Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Empire britannique (suite)

• 1553-1555 : déjà, sous l’impulsion de Northumberland et sous le règne de Marie Tudor, Hugh Willoughby († 1554) et Richard Chancellor († 1556), reprenant les plans de Sébastien Cabot, ont découvert la Nouvelle-Zemble. Une compagnie a été formée, qui a reçu sa charte d’incorporation en 1555 : la Compagnie de Moscovie, à la grande satisfaction d’Ivan IV le Terrible, qui est heureux d’avoir un autre interlocuteur que les Hanséates, commerce avec la Russie par Arkhangelsk et la mer Blanche. Mais, à partir de 1557, grâce à Anthony Jenkinson, qui a atteint par terre Boukhara, la Compagnie va entreprendre un fructueux commerce avec la Perse. Toutefois, à partir de 1580, les troubles politiques que connaît l’Asie centrale rendent ce commerce précaire.

Dans les eaux espagnoles et portugaises, malgré la fureur portugaise, John Hawkins (1532-1595), un navigateur de Plymouth, met sur pied un profitable trafic ; il va chercher des Noirs sur la côte africaine (portugaise en principe) et va les revendre comme esclaves dans les possessions espagnoles. Mais les Espagnols sont tout aussi mécontents de ce trafic, et, en 1568, la flotte de Hawkins est détruite à San Juan de Ulúa (Veracruz, Mexique) ; seuls s’échappent les vaisseaux de Hawkins et de Francis Drake (v. 1543-1596), son lieutenant. Dès lors, il devient évident que ce n’est pas le commerce mais la force qui ouvrira la mer aux Anglais. Ainsi s’ouvre l’ère des « sea dogs », les chiens de mer, qui, comme Hawkins, Drake, ou sir Walter Raleigh*, traquent les flottes espagnoles richement chargées. Drake va même plus loin : doublant le cap Horn, il débouche dans l’océan Pacifique, où il n’a aucun mal à surprendre les Espagnols. Pendant ce tour du monde (1577-1580), il engage aussi des négociations avec le sultan des Moluques, heureux de trouver un nouvel interlocuteur. L’Empire espagnol n’est plus impénétrable : et les déboires de l’Invincible Armada vont faciliter la tâche des Anglais (1558).


Les débuts de la colonisation

Peu à peu prend corps l’idée que la colonisation est une nécessité, que ce soit pour des raisons économiques, politiques ou religieuses ; c’est ce qu’exprime un homme comme le géographe Richard Hakluyt (v. 1552-1616), qui publie de 1589 à 1600 le récit des principales explorations maritimes. Une tentative en Floride, en conjonction avec les huguenots de Coligny, échoue d’abord, faute d’organisation (1562-1565). Au cours de la seconde moitié du xvie s., les compagnies à charte, instruments indispensables de la colonisation, se développent. En 1600 est fondée la Compagnie des Indes orientales (East India Company). Le système des compagnies à charte remet entre les mains d’une compagnie privée la tâche de fonder, d’administrer, de défendre et d’exploiter une colonie ; en contrepartie, la compagnie dispose d’un monopole commercial qui peut lui rapporter de gros profits. C’est une solution heureuse : les structures de l’État anglais ne permettaient pas à ce dernier de prendre en charge la colonisation, alors que les hommes capables et les capitaux abondaient dans l’Angleterre de la fin du xvie s. Le démarrage est fait. Symbole de la maturité maritime de l’Angleterre : en 1598, les Hanséates perdent définitivement leurs privilèges commerciaux.


L’empire mercantiliste (xviie-xviiie s.)

On conçoit que, dans ces conditions, la création des colonies est uniquement conçue comme un moyen d’enrichir la métropole, à laquelle les colonies doivent fournir à la fois des matières premières et un débouché pour ses produits fabriqués. Ce système, qui trouve avec Edward Misselden (1608 - v. 1654) son théoricien au début du xviie s., sera porté par Oliver Cromwell* à son degré de rigueur maximal. Mais, s’il a au début des effets heureux (les hauts profits réalisés par les compagnies incitent beaucoup de gens à se lancer dans l’aventure coloniale), il conduira au xviiie s. les colonies anglaises au bord de l’asphyxie. C’est que l’origine religieuse du peuplement de certaines d’entre elles (surtout en Amérique) les rend peu dociles aux injonctions de la métropole, lesquelles sont en outre si contraires à leurs intérêts particuliers.

• 1606 : la Virginie, où les Anglais étaient installés depuis 1584, reçoit sa charte.

• 1609 : occupation des Bermudes.

• 1610 : une compagnie s’établit à Terre-Neuve ; la pêche anglaise connaît un grand essor.

• 1615 : Thomas Roe (v. 1581-1644) obtient du Grand Moghol la permission pour les Anglais de s’établir aux Indes et de s’y gouverner selon leurs propres lois.

