Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enduit (suite)

Enduits extérieurs

On les réalise en deux couches au moins, mais plus souvent en trois couches :
— une sous-couche d’accrochage, avec un mortier riche (de 600 à 700 kg de ciment par mètre cube de sable sec) ;
— une couche intermédiaire de 10 mm (600 kg de ciment), posée quand la sous-couche a fait prise ;
— une couche de finition de 6 mm, avec un mortier moins riche (400 kg de ciment).

L’enduit est exécuté :
— soit en l’appliquant à la truelle, puis en le pressant et en l’aplatissant à la taloche, et enfin en le lissant à la truelle : c’est l’enduit lissé ;
— soit en le projetant à la brosse dure et au balai : c’est l’enduit tyrolien ;
— ou encore, pour les grandes surfaces, en l’appliquant mécaniquement avec des appareils à projeter, ou même avec le « canon à ciment » : on obtient un enduit régulier très compact (gunite).

Les mortiers de chaux hydraulique et les mortiers bâtards (chaux grasse et ciment) ont moins tendance à se faïencer que les mortiers de ciment pur. On ne doit pas utiliser de mortier de ciment « rebattu » quand il a commencé à durcir. On peut, à la rigueur, le faire avec les mortiers de chaux et les mortiers bâtards riches en chaux grasse (mortiers allemands).


Influence de la nature et de la préparation du subjectile sur le comportement ultérieur des enduits

La réussite d’un enduit tient tout autant à la qualité et à la préparation du subjectile qu’à la bonne composition des mortiers et à leur application. C’est vrai pour tous les enduits, mais surtout pour les enduits extérieurs, où les facteurs d’ambiance lors de la pose et du durcissement entrent aussi pour une large part dans le bon comportement ultérieur.

Le but à atteindre consiste d’abord à obtenir une bonne adhérence, condition majeure, puis à limiter le retrait, qui provoque, d’une part, le faïençage général et, d’autre part, la fissuration aux angles rentrants de l’encadrement des ouvertures.


Pose d’un enduit au mortier de ciment sur mur de briques creuses

Le défaut d’adhérence et la fissuration sont généralement causés par la succion capillaire à l’interface entre briques et mortier projeté. Il faut opérer sur une surface humidifiée à refus et en profondeur. Aussi, une seule aspersion d’eau, si abondante soit-elle, ne suffit pas ; il en faut au moins deux, et même trois, répétées chacune à une demi-heure ou à trois quarts d’heure d’intervalle. Sinon, la brique absorbe l’eau du mortier d’enduit à l’interface, et l’adhérence risque d’être déficiente. Ce défaut est sans remède, et les zones où l’enduit sonne creux doivent être remplacées. En outre, il y a danger de fissuration à partir de l’interface. La réparation des fissures franches qui débutent par une microfissuration est possible, mais délicate (méthode du saupoudrage, avec silicate de potassium et ciment).


Pose d’un enduit au mortier de ciment sur un mur ancien en béton

C’est le cas de la pose d’un enduit de ravalement. Il faut d’abord décaper soigneusement la surface du mur pour éliminer tout le plâtre, les peintures, la calcite de surface (et le calcin, s’il s’agit d’un mur en pierre calcaire).

Il ne suffit pas que le subjectile de béton soit bien imprégné d’eau dans l’heure que précède l’application de l’enduit ; il faut, en outre, provoquer une rétrogradation partielle du retrait que le béton a acquis auparavant : pour cela, il convient de mouiller abondamment et à plusieurs reprises le béton, bien décapé, dans les huit ou dix jours qui précèdent l’application de l’enduit. On évite ainsi le cisaillement qui se produirait à l’interface quand l’enduit fera son retrait, alors que le béton aurait terminé le sien, et qui entraînerait le décollement de l’enduit.


Soins à donner aux enduits extérieurs après leur pose

Durant le durcissement, un enduit ne doit pas se dessécher ; aussi le maintient-on humide par l’application d’un curing compound (vernis temporaire), qui empêche l’évaporation de l’eau nécessaire à la prise. Une grave erreur consisterait à arroser à la lance un enduit exposé en plein soleil en cours de durcissement ; il faut attendre le soir, une heure après le coucher du soleil. En effet, au soleil, l’enduit est à 50 °C, alors que l’eau d’arrosage est à 15 °C ; il y a donc un choc thermique capable de provoquer en surface de l’enduit un retrait double du retrait hygrométrique total, qui s’effectue en cinq ou six ans. Il en résulterait un faïençage immédiat, rapidement suivi de fissures franches.


Enduits spéciaux et enduits modernes


Enduits spéciaux

Les enduits au mortier hydrofugé sont utilisés dans les cas difficiles, quand on craint, malgré tout, une mauvaise adhérence au subjectile et surtout quand on veut réaliser un enduit réellement étanche, ni perméable, ni hygroscopique, ni fissurable. L’hydrofuge incorporé dans la masse du mortier a un double effet :
— créer un réseau cristallin complémentaire dans le réseau cristallin du ciment ;
— exercer dans les pores et capillaires de l’enduit une action hydrophobe.

D’autres enduits spéciaux permettent à la couche de finition à prise très retardée, par lavage de la surface, d’obtenir des effets décoratifs (gravillon lavé) bien moins coûteux que le bouchardage.


Enduits modernes

Contrairement à ce que l’on croyait jusqu’alors, un enduit est beaucoup moins sujet au faïençage et à la fissuration si l’on utilise comme liant non pas un liant pur, mais un mélange bien homogénéisé à 50 p. 100 de liant et à 50 p. 100 d’une farine calcaire inerte, mais très finement broyée. Certains ciments pour enduits sont préparés en usine suivant cette technique.

M. D.

➙ Capillarité / Condensation / Construction / Corrosion / Fissuration / Liant.

 Soc. acad. Hütte, Des Ingenieurs Taschenbuch (Berlin, 1951-1955 ; 5 vol. ; trad. fr. Manuel de l’Ingénieur, Béranger, 1960-1962 ; 2 vol.). / M. Jacobson, Technique des travaux (Béranger, 1955). / J. Arrambide et M. Duriez, Agrégats, liants et bétons hydrauliques (Éd. du Moniteur des travaux publics, 1959) ; Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-1962 ; 3 vol.). / P. Galabru, Traité de procédés généraux de construction (Eyrolles, 1963 ; 3 vol. ; 2e éd., 1966-1968).