Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Éléphant (suite)

Biologie des Éléphants

Les Éléphants sont de grands herbivores qui peuplent la région tropicale forestière et la savane. Vers 1875, on les rencontrait en Afrique, au sud du Sahara, de Dakar jusqu’au Tchad, suivant le parallèle de Tombouctou, jusqu’à la côte sud. Depuis cent ans, d’immenses régions ont été désertées par des troupeaux pourchassés sans trêve. Cependant, en Côte-d’Ivoire et au Cameroun, en particulier, des mesures de protection ont été prises pour sauvegarder ces troupeaux, et les effectifs s’y maintiennent.

En Asie, on le trouve en Inde, à Ceylan, en Birmanie, en Thaïlande, dans toute l’Indochine et à Sumatra. C’est ici un animal des régions forestières.

Les Éléphants vivent en troupeaux de 15 à 30 individus, constitués de femelles suitées de leur descendance, de jeunes mâles et femelles et de quelques mâles adultes seulement. Ces troupeaux se déplacent sans arrêt, de jour comme de nuit, pour pacager. Ils seraient d’ailleurs plutôt nocturnes. Ils sont gros mangeurs et on estime qu’il faut 8 km2 d’espace vital pour nourrir un gros adulte. En jardins zoologiques, les Éléphants reçoivent une ration de 45 à 50 kg de végétaux secs (graines et fourrages) par jour, ce qui correspond à une ration en matière végétale fraîche de 450 kg ! La nourriture d’un africain à l’état sauvage se compose de Graminacées, d’écorces d’arbres, de feuillages, de fruits. Il affectionne particulièrement les fruits du Manguier, les troncs de Bananiers, qu’il écrase avec ses pattes pour en extraire la moelle, les tiges terminales du Palmier à huile Elaeis, sans compter les cultures vivrières des indigènes (Maïs, Mil) et les arbres fruitiers qu’il peut rencontrer dans leurs jardins, dont il abat les fruits et les feuilles.

En général, en Afrique, les troupeaux se déplacent de point d’eau en point d’eau, car le besoin de liquide est impérieux. Ces déplacements ont lieu soit de jour, soit de nuit. Par très forte chaleur, l’animal se met au frais au plus profond de la forêt et pacage tranquillement, pour reprendre ses pistes plus tard. Il peut effectuer des trajets de 100 km par jour. Quand il est poursuivi, il arrive à fuir à grande vitesse (près de 60 km/h). Au pas, il « marche l’amble » à 5 km/h environ.

De tout temps, on a épilogue sur l’aptitude au dressage de ces animaux. C’est probablement en Inde que les Éléphants furent d’abord domestiqués, puis utilisés très rapidement dans les combats.

En Inde et en Indo-Malaisie, on les utilise pour des transports lourds, dans les scieries mécaniques et dans les exportations forestières pour déplacer des billes de bois par traction. Ils savent également empiler des planches et même trier ces planches suivant leur épaisseur.

Léopold II, roi des Belges, qui, lors d’un voyage à Ceylan, avait été frappé par les travaux qu’il avait vu accomplir par des Éléphants, installa une station de domestication au Congo belge, à Lira Vanga. Plus tard, cette station fut dédoublée, et une autre station fut installée à Api, puis à Gangala-na-Bodio. Dans ces fermes de domestication et d’élevage d’Éléphants, on a pu faire des observations de grand intérêt. L’Éléphant ne peut se reproduire qu’à partir de l’âge de 15 ans. Le jeune naît en présentation céphalique après une gestation de 2 à 23 mois et mesure 85 à 95 cm de haut, pesant 85 à 90 kg. C’est un charmant petit animal recouvert d’un duvet noirâtre, qui tombe rapidement. Il se tient debout 2 heures après sa naissance et marche le lendemain soir. À l’âge d’un an, il peut s’intégrer à un troupeau et prendre la fuite à la vitesse de 40 km/h, si le troupeau est en danger. À 2 ans, il peut être sevré : il mesure alors 1,15 m. Pendant 5 ans, il grandit à la cadence de 10 cm par an ; à 7-8 ans, il continue à grandir, mais plus lentement, et cela jusqu’à 25-30 ans, âge où la taille d’adulte est définitivement atteinte.

La longévité atteint 70 ans en moyenne.

Les Éléphants sont doués d’une grande mémoire, qu’ils utilisent dans la nature pour s’orienter. Très sociables, ils se sentent solidaires les uns des autres ; lorsqu’un chasseur a blessé un Éléphant, bien souvent quelques individus, au lieu de fuir, quittent le troupeau pour aller porter secours au blessé. Les congénères qui ont assisté de près à la scène viennent l’aider à se remettre sur ses pattes et l’encadrent pour l’aider à fuir et le mettre ainsi hors de danger.

Dans tous les territoires d’outremer, les Éléphants sont des animaux protégés, mais de trop nombreux sujets sont encore la proie des braconniers ou de chasseurs peu scrupuleux. Quand les populations africaines auront suffisamment de nourriture protéique d’origine animale, les massacres s’arrêteront, car cette chasse est dangereuse et elle risque, si elle n’est pas réglementée, de faire disparaître le plus majestueux représentant de la grande faune sauvage.

P. B.

 F. Melland, les Éléphants d’Afrique (Payot, 1939). / F. Fallon, l’Éléphant africain (Van Campenhout, Bruxelles, 1944). / A. Jeannin, l’Éléphant d’Afrique, zoologie, histoire, folklore, protection (Payot, 1947). / H. Schouteden, Faune du Congo belge et du Ruanda-Urundi (Bruxelles, 1948). / P. L. Dekeyser, les Mammifères de l’Afrique noire française (I. F. A. N., Dakar, 1956).

élevage

Production et entretien des animaux domestiques.



Place et produits de l’élevage

L’élevage tient un rôle de premier plan dans l’économie rurale moderne. Les produits qu’il fournit sont nécessaires à l’alimentation humaine. Les rations ne sont équilibrées que si elles comportent une certaine quantité de protides, dont le corps humain ne peut réaliser la synthèse. Les végétaux, les légumineuses en particulier, fournissent une partie de ces éléments, mais sous une forme imparfaitement assimilable. C’est le règne animal qui livre les produits les plus intéressants : la pêche peut subvenir à une partie des besoins en ce domaine, mais on arrivera vite à utiliser la quasi-totalité des ressources de cueillette fournies par la mer. Le développement de la consommation ne pourra être assuré que par l’essor de l’élevage.