Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Empire colonial néerlandais (suite)

La colonisation de Java jusqu’en 1870

• 1824 : par le traité de Londres, les Anglais évacuent Benkulen, leur dernier poste à Sumatra, mais conservent Singapour (où ils sont établis depuis 1819).

• 1830 : Johannes Van den Bosch, promoteur du cultuurstelsel (système des plantations d’État) est nommé gouverneur général des Indes néerlandaises.

• 1860 : traité définitif fixant la frontière néerlando-portugaise à Timor. Publication du Max Havelaar ou les Ventes de café de la société de commerce néerlandaise de Multatuli (pseudonyme d’Eduard Douwes Dekker), violent réquisitoire du cultuurstelsel.

La suppression de la culture obligatoire des épices aux Moluques (1863), de celle du thé, de l’indigo, de la cannelle (1865) et du tabac (1866) à Java et à Sumatra consacre la faillite du système des plantations d’État. Les libéraux en réclament la suppression tant pour des raisons humanitaires que pour des raisons économiques. La loi agraire votée en 1870 supprime le travail forcé des indigènes sur les plantations d’État et ouvre l’Indonésie à l’initiative privée et aux sociétés capitalistes.


La colonisation de l’Indonésie (1870-1916)

• 1873-1904 : guerre contre le sultanat d’Atjeh (Sumatra), dernière puissance indonésienne à reconnaître la souveraineté des Pays-Bas.

• 1898-1910 : les chefs d’Atjeh qui se rendent sont contraints de signer une déclaration laconique (la korte verklaring) de soumission inconditionnelle, contrastant avec les traités traditionnels, plus nuancés. Dans les années qui suivent, la « courte déclaration » est imposée à des centaines de chefs indigènes. Les Pays-Bas étendent leur juridiction à l’intérieur des îles (1 900 000 km2).

• 1901 : le discours du trône fait mention d’obligations morales des Pays-Bas à l’égard de l’Indonésie.

• 1908 : création du Budi Utomo (Boedi Oetomo), mouvement culturel javanais.

• 1911 : création du Sarekat Islam, premier mouvement de masse javanais (parti confessionnel des classes moyennes).

• 1916 : les Pays-Bas proclament le principe d’institutions représentatives dans la colonie.


Du nationalisme à l’indépendance (1916-1949)

• 1918 : première réunion du Volksraad (Conseil du peuple), composé d’Européens, d’Indonésiens, de Chinois et d’Arabes. Le droit de vote est limité (capacitaires-censitaires), et les élections sont indirectes, le gouverneur général désignant par ailleurs un certain nombre de représentants. Le Volksraad n’à qu’une compétence consultative.

• 1920 : création du parti communiste indonésien.

• 1925 : élargissement des pouvoirs du gouverneur général et du Volksraad.

• 1926-27 : soulèvements communistes et interdiction du parti. Le parti national indonésien fondé par le docteur Sukarno rassemble les tendances confessionnelles, nationalistes et socialistes.

• 1927 : majorité indonésienne au Volksraad.

• 1929 : arrestations (Sukarno).

• 1938 : octroi de l’autonomie administrative à Sumatra, à Bornéo, aux Célèbes.

• 1939 : le Congrès du peuple indonésien (regroupement politique) exige l’autonomie.

• 1941-1945 : occupation nippone. Les Japonais libèrent les leaders nationalistes, tout en exploitant économiquement le pays. Après la capitulation du Japon, les nationalistes proclament unilatéralement l’indépendance (17 août 1945), puis la République indonésienne (18 août).

• 1945-1949 : le retour des Hollandais provoque la guérilla. Ceux-ci soutiennent les tendances séparatistes à travers tout l’archipel, tandis que la République indonésienne (Java-Sumatra) poursuit une politique d’union. En 1946, les accords de Linggadjati prévoient pour 1949 la constitution d’une pyramide d’États indonésiens fédéralisés, coiffée par une Union hollando-indonésienne. En 1947, les actions militaires entreprises par les Hollandais déclenchent de nouveau la guérilla, interrompue quelques mois à la suite d’une médiation de l’O. N. U. Une nouvelle intervention de l’O. N. U. aboutit à l’indépendance de la Confédération indonésienne, unie aux Pays-Bas par la Couronne. La Nouvelle-Guinée occidentale (l’Irian Barat) reste une colonie hollandaise.

Sukarno dénoncera l’Union hollando-indonésienne en 1954 et annexera l’Irian en 1963 avec l’approbation de l’O. N. U.


Les Pays-Bas aux Caraïbes

• 1954 : « Statut du royaume », mettant un terme aux liens coloniaux entretenus avec le Surinam et les Antilles néerlandaises, reconnus autonomes (dépendance de la Couronne).

• 1961-62 : le Surinam exige une représentation autonome dans les organisations internationales.

• 1975 : le Surinam devient pleinement indépendant et entre à l’O. N. U.


La présence néerlandaise outre-mer


Insulinde, terre de promission

Le Cap est le seul endroit où les Hollandais se sont établis en nombre, exploitant eux-mêmes le pays. Escale sur la longue route de l’Inde, la colonie pourvoit au ravitaillement des marins. L’âpreté des fonctionnaires de la Compagnie hollandaise des Indes orientales n’est pas étrangère à la progression des Boers à l’intérieur des terres.

Lorsque la Compagnie atteint les Moluques, la culture du giroflier est concentrée à Ternate, à Tidore, à Halmahera, et celle du muscadier à Amboine et aux îles Banda. L’éviction des Portugais et des Anglais des Moluques ne donne pas à la Compagnie le monopole escompté : les indigènes assurent le transport des épices partout où Anglais et Portugais ont conservé des comptoirs. Le contrôle de la navigation indigène se révélant irréalisable, la Compagnie décide de contrôler la production. Se fondant sur la violation des contrats conclus, J. P. Coen recourt à la violence : en 1621, la population des îles Banda est décimée et remplacée. Ses successeurs, alléguant le paiement anticipatif de récoltes non livrées, prononcent la faillite des îles et se les approprient. Dès lors, la Compagnie fixe la production en fonction de la demande européenne et cherche même à provoquer une hausse des prix en imposant des destructions massives. S’assurant à prix d’or le consentement d’autorités indigènes inféodées, elle décrète la destruction systématique du giroflier et du muscadier partout, sauf aux îles Banda à Amboine. Chaque année, des tournées d’inspection sont organisées, et les plantations illicites détruites. Cette mesure consomme la ruine des populations indigènes. Tout au long du xviie s., destructions, révoltes, expéditions punitives se succèdent aux Moluques.