Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Empire colonial néerlandais (suite)

L’essor de l’Empire néerlandais (1644-1780)

• La prise de Pernambouc (Recife) et d’Olinda en 1630 est le prélude à la conquête de tout le Brésil portugais septentrional. Le Brésil néerlandais connaît son apogée sous le gouvernement de Johan Maurits de Nassau-Siegen (1636-1644).

• Celui-ci amène la Compagnie des Indes occidentales à s’intéresser aux côtes du golfe de Guinée, marché d’esclaves. La Compagnie y enlève entre autres Elmina aux Portugais en 1637.

• Sur la route de l’Inde, la Compagnie des Indes orientales s’assure la possession de Sainte-Hélène (1633) et de l’île Maurice (1638) comme points d’attache.

• La révolte du Portugal contre l’Espagne (1640) incite les Hollandais à redoubler leurs attaques : Malacca, dont le détroit relie l’Inde et la Chine, bloquée depuis 1633, succombe en 1641. À partir de 1638, les Hollandais entreprennent avec succès la conquête de Ceylan, l’île de la cannelle. En 1644, lorsque la trêve intervenue en Europe met un terme aux hostilités, seule Colombo reste aux mains des Portugais.

• Au Japon, les Hollandais — installés depuis 1609 à Hirado — sont les seuls Européens encore admis après 1640. Ils sont relégués sur l’île de Dejima (ou Deshima), dans le port de Nagasaki.

• Des explorateurs hollandais découvrent Sakhaline, la Tasmanie, la Nouvelle-Zélande (1642-43).

• La trêve conclue entre le Portugal indépendant (1640) et les Provinces-Unies ne sera respectée en Asie qu’en 1645 ; elle ne le sera jamais dans l’Atlantique.

• 1646-1664 : sous le gouvernement de Pieter Stuyvesant, la pelleterie et même l’agriculture se développent en Nouvelle-Néerlande, qui annexe même la Nouvelle-Suède (Delaware) en 1655. Mais, en 1664, la Nouvelle-Néerlande est absorbée à son tour par la Nouvelle-Angleterre. À la paix de Breda (1667), les Hollandais abandonnent leur colonie en échange de Surinam.

• 1648 : São Paolo de Loanda (Luanda), en Angola, et l’île de São Tomé, dans le golfe de Guinée, sont reconquises par le Portugal.

• 1652 : Jan Van Riebeeck fonde Le Cap, qui deviendra une étape plus avantageuse que Sainte-Hélène (anglaise en 1659) et que l’île Maurice (française en 1715).

• 1654 : après l’indépendance de leur métropole, les colons portugais attaquent le Brésil néerlandais. Les Hollandais, au contraire, se désintéressent de l’Atlantique après la paix signée avec l’Espagne en 1648. Six ans plus tard, ils sont expulsés du Brésil.

• 1658 : conquête définitive de Ceylan.

• 1663 : la diplomatie européenne interrompt la conquête des possessions portugaises sur la côte de Malabār (prise de Cochin en 1663). À la même époque, les Espagnols abandonnent leurs dernières possessions aux Moluques (1658-1663). Les Anglais, réinstallés dans l’archipel des épiées en 1662, se retirent après la paix de Breda (1667). Les Hollandais contrôlent enfin seuls les Moluques.

• 1669 : le trafic interlope des épices par les indigènes prend fin après la soumission de Macassar (Célèbes).


Consolidation des conquêtes en Asie (1675-1780)

Batavia étend son hégémonie en Indonésie, moins en semant la discorde parmi les puissances locales qu’en exploitant les rivalités existantes.

• 1674 : suppression de la Compagnie des Indes occidentales, remplacée par une nouvelle compagnie du même nom avec un capital sensiblement réduit.

• 1677 : guerre de succession brisant la puissance de Mataram ; expansion territoriale de Batavia.

• 1684 : guerre de succession provoquant l’effondrement de Bantam ; domination de Batavia à Java.

• 1705 : dépendance économique de Mataram, grenier à riz de la Compagnie.

• 1755 : division territoriale et dépendance politique de Mataram. Batavia devient la plus grande puissance territoriale de l’île.

Partout ailleurs dans l’archipel (sauf à Sumatra), la Compagnie s’assure au cours du xviiie s. le contrôle économique en passant des contrats avec les potentats locaux. Cependant, seules les plaines côtières sont intégrées au système économique. En Inde, au contraire, la concurrence anglaise se fait sans cesse plus pressante.


Les Pays-Bas, puissance coloniale


La fin des Compagnies et la « protection » britannique (1780-1814)

• 1780-1784 : la quatrième guerre anglo-néerlandaise porte un coup fatal à la Compagnie des Indes occidentales. Le port de Saint-Eustache, occupé et détruit, est ruiné. En Inde, les Hollandais perdent Negapatam. Ils sont contraints d’accorder aux Anglais la liberté de navigation dans les eaux indonésiennes.

• 1791 : l’octroi de la Compagnie des Indes occidentales n’est plus renouvelé. L’État néerlandais prend en charge l’administration en Guinée, en Guyane et aux Antilles.

• 1795 : les Provinces-Unies se transforment en « République batave », satellite de la France. Guillaume V émigré à Londres et concède aux Anglais le droit de protection dans les colonies hollandaises (déclaration de Kew). L’Angleterre occupe Le Cap, Ceylan, les comptoirs de l’Inde et de Sumatra, Malacca, les Moluques et, en Amérique, la Guyane et les Antilles néerlandaises. L’archipel indonésien (Java, Bornéo, les Célèbes), Dejima, au Japon, et Elmina, sur le golfe de Guinée, restent inoccupés.

• 1798 : suppression de la Compagnie des Indes orientales, dont l’octroi expire en 1799.

• 1802 : à la paix d’Amiens, les Hollandais recouvrent leurs territoires, à l’exception de Ceylan.

• 1803 : les Anglais occupent la partie occidentale de la Guyane.

• 1814 : la convention de Londres stipule que l’Angleterre conservera, outre Ceylan, Le Cap et la Guyane occidentale (à partir de 1803, toutes les colonies hollandaises avaient été occupées, sauf Elmina, que les Hollandais céderont à l’Angleterre en 1872, après l’abolition de la traite des Noirs).