• 1618 : les négriers anglais s’installent en Gambie.

• 1620 : arrivée des Pères Pèlerins (« Pilgrim Fathers ») en Nouvelle-Angleterre.

Pendant un temps, l’Amérique va se peupler par l’arrivée de groupes protestants chassés par les persécutions en Angleterre.

• 1623 : les Hollandais massacrent les commerçants anglais installés à Amboine. Dès lors, les Anglais concentrent leurs efforts sur l’Inde.

Thomas Warner établit une colonie dans l’île de Saint Christopher, d’où il conquiert plusieurs des Petites Antilles.

• 1627 : installation des Anglais à la Barbade. Une très importante population blanche s’y installe et prospère vite.

• 1628 : John Endecott (v. 1588-1665) conduit les colons puritains à Salem, dans la baie de Massachusetts.

• 1630 : la Massachusetts Bay Company installe un groupe de colons puritains à Boston.

• 1632 : Cecilius Calvert (1605-1675), 2e lord Baltimore, fonde le Maryland, pour des colons catholiques.

• 1638 : John Davenport (1597-1670) et Theophilus Eaton (1590-1658) fondent la colonie de New Haven.

• 1639 : fondation de Madras.

• 1649 : Cromwell institue la « Commission for Plantations », qui prépare une législation rigoureusement mercantiliste.

• 1651 : l’Acte de navigation interdit aux navires étrangers de commercer avec les colonies anglaises.

• 1652-1654 : guerre contre les Pays-Bas, qui se voient forcés de respecter l’Acte de navigation et d’accorder d’importants avantages commerciaux à l’Angleterre.

• 1655 : la Jamaïque est prise aux Espagnols. La colonisation y connaît un succès encore plus grand qu’à la Barbade.

• 1657 : réorganisation de la Compagnie des Indes orientales.

• 1660 : nouvel Acte de navigation qui renforce les clauses de celui de 1651.

• 1663 : nouvel Acte de navigation (ou « Staple Act »), qui stipule que tous les produits exportés par les colonies doivent passer par l’Angleterre. C’est un coup très dur pour le commerce intercolonial, très important aux Antilles.

Charles II fait don de la Caroline à un groupe de grands seigneurs (les « lords proprietors ») pour qu’ils y installent une colonie.

• 1664 : Nieuw Amsterdam devient New York.

• 1665-1667 : guerre contre les Hollandais.

• 1668 : Charles II fait don de Bombay (dot de sa femme, la reine Catherine de Bragance) à la Compagnie des Indes orientales, déjà installée à Madras.

• 1670 : traité de Madrid ; l’Espagne reconnaît officiellement l’installation des Anglais à la Jamaïque.

• 1670 : création de la Compagnie de la baie d’Hudson.

• 1672 : fondation de la Royal African Company, qui assure le commerce des esclaves.

• 1681 : William Penn (1664-1718) fonde la Pennsylvanie, où se réfugient les quakers.

• 1684-1688 : Charles II retire leurs privilèges aux colonies américaines : mais le « Dominion of New England » ne survit pas à la chute des Stuarts.

• 1696 : création du « Board of Trade ». Sa première mesure est d’interdire le commerce « interlope », c’est-à-dire intercolonial, déjà atteint en 1663. La population blanche installée aux Antilles émigré alors vers les colonies américaines.

• 1699 : des mesures sont prises pour interdire l’expansion de l’industrie lainière américaine, qui concurrence l’industrie anglaise.

• 1701-1714 : guerre de la Succession d’Espagne. Sur le plan colonial, c’est le début d’une rivalité, qui ne prendra fin qu’au xxe s., entre la France et l’Angleterre.

• 1704 : installation des Anglais à Gibraltar.

• 1713 : traité d’Utrecht. La France cède à l’Angleterre Terre-Neuve, la baie d’Hudson et l’Acadie. L’Espagne lui laisse Gibraltar et Minorque, mais surtout lui reconnaît le privilège de l’asiento, ce qui équivaut à une liberté pour les Anglais de commercer avec les colonies espagnoles. La traite des Noirs, en particulier, passe aux mains des Anglais.

• 1733 : « Molasses Act », qui oblige les colonies américaines à se procurer leur sucre dans les Antilles anglaises.

• 1754 : en Inde, où Français et Anglais essayent de profiter de la décadence de l’Empire moghol, les Anglais sont avantagés par le rappel de Dupleix.

En Amérique, la région de l’Ohio est l’enjeu de la rivalité franco-anglaise. Les milices virginiennes commandées par George Washington sont chassées de Fort Necessity par les Français de Fort-Duquesne.

• 1756-1763 : guerre de Sept Ans.

• 1759 : le marquis de Montcalm est battu aux « plaines d’Abraham ».

• 1761 : les Français sont éliminés de l’Inde.