Poète français (Saint-Denis 1895 - Charenton-le-Pont 1952).
Eugène Paul Émile Grindel, dit Paul Éluard, naît d’une famille de petits bourgeois aisés. D’une santé fragile, il fait en Suisse, de 1911 à 1913, un séjour dans un sanatorium. Il profite de ses loisirs pour lire (Baudelaire, Apollinaire, Whitman, les unanimistes) et il écrit ses premiers poèmes. Dès 1914, il est mobilisé. Il n’a pas vingt ans. Avant même d’avoir pu commencer à vivre, il connaît les horreurs de la guerre, qu’il ne trouve pas « jolie ». Sa sensibilité en restera profondément éprouvée. Dès la fin de la guerre, il trouve une réponse à sa révolte horrifiée en participant au mouvement dada* (les Animaux et leurs hommes. Les hommes et leurs animaux, 1920 ; les Nécessités de la vie et les Conséquences du rêve, 1921). Il sera ensuite, avec André Breton*, un membre actif du groupe surréaliste : participation aux revues, aux manifestations surréalistes ; publication de Ralentir travaux (1930) en collaboration avec Breton et René Char*. En 1924, il disparaît subitement. Il revient sept mois plus tard d’un long voyage « idiot » (Océanie, Malaisie, Inde). En 1926 paraît le recueil qui l’affirmera comme un poète important, Capitale de la douleur.
À l’exemple de beaucoup de surréalistes, Éluard adhère au parti communiste (1927), qu’il quitte en 1933, en compagnie de Breton, à la suite de l’« affaire Aragon ». Malgré cette rupture, il continue de militer dans des organisations de gauche. Il prend parti pour les républicains espagnols (la Victoire de Guernica, 1938), sur les problèmes politiques et sociaux (Poèmes politiques, 1948). À partir de 1940, sa vie se confond avec celle de la Résistance (Poésie et Vérité, 1942, où figure le fameux poème « Liberté »), comme elle s’était assimilée à celle du surréalisme jusqu’en 1938, date de sa séparation d’avec Breton. La Résistance est pour lui l’occasion de renouer avec le parti communiste. La guerre terminée, Éluard voyage à travers le monde (Italie, Yougoslavie, Pologne, U. R. S. S., Grèce). Devenu le poète de la Résistance, il est le symbole d’un idéal de liberté et de fraternité.
Mais Éluard reste avant tout le poète de l’amour. Tout problème, quel qu’il soit, se rattache à ce sentiment qui commande à ses joies et à ses peines. La paix retrouvée en 1918 correspond pour lui à la joie de retrouver Gala, rencontrée durant son séjour en sanatorium et qu’il a épousée en 1917. Livré à lui-même, que ce soit après sa séparation d’avec Gala (1930) ou après la mort de Nusch, sa seconde femme (1946), Éluard s’invente des femmes mythiques ou réelles pour retrouver ce lien au monde qui lui est essentiel : « C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde. » La femme est la médiatrice entre le poète et l’univers ; elle le « met au monde ». En 1949, il épouse Dominique et retrouve de nouveau la joie de vivre — « c’est le couple Adam et Eve qui est et n’est pas le premier » —, juste avant de mourir en 1952, emporté par une angine de poitrine.
M. B.
➙ Breton (André) / Dada / Surréalisme.
L. Parrot, Paul Éluard (Seghers, 1944 ; nouv. éd. en coll. avec J. Marcenac, 1965). / Éluard, numéros spéciaux de la revue Europe (1953 et 1962). / L. Perche, Paul Éluard (Éd. universitaires, 1964). / R. D. Valette, Éluard, livre d’identité (Tchou, 1964). / L. Decaunes, Paul Éluard (Subervie, Rodez, 1965). / M. Meuraud, l’Image végétale dans la poésie d’Éluard (Minard, 1966). / R. Jean, Éluard par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1968). / R.-J. Ségalat, Album Éluard (Gallimard, 1968). / M.-R. Guyard, le Vocabulaire politique de Paul Éluard (Klincksieck, 1974). / J.-Y. Debreuille, Éluard ou le Pouvoir du mot (Nizet, 1977).
Les principales œuvres de Paul Eluard
1917
le Devoir et l’inquiétude.
1918
Poèmes pour la paix.
1920
les Animaux et leurs hommes. Les hommes et leurs animaux.
1924
Mourir de ne pas mourir.
1926
Capitale de la douleur.
1928
Défense de savoir.
1929
l’Amour, la poésie.
1932
la Vie immédiate.
1934
la Rose publique.
1935
Nuits partagées.
1936
les Yeux fertiles.
1937
les Mains libres.
1939
Donner à voir.
1942
Poésie et Vérité, 1942.
1944
Au rendez-vous allemand.
1946
Poésie ininterrompue.
le Dur Désir de durer.
1947
Le temps déborde (sous le pseudonyme de Didier Desroches).
Corps mémorable (sous le pseudonyme de Brun).
1948
Poèmes politiques.
1949
Une leçon de morale.
1951
le Phénix.
Tout dire.
1953.
Poésie ininterrompue (tome II).
1964
le Poète et son ombre.