Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

électrochimie (suite)

Passivité

Elle se manifeste pour certains métaux. Le fer peut être pris comme exemple. Dans une cellule électrolytique où l’anode est en fer, on observe la dissolution du métal à l’état de Fe2+. Cependant, si l’on accroît suffisamment le potentiel de cette électrode, le courant devient brusquement presque nul et la dissolution cesse : le fer est devenu passif par la formation d’une mince couche d’oxyde. Une nouvelle augmentation du potentiel de l’électrode n’amènerait qu’un dégagement d’oxygène ; une diminution amène par contre la cessation de la passivité. Ce phénomène est à rapprocher de la passivité que manifeste Fe vis-à-vis de HNO3.


Applications de l’électrochimie

Elles sont très importantes. On prépare, par électrolyse aqueuse, des gaz (H2, O2, Cl2...), des solutions (H2O2, chlorures décolorants, soude...) et des métaux (Zn, affinage du cuivre) ainsi que, par électrolyse ignée, les métaux alcalins et alcalino-terreux, l’aluminium, etc. On utilise des piles, des accumulateurs ; certaines piles à combustibles sont déjà en service, d’autres sont à l’étude ; on produit des dépôts métalliques reproduisant la forme d’un moule (galvanoplastie) ou protégeant un métal altérable (galvanostégie) ; on soustrait à la corrosion des métaux comme le fer par protection dite « cathodique », ce métal servant de cathode dans une cellule électrolytique dont l’anode est sacrifiée ; l’emploi d’un métal comme anode permet enfin ou bien son polissage électrolytique, ou bien sa protection par formation d’une couche d’oxyde (anodisation).

R. D.

 E. et G. Darmois, Électrochimie théorique (Masson, 1960). / J. Besson, l’Électrochimie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962, 2e éd., 1967). / G. Milazzo et coll., Électrochimie (Dunod, 1969, 2 vol.). / M. Quintin, Électrochimie (P. U. F., 1970).

électrochoc

Méthode de traitement psychiatrique consistant à faire passer un courant électrique dans les centres nerveux.


L’électrochoc, encore appelé convulsivothérapie électrique, sismothérapie ou électroplexie, apporta en son temps une véritable révolution à la psychiatrie. La naissance de l’électrochoc se situe en 1938 et découle des travaux des Italiens Ugo Cerletti et Lucio Bini. D’abord accueillis avec scepticisme, les chocs électriques eurent rapidement des résultats si éloquents que leur vogue ne tarda pas à s’imposer universellement. Les indications d’origine en furent les schizophrénies. En fait, on se rendit compte que les effets des électrochocs dans cette affection étaient médiocres. Par contre, dès 1942, les psychiatres obtinrent la guérison spectaculaire des états mélancoliques profonds qui étaient encore au-delà de toute ressource thérapeutique. Devant ces guérisons, il y eut même une vogue excessive des électrochocs. La découverte des neuroleptiques, puis des thymoanaleptiques, ou antidépresseurs, allait ensuite restreindre le champ d’application de l’électrochoc sans jamais le supplanter totalement. Il faut savoir qu’actuellement l’électrochoc reste irremplaçable dans certaines affections.

On applique aujourd’hui la méthode dans des conditions parfaites de sécurité et d’innocuité pour les malades.

Le principe est de faire passer un courant électrique pendant un temps très bref à travers les hémisphères cérébraux grâce à deux électrodes placées symétriquement de chaque côté du crâne. En l’absence d’anesthésie, on obtenait ainsi une crise convulsive généralisée avec perte de conscience suivie d’amnésie complète, le malade ne gardant aucun souvenir du choc électrique. On utilise généralement l’appareil de Lapicque et Rondepierre, qui permet de délivrer un courant alternatif sinusoïdal à 110 V sous une intensité variant de 0 à 250 mA et pendant un temps allant de 1/10 de seconde à 1 seconde. Actuellement, l’électrochoc se fait sous narcose et curarisation. Le malade s’endort préalablement grâce à une injection intraveineuse de barbiturique, puis on lui administre une substance curarisante qui détermine un relâchement musculaire complet. Le choc électrique est alors appliqué sans qu’aucune convulsion, contracture ou tremblement n’apparaisse au niveau des membres ni du tronc. L’électrochoc sous narcose et curarisation est donc une méthode douce, efficace et sans aucun danger. Il n’y a aucune angoisse chez le malade, qui n’assiste pas aux préparatifs du choc et qui se réveille progressivement et agréablement.

La cure d’électrochocs comporte habituellement de 6 à 8 séances, mais on peut en faire une plus longue série quand l’état du malade l’exige. On peut associer au cours du traitement des sédatifs, des tranquillisants ou même certains antidépresseurs.

Le seul inconvénient réside dans l’existence, d’ailleurs inconstante et très variable d’un patient à l’autre, de troubles de la mémoire. Ces troubles sont en fait toujours transitoires et complètement régressifs. Il n’y a aucune atteinte vraie des fonctions intellectuelles.

On a proposé ces dernières années une autre technique d’administration du choc électrique : c’est l’électrochoc unilatéral, dans lequel les électrodes sont placées toutes deux du même côté du crâne dans la région temporopariétale au niveau de l’hémisphère mineur, le droit chez le droitier et inversement. Cette technique supprime dans des proportions notables les petits troubles de la mémoire des faits récents que l’on peut observer avec l’électrochoc classique bilatéral.

Les indications de la convulsivothérapie électrique sont aujourd’hui bien précisées. Elles se limitent aux états dépressifs, surtout les états dépressifs de structure mélancolique, aux bouffées délirantes, ou psychoses délirantes aiguës, à certains états maniaques résistant à la chimiothérapie, aux poussées aiguës des psychoses chroniques. La meilleure indication demeure de très loin la dépression mélancolique, où l’effet est spectaculaire. Beaucoup plus rarement, on appliquera l’électrochoc à des états anxieux aigus au cours des névroses, mais celles-ci demeurent beaucoup plus accessibles à la psychothérapie et aux chimiothérapies.