Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Ellorā ou Elūrā (suite)

La sculpture architecturale est, dans l’ensemble, marquée par une tendance à la complication : de plus en plus lourds et surchargés, les piliers voient leur fût envahi par les décors au profit de la base et du chapiteau. Les scènes en haut relief représentent, par contre, l’apogée de l’art post-gupta, dont elles constituent le plus important ensemble, essentiellement brahmanique. Nombre de compositions des caves 14 et 15 sont des chefs-d’œuvre alliant dynamisme et équilibre. Au Kailāsa se manifeste parfois une certaine recherche de pittoresque, de gracilité qui semble annonciatrice d’une décadence précisée à Dumār Leṇa.

Il subsiste à Ellorā quelques vestiges de peinture murale (Kailāsa) qui sont loin de montrer des qualités comparables à celle d’Ajaṇṭā.

J. B.

➙ Bouddhisme / Inde.

 J. Burgess, The Rock Temples of Elūrā or Verul (Bombay, 1887) ; Report on the Elūrā Cave Temples and the Brahmanical and Jaina Caves in Western India (Londres, 1883). / J. Fergusson et J. Burgess, The Cave Temples of India (Londres, 1880). / R. S. Gupte et B. D. Mahajan, The Tourist’s Guide to Ellora Caves (Aurangabad, 1956) ; Ajanta, Ellora and Aurangabad Caves (Bombay, 1962).

Éluard (Paul)

Poète français (Saint-Denis 1895 - Charenton-le-Pont 1952).


Eugène Paul Émile Grindel, dit Paul Éluard, naît d’une famille de petits bourgeois aisés. D’une santé fragile, il fait en Suisse, de 1911 à 1913, un séjour dans un sanatorium. Il profite de ses loisirs pour lire (Baudelaire, Apollinaire, Whitman, les unanimistes) et il écrit ses premiers poèmes. Dès 1914, il est mobilisé. Il n’a pas vingt ans. Avant même d’avoir pu commencer à vivre, il connaît les horreurs de la guerre, qu’il ne trouve pas « jolie ». Sa sensibilité en restera profondément éprouvée. Dès la fin de la guerre, il trouve une réponse à sa révolte horrifiée en participant au mouvement dada* (les Animaux et leurs hommes. Les hommes et leurs animaux, 1920 ; les Nécessités de la vie et les Conséquences du rêve, 1921). Il sera ensuite, avec André Breton*, un membre actif du groupe surréaliste : participation aux revues, aux manifestations surréalistes ; publication de Ralentir travaux (1930) en collaboration avec Breton et René Char*. En 1924, il disparaît subitement. Il revient sept mois plus tard d’un long voyage « idiot » (Océanie, Malaisie, Inde). En 1926 paraît le recueil qui l’affirmera comme un poète important, Capitale de la douleur.

À l’exemple de beaucoup de surréalistes, Éluard adhère au parti communiste (1927), qu’il quitte en 1933, en compagnie de Breton, à la suite de l’« affaire Aragon ». Malgré cette rupture, il continue de militer dans des organisations de gauche. Il prend parti pour les républicains espagnols (la Victoire de Guernica, 1938), sur les problèmes politiques et sociaux (Poèmes politiques, 1948). À partir de 1940, sa vie se confond avec celle de la Résistance (Poésie et Vérité, 1942, où figure le fameux poème « Liberté »), comme elle s’était assimilée à celle du surréalisme jusqu’en 1938, date de sa séparation d’avec Breton. La Résistance est pour lui l’occasion de renouer avec le parti communiste. La guerre terminée, Éluard voyage à travers le monde (Italie, Yougoslavie, Pologne, U. R. S. S., Grèce). Devenu le poète de la Résistance, il est le symbole d’un idéal de liberté et de fraternité.

Mais Éluard reste avant tout le poète de l’amour. Tout problème, quel qu’il soit, se rattache à ce sentiment qui commande à ses joies et à ses peines. La paix retrouvée en 1918 correspond pour lui à la joie de retrouver Gala, rencontrée durant son séjour en sanatorium et qu’il a épousée en 1917. Livré à lui-même, que ce soit après sa séparation d’avec Gala (1930) ou après la mort de Nusch, sa seconde femme (1946), Éluard s’invente des femmes mythiques ou réelles pour retrouver ce lien au monde qui lui est essentiel : « C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde. » La femme est la médiatrice entre le poète et l’univers ; elle le « met au monde ». En 1949, il épouse Dominique et retrouve de nouveau la joie de vivre — « c’est le couple Adam et Eve qui est et n’est pas le premier » —, juste avant de mourir en 1952, emporté par une angine de poitrine.

M. B.

➙ Breton (André) / Dada / Surréalisme.

 L. Parrot, Paul Éluard (Seghers, 1944 ; nouv. éd. en coll. avec J. Marcenac, 1965). / Éluard, numéros spéciaux de la revue Europe (1953 et 1962). / L. Perche, Paul Éluard (Éd. universitaires, 1964). / R. D. Valette, Éluard, livre d’identité (Tchou, 1964). / L. Decaunes, Paul Éluard (Subervie, Rodez, 1965). / M. Meuraud, l’Image végétale dans la poésie d’Éluard (Minard, 1966). / R. Jean, Éluard par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1968). / R.-J. Ségalat, Album Éluard (Gallimard, 1968). / M.-R. Guyard, le Vocabulaire politique de Paul Éluard (Klincksieck, 1974). / J.-Y. Debreuille, Éluard ou le Pouvoir du mot (Nizet, 1977).

Les principales œuvres de Paul Eluard

1917

le Devoir et l’inquiétude.

1918

Poèmes pour la paix.

1920

les Animaux et leurs hommes. Les hommes et leurs animaux.

1924

Mourir de ne pas mourir.

1926

Capitale de la douleur.

1928

Défense de savoir.

1929

l’Amour, la poésie.

1932

la Vie immédiate.

1934

la Rose publique.

1935

Nuits partagées.

1936

les Yeux fertiles.

1937

les Mains libres.

1939

Donner à voir.

1942

Poésie et Vérité, 1942.

1944

Au rendez-vous allemand.

1946

Poésie ininterrompue.

le Dur Désir de durer.

1947

Le temps déborde (sous le pseudonyme de Didier Desroches).

Corps mémorable (sous le pseudonyme de Brun).

1948

Poèmes politiques.

1949

Une leçon de morale.

1951

le Phénix.

Tout dire.

1953.

Poésie ininterrompue (tome II).

1964

le Poète et son ombre.