Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

endémie

Présence d’une affection existant en permanence dans une région écologiquement favorable.


Les endémies infectieuses sont les plus importantes. Les conditions hydroclimatiques — surtout en milieu tropical —, le niveau d’hygiène des populations, la coexistence fréquente de carences nutritionnelles sont les éléments fondamentaux permettant la multiplication de certains germes ou parasites, leur conservation dans la nature ou chez les malades et la contamination de sujets sains.

Lorsqu’une maladie est endémique, il existe dans la population un certain degré d’immunité acquise — il y a en effet de nombreuses formes inapparentes. Ce taux constant de sujets immuns limite le nombre de formes graves et surtout évite, en principe, l’extension sous forme épidémique.

La tendance de certaines infections endémiques bactériennes (choléra, peste) est en effet à l’explosion épidémique (v. épidémie). Cependant, certaines grandes endémies (paludisme, bilharziose, maladie du sommeil) sont confinées à des zones dont le climat permet la vie des insectes vecteurs. Actuellement, le risque essentiel tient aux progrès des transports : un sujet sain venant de régions indemnes peut faire une forme grave en arrivant en zone d’endémie. Surtout, il peut être responsable d’une épidémie à son retour (avion) dans son pays d’origine dans les délais de la période d’incubation.

Il existe également des endémies non infectieuses. Il s’agit d’affections (goitres, hémoglobinopathies) liées à certaines conditions géographiques (pauvreté de l’eau en iode) ou génétiques (touchant seulement certaines races).

En Afrique existe un organisme de lutte contre les grandes endémies (maladie du sommeil, paludisme) en relation avec l’O. M. S.

P. V.

endocrinologie

Science qui étudie les glandes dites « à sécrétion interne ».


Les glandes endocrines (terme proposé en 1909 par l’Italien Nicola Pende) sont constituées par des formations cellulaires dont la sécrétion passe directement dans le sang (sortant donc de la glande par sa veine). Cela les oppose aux glandes dites « exocrines », dont la sécrétion est éliminée directement ou par l’intermédiaire d’un canal excréteur à l’extérieur de l’organisme ou dans l’intestin. Bien que, théoriquement, les glandes endocrines fassent seules partie du système endocrinien, on leur rattache les glandes mixtes, à la fois endo- et exocrines, comme le pancréas ou les glandes génitales.

Les glandes endocrines sont essentiellement représentées par l’hypophyse*, le corps thyroïde*, les glandes surrénales*, les glandes parathyroïdes* et les glandes génitales (ovaire* ou testicule*). On leur rattache les îlots de Langerhans du pancréas* (sécrétant l’insuline), des noyaux nerveux situés dans les régions profondes du cerveau (hypothalamus, en rapport avec l’hypophyse*), l’épiphyse et des formations temporaires comme le corps jaune de l’ovaire et le placenta.

Les sécrétions internes ainsi élaborées passent dans le sang de la circulation générale et se rendent dans les tissus, où a lieu leur utilisation. Un contrôle permanent et une régulation constante de ces sécrétions sont effectués par l’hypophyse et le système nerveux central (diencéphale).

L’endocrinologie n’a guère plus d’un siècle. On ne peut tenir en effet pour science des glandes endocrines les pratiques anciennes qui consistaient à ingérer des organes d’animaux ou des extraits d’organes dans le dessein de guérir les maladies de ces mêmes organes. Pourtant, le fait que des perturbations dans les sécrétions humorales puissent jouer un rôle important fut suggéré dès 1775 par Théophile de Bordeu. En fait, l’acte de naissance de l’endocrinologie fut signé par le physiologiste français Claude Bernard*, à qui revient le mérite d’avoir exprimé le premier la notion de sécrétion interne. Il démontra expérimentalement que le foie accumule sous forme de glycogène une fraction du sucre ingéré, et que ses cellules le transforment de nouveau en glucose selon les besoins de l’organisme. Ainsi, il écrivait en 1855 : « On s’est longtemps fait une très pauvre idée de ce qu’est un organe sécrétoire. On a pensé que toute sécrétion doit être versée sur une surface interne ou externe et que toute glande doit être nécessairement pourvue d’un canal excréteur. L’histoire du foie et de sa fonction glycogénique établit d’une façon très nette qu’il y a des sécrétions internes, dont le produit, au lieu d’être déversé à l’extérieur, est transmis directement dans le sang. Il doit donc être maintenant bien établi qu’il y a dans le foie deux fonctions de la nature des sécrétions. L’une, sécrétion externe, produit la bile, qui s’écoule au-dehors, l’autre, sécrétion interne, forme le sucre, qui entre immédiatement dans le sang de la circulation générale. »

À la même époque, le physiologiste Brown-Séquard rapporte, en 1889, à l’âge de soixante-douze ans, les résultats bénéfiques qu’il obtint en se traitant lui-même par des injections sous-cutanées de suspensions aqueuses de testicule, et il déclare, dégageant les grands principes de l’endocrinologie : « Nous admettons que chaque cellule de l’organisme sécrète pour son propre compte des ferments spéciaux qui sont versés dans le sang et qui viennent par l’intermédiaire de ce liquide influencer toutes les autres cellules, ainsi rendues solidaires par un mécanisme autre que celui du système nerveux. » Il constate dès 1856 que l’ablation des glandes surrénales chez le chien est suivie d’une mort rapide de l’animal, mort qu’il attribue à la disparition des sécrétions internes, dont le rôle antitoxique serait ainsi supprimé. De son côté, Vulpian remarque, la même année, que la teinte verte provoquée par le perchlorure de fer au contact des coupes de glandes surrénales s’obtient aussi avec le sang efférent de la glande ; il y voit la preuve que les glandes surrénales sont des glandes dites « sanguines », c’est-à-dire versant directement dans le sang leurs produits de sécrétion.