employés (les) (suite)
L’intellectualisation des hommes est enfin source de projets d’action plus individualisés et moins dépendants de pressions de masse. Comment concilier action collective et projet personnel ? Telle pourrait être la question que le monde employé pose aux ouvriers. Mais, d’une façon générale, les modes d’organisation du travail, de la ville et de l’école, issus du modèle rationaliste webérien et taylorien, ne coïncident pas avec ces nouvelles possibilités de réflexion et de discussions qu’offre l’intellectualisation des employés. L’avancement à l’ancienneté, la simplification des tâches et les carrières hiérarchiques sont profondément incompatibles avec un potentiel humain capable de définition autonome.
Et c’est probablement par la lenteur que la société industrielle met à s’inventer de nouvelles structures de gestion plus compatibles avec les qualités de son capital humain qu’il faut expliquer la relative apathie du monde employé face au mouvement social, venu du passé industriel, où elle ne reconnaît ni l’enjeu ni les formes de lutte qui répondent à son expérience.
R. S.
➙ Bureaucratie.
C. W. Mills, White Collar, the American Middle Classes (New York, 1951 ; trad. fr. les Cols blancs, Maspéro, 1966). / M. Crozier, Petits Fonctionnaires au travail (C. N. R. S., 1956) ; le Phénomène bureaucratique (Éd. du Seuil, 1964) ; le Monde des employés de bureau (Éd. du Seuil, 1965). / S. Mallet, la Nouvelle Classe ouvrière (Éd. du Seuil, 1963). / P. Delon, les Employés (Éd. sociales, 1969). / F. Parent-Lardeur, les Demoiselles de magasin (Éd. ouvrières, 1970). / N. Catala et J. Aaron, le Personnel et les intermédiaires de l’entreprise (Libr. Techniques, 1971).