Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Empire britannique (suite)

De l’Empire au Commonwealth

La guerre de 1914 va amener un profond changement. Les dominions d’Australie, du Canada et de Nouvelle-Zélande ainsi que l’Inde mobilisent près de 2 millions d’hommes. Ils participent comme des États responsables aux négociations de paix. Il est évident qu’il faut profondément changer la nature de l’Empire britannique. C’est ainsi que va naître le Commonwealth*.

• 1919-1922 : toute une série de mandats est attribuée à l’Angleterre et aux dominions par les traités de paix : le Sud-Ouest africain, le Cameroun, le Tanganyika et le Togo, la Palestine, la Transjordanie et l’Iraq, la Nouvelle-Guinée.

• 1921 : conférence des Premiers ministres de l’Empire, où des forces centrifuges se manifestent nettement.

• 1922 : l’État libre d’Irlande adhère au Commonwealth.

• 1926 : conférence des Premiers ministres. Au cours de discussions difficiles sont précisées les mesures qui vont permettre la naissance du Commonwealth.

• 1931 : le Statut de Westminster définit le British Commonwealth of Nations. Il s’agit d’une association d’États autonomes et égaux, qui ne sont subordonnés en rien les uns par rapport aux autres. Il n’y a plus aucune trace d’esprit colonisateur ; le statut est en outre remarquable par sa souplesse, ce qui permettra au Commonwealth de traverser de dures crises.

• 1935 : l’India Act tente de remédier aux difficultés du pays, où les musulmans de Muhammad Jinnah et le Congrès de Gāndhī* entretiennent l’agitation.

Après la guerre, la décolonisation s’amorce sur une large échelle, et de nombreux pays accèdent à l’indépendance. Certains ont préféré quitter le Commonwealth : l’Irlande en 1949, l’Afrique du Sud en 1961 (en raison du problème de l’apartheid) et la Rhodésie. Cette dernière proclame unilatéralement son indépendance en novembre 1965, situation de fait que la Grande-Bretagne reconnaît en novembre 1971 aux termes d’un accord entre les deux pays, par lequel la Rhodésie s’engage à modifier sa Constitution pour permettre une plus grande participation politique aux Africains. D’autres n’ont pas voulu, en accédant à l’indépendance, adhérer au Commonwealth : c’est le cas par exemple de la Birmanie (1948) et de la fédération d’Arabie du Sud (Yémen du Sud, 1967). La décolonisation s’est remarquablement bien passée, encore que certains des États du Commonwealth aient beaucoup souffert de ses séquelles (conflit indo-pakistanais, guerre du Biafra au Nigeria).

J.-P. G.

➙ Angleterre / Colonisation / Commonwealth / Grande-Bretagne. Voir également au nom des divers pays qui ont constitué l’Empire britannique.

 J. H. Rose, A. P. Newton et E. A. Benians, The Cambridge History of the British Empire (Cambridge, 1929-1963 ; 8 vol.). / T. Harlow, The Founding of the Second British Empire, 1763-1793 (Londres, 1952-1964 ; 2 vol.). / P. Vaucher, l’Empire britannique de 1859 à 1939 (Tournier et Constans, 1953). / H. Gipson, The British Empire before the American Revolution (New York, 1954-1968 ; 14 vol.). / H. Grimal, Histoire du Commonwealth britannique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 3e éd., 1971) ; De l’Empire britannique au Commonwealth (A. Colin, 1971). / P. Walker, The Commonwealth (Londres, 1962). / W. D. Hussey, The British Empire and Commonwealth 1500 to 1961 (Cambridge, 1963). / M. S. Rajan, The Post-War Transformation of the Commonwealth (Londres, 1963). / H. V. Wisemann, Britain and the Commonwealth (Londres, 1965). / W. B. Hamilton et K. Robinson, A Decade of Commonwealth, 1955-1964 (Durham, 1966). / L. Landre, le Commonwealth (C. D. U., 1966-67 ; 2 vol.).

Empire colonial espagnol

Ensemble des pays et territoires colonisés par l’Espagne.



L’Espagne et sa vocation expansionniste

À la fin du xve s., tout se conjugue pour faire de l’Espagne et du Portugal les pionniers des temps modernes.

Par rapport au reste de l’Europe, la péninsule Ibérique jouit du bénéfice de l’antériorité : « Les nouveaux mondes appartiennent d’abord, dans un premier temps, à ceux qui les ont inventés. » (P. Chaunu.) Espagne et Portugal, « frontière de la chrétienté » sur l’Océan, sont naturellement poussés vers « l’invention ultramarine ». À une époque où la seule frontière fondamentale est celle qui coupe à l’est et au sud la Méditerranée en deux, entre chrétienté et pays islamiques, la concentration des forces expansionnistes de l’Europe se porte sur l’Algarve d’abord, puis sur Lisbonne, Niebla et ensuite Séville.

En cinquante ans, de 1212 (victoire de Las Navas de Tolosa) à 1260, la superficie des Espagnes chrétiennes passe du simple au double. L’Espagne, dans le même temps, profite de la grande mutation démographique de l’Europe ; du début du xiiie s. à la veille de la conquête de l’Amérique, la population des royaumes chrétiens de la péninsule Ibérique passe de 3 millions et demi à 8 millions et demi d’âmes : accroissement qui n’a pas son équivalent en Europe occidentale. Pour cette masse, il faut des espaces nouveaux. De plus, Portugal et Andalousie, secteurs privilégiés de la Péninsule, attirent d’importantes colonies d’Italiens du Nord (Génois, Toscans), qui possèdent sur le reste de l’Europe une avance technique considérable ; ils contribuent au repeuplement des villes espagnoles reconquises sur l’islām. Le réseau bancaire et commercial ainsi créé bénéficie, au début du xive s., d’une découverte capitale, la caravelle, découverte d’autant plus importante que, à une époque où toute navigation est étroitement soumise à vents et courants, la côte ibérique, de Porto à Tarifa, jouit de vents favorables.

À ces motifs d’expansion maritime, il faut ajouter les troubles sociaux consécutifs à la fin de la Reconquista et au développement démographique, qui jettent les nobles dans l’aventure d’outre-mer, car l’institution du mayorazgo (droit d’aînesse) enlève toute possibilité de promotion sociale, en métropole, aux cadets de noble lignée.