Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

électrocution (suite)

Prévention

Les méthodes préventives doivent tenir compte de la cause de l’électrocution et surtout de l’intensité des courants électriques, la contraction musculaire prolongée tétanique se produisant aux environs d’une intensité de 9 mA. On admet qu’un courant de 80 mA passant dans la région cardiaque peut déterminer la mort par fibrillation du cœur, si le courant passe à la fin de la systole (pendant l’onde T de l’électrocardiogramme).

Il est à noter que, pour les courants d’intensité très supérieure, la fibrillation cardiaque est plus rare, mais les brûlures et les complications secondaires parfois mortelles sont beaucoup plus fréquentes.

Ce rôle de l’intensité du courant électrique oblige donc à assurer une protection individuelle par gants et ceintures de sécurité, à utiliser du matériel strictement isolé, et, en particulier lorsqu’un contact est susceptible de se produire, à utiliser autant que possible un courant de basse tension (24 V) obtenu avec des transformateurs véritables (et non des autotransformateurs), enfin à mettre à la terre toutes les machines fonctionnant électriquement. Dans des conditions de bonne conduction cutanée électrique, un courant de 110 V peut en effet être mortel, et l’utilisation d’énergie sous voltage moyen (380 V) accroît considérablement les risques.

E. F.

électrodiagnostic

Procédé d’étude des nerfs et des muscles par les courants électriques. Les investigations que permet l’électrodiagnostic sont indispensables dans plusieurs disciplines médicales et particulièrement en neurologie.



L’électrodiagnostic de stimulation

Il est fondé sur la possibilité d’une excitation transcutanée des muscles soit au niveau de leur nerf, soit au niveau du point moteur musculaire.

À partir d’une intensité minimale, dite « seuil d’excitation », le courant électrique provoque une contraction musculaire. Une électrode indifférente de larges dimensions assure le passage du courant, une électrode active isolée et tenue en main par l’électrologiste est appliquée sur les troncs nerveux et sur le point moteur du muscle qu’il importe de bien connaître. L’exploration se fait en premier lieu avec le courant faradique obtenu par une bobine d’induction. Dans l’état physiologique normal, on observe des secousses croissantes avec l’intensité du courant. À l’état pathologique, on constate soit une hyperexcitabilité, soit une hypoexcitabilité qui, dans les cas extrêmes, peut aboutir à une inexcitabilité totale (réaction de Duchenne).

L’exploration galvanique vient ensuite. Grâce à un générateur continu à basse tension et à une « clef de Courtade », qui permet des passages rapides de courant de sens alterné, en faisant varier progressivement l’intensité du courant, on détermine le seuil d’excitabilité (il est très important, dans les lésions unilatérales, de comparer les réactions électriques avec celles du côté sain).

Outre ces modifications quantitatives des réactions électriques, telles que l’élévation du seuil d’excitabilité, il importe d’apprécier les modifications qualitatives des réponses musculaires, dont la plus importante est la lenteur de la secousse, qui peut prendre un aspect vermiculaire et traînant très caractéristique (réaction de R. Remak). D’autres modifications peuvent être mises en évidence : réaction myotonique et galvanotonique, inversion de la formule polaire (réaction de W. H. Erb). Le groupement des réactions élémentaires constitue la réaction de dégénérescence, qui peut être partielle ou totale, avec inexcitabilité complète.


La mesure des chronaxies

L’électrodiagnostic ne saurait être complet sans la mesure des chronaxies : le temps de passage du courant nécessaire pour obtenir une contraction est en effet un élément essentiel du diagnostic neuro-musculaire. Des appareils d’une grande précision, permettant d’évaluer des temps variant de 0,05 à 60 ms, sont utilisés : rhéotome balistique de G. Weiss, égersimètre, qui en dérive, chronaximètre de Louis Lapicque (1866-1952) et enfin décharge de condensateurs (Georges Bourguignon [1876-1963]). La mesure de la chronaxie est un moyen précis d’analyse neuro-musculaire : de graves modifications physiopathologiques peuvent avoir des traductions minimes à l’électrodiagnostic classique alors que les chronaxies sont profondément perturbées.


L’électrodiagnostic de détection, ou électromyographie

Cette méthode, très différente des précédentes, consiste à recueillir les courants électriques dits « d’action » qui parcourent les fibres musculaires lors de leurs contractions, et à les amplifier pour les enregistrer.

Deux conducteurs isolés sont enfoncés dans le muscle (aiguilles fines de D. W. Bronk). L’enregistrement obtenu traduit l’état de la grappe myoneurale, c’est-à-dire du groupement neuro-musculaire formé par une fibre nerveuse et les myones (unités élémentaires des muscles striés) auxquels elle transmet l’influx nerveux.

L’électromyogramme est étudié au repos, lors de la contraction musculaire (ondes de Piper) et en stimulation. On détermine ainsi la forme et la durée des réponses, la vitesse de conduction de l’influx, les résultats des stimulations prolongées.

Ainsi pratiqué, l’électrodiagnostic joue un rôle important dans l’étude et le pronostic des lésions traumatiques nerveuses : section complète ou partielle. Il précise ou élimine une lésion neuro-musculaire. Il permet de surveiller l’évolution d’une atteinte nerveuse. Il est le témoin objectif d’un début de réinnervation.

Dans les syndromes neurogènes non traumatiques, son rôle n’est pas moins important, qu’il s’agisse des processus aigus (poliomyélite antérieure) ou chroniques (sclérose latérale amyotrophique, maladie de Werdnig-Hoffmann, maladie de Charcot-Marie). Les syndromes myogènes (myosites et myopathies) fournissent des modifications très caractéristiques des réactions électriques.

L’électrodiagnostic permet d’affirmer l’existence d’une lésion neuro-musculaire en éliminant les lésions vasculaires ou articulaires ainsi que les simulations et les syndromes fonctionnels. On peut, grâce à lui, contrôler l’évolution des lésions et diriger les thérapeutiques, en particulier l’électrothérapie.

E. W.