comme nous reconnaissons d’un simple coup d’œil, sur une photo, un enfant des années 1900, nous reconnaîtrons de même un enfant de notre époque : le style décontracté et la fantaisie débridée de la mode, en général, tendent à faire reculer l’image traditionnelle du bébé vêtu de couleurs tendres, de la petite fille à la robe en corolle et du petit garçon en costume de ville. Dès le 5e mois, le bébé porte un pull ras de cou, puis une culotte de jersey et très vite de vraies chaussettes et des chaussures souples de peau. Le style sport, qui marque la mode des enfants dès qu’ils savent marcher, a entraîné la création, pour les bébés, de jeans molletonnés et, pour les plus grands, de blousons et de combinaisons-salopettes. Les couleurs sont très vives, ou alors carrément sombres : Daniel Hechter a même conçu de la layette noire. Ce goût pour les couleurs insolites se retrouve dans l’habillement du petit garçon ou de la petite fille. Celle-ci a vu rallonger ses robes à la suite de la « mode maxi ». Tee-shirt, débardeur ou bermuda sont portés par l’enfant comme par l’adulte ; c’est au regain de faveur pour le folklore que le bébé doit le poncho en ratine, et la petite fille la robe gitane ; quant à la saharienne de toile du petit garçon, elle n’est que la résurgence du vêtement colonial. Enfin, là comme ailleurs, le style hippie a assuré la vogue des tissus à fleurs. Comme chez les adultes, la mode tend, dans son ensemble, vers un style unisexe où la fantaisie se teinte d’humour. Plus qu’un enfant sage, la mode veut un enfant drôle. Adapté à l’enfant, le mobilier n’en est pas moins, lui aussi, dans la lignée contemporaine : mobilier modulaire, mobilier de plastique, mobilier de carton, de forme dépouillée et faisant montre d’une grande ingéniosité de mise en œuvre.

Reflet de la mode, également, ces jouets qui s’inspirent du monde des adultes ou qui traduisent un état d’esprit particulier à notre époque, telle la poupée mannequin à poitrine marquée et à sexe apparent. Certains sont aussi éphémères que le courant qui les a portés : jouet sadique (petite guillotine), jouet monstrueux (monstre en matière molle), jouet masochiste (poupée laide), qui procèdent davantage du snobisme que du souci d’amuser les enfants. Les jeux de société sont significatifs des préoccupations majeures de notre temps : les finances sont le pôle d’attraction du « Monopoly » et du « jeu des présidents-directeurs généraux » ; les « jeux Olympiques », les « six jours », les « 24 heures du Mans » se jouent également sur la table de jeu, et le « jeu du Code de la route » démontre, si besoin est, l’importance de la voiture. Les divers jeux de la télévision sont édités dans le commerce, et les personnages de feuilletons ou de dessins animés alimentent la mythologie enfantine moderne (Nounours, Babar, Pollux, etc.). L’actualité scientifique a particulièrement marqué le jouet contemporain : « Concorde » téléguidé, fusée spatiale capable de s’élever à 30 mètres, chariot lunaire, panoplie de cosmonaute, etc. L’électronique a mis à la portée des enfants sinon tout à fait des jouets, du moins des appareils autrefois réservés aux adultes : walkie-talkie, magnétophone, etc.

Néanmoins, la vogue des jouets nettement contemporains ne doit pas faire oublier la persistance d’une certaine tradition dans ce domaine : les perles continuent de séduire les petites filles, les soldats de plomb les petits garçons, et la panoplie de l’Indien voisine encore avec celle de cosmonaute.

S. L.

 B. Spock et M. Lowenbert, Je nourris mon enfant (Gérard, Verviers, 1960). / L. Buffet-Challié, Chambres d’enfants et de jeunes (C. Massin, 1962). / R. Dirx, l’Enfant à travers les âges (Éd. du Sud et A. Michel, 1965). / L. Pernoud, J’élève mon enfant (P. Horay, 1965 ; nouv. éd., 1970). / C. Ripault et S. Lamiral, la Beauté de vos enfants (Solar, 1969). / R. Vincent, Connaissance de l’enfant (Denoël, 1969). / G. Mesmin, l’Enfant, l’architecture et l’espace (Casterman, 1971). / A. Denner et J. Danna, l’Environnement de l’enfant (Éd. du Seuil, 1973).

enfer

Lieu du séjour des morts.



L’enfer dans les religions du Proche-Orient


Les mythes de l’enfer en Assyro-Babylonie et en Égypte

L’idée d’une survie des morts dans un lieu lugubre et souterrain est l’une des croyances les plus anciennes et des plus répandues. Elle a pris néanmoins des formes très diverses.

Dans les écrits sumériens, la déesse céleste Inanna entreprend un voyage dans le royaume inférieur et obscur, le Kigallou, où règne la déesse de la végétation, Ereshkigal ; elle en revient grâce à l’intervention du dieu Enki, et le demi-dieu Tammouz a depuis ce jour un rôle de protecteur et de soutien des morts. Dans l’épopée akkadienne de Gilgamesh, cette espérance des textes sumériens est abandonnée : Enkidou n’est pas sauvé par Gilgamesh. La mort est invincible ; l’enfer d’Ishtar n’est pas un lieu de repos, mais le théâtre d’un combat. Dans l’épopée de Nergal, ce dernier règne à jamais sur l’enfer. La seule espérance des morts est de trouver à désaltérer leur soif.