Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Égypte (suite)

Les progrès de l’industrialisation

En même temps qu’il s’efforçait d’imposer une première réforme agraire, le gouvernement révolutionnaire de 1952 a fixé les grandes lignes du développement industriel en fondant celui-ci sur une étude prospective et une exécution planifiée. Deux types d’entreprises concourent à ce développement industriel. D’une part, les industries sidérurgiques et métallurgiques, placées entièrement sous le contrôle de l’État, même lorsqu’elles comportent un financement privé. D’autre part, les industries légères, laissées à l’initiative privée, restent sous un contrôle de l’État veillant à empêcher la création de tout monopole.

Compte tenu des extensions de superficies cultivables attendues de la création du haut barrage, les progrès démographiques de l’Égypte imposent la création d’environ un demi-million d’emplois par an dans les années à venir. L’industrialisation devrait absorber une partie de ce croît de main-d’œuvre. Limitée jusqu’ici par l’insuffisance des sources d’énergie, l’industrie doit bénéficier à la fois des progrès de l’extraction pétrolière (17 Mt en 1970 malgré l’occupation des champs du Sinaï) et, surtout, de la production électrique du haut barrage (10 TWh). La première mutation importante dans le domaine de l’utilisation de l’énergie est le passage partiel de l’alimentation au charbon à l’utilisation de l’électricité dans les usines sidérurgiques d’Hélouân (Ḥilwān) [complexe d’Abou-Zabal], où est utilisé le minerai d’Assouan (0,5 Mt). La production d’acier et de produits semi-ouvrés est de l’ordre de 250 000 à 300 000 t.

Les industries métallurgiques dérivées englobent la production automobile (4 000 véhicules), le matériel de chemin de fer, les appareils utilitaires (fourneaux, machines à coudre, meubles et huisseries métalliques, etc.).

La seconde industrie favorisée par le Plan est celle des produits chimiques et en premier lieu celle des engrais destinés à compenser les apports moindres de limon par les eaux d’irrigation. Les superphosphates obtenus à partir des phosphates de la région de Louqsor (0,6 Mt), mais aussi les nitrates et sulfates de synthèse assurent une production totale proche de 1 Mt.

De même, il faut souligner les progrès de l’industrie des ciments, dont la production a plus que triplé depuis 1952 (3,6 Mt) tandis que l’industrie des sanitaires était créée. La multiplication des petites usines de produits chimiques, d’appareils électriques, électroménagers, radiophoniques a été systématiquement développée.

L’industrie textile, la plus ancienne et la plus importante (32 p. 100 du produit industriel), utilise en partie la production cotonnière nationale (176 000 t de filés de coton) ; des usines de textiles artificiels, de filature et de tissage du jute ont également été créées.

Enfin, l’industrie alimentaire repose sur les conserveries, les huileries (huile de graine de coton, 132 000 t), les fabriques de boissons, etc., dispersées dans les villes du Delta et de la zone du canal.

Durant les cinq années du premier Plan (1960-1965), les investissements dans le secteur industriel ont dépassé les 400 millions de livres égyptiennes. Ainsi, la valeur de la production industrielle a augmenté de 50 p. 100 durant la même période. Entre les mêmes dates, l’emploi industriel est passé de 601 800 à 825 000 ouvriers. Les revenus industriels ont progressé de façon encore plus spectaculaire, de 256 à 423 millions de livres. L’indice de production industrielle est passé de 37 en 1960 à 113 en 1972. La part de l’industrie dans le produit national brut est passée de 10 p. 100 en 1952 à 21 p. 100 en 1971, alors que, cette dernière année, l’agriculture n’en représente plus que 26 p. 100, la construction, 4 p. 100, le commerce et les banques, 8 p. 100, les transports, 4 p. 100 et les autres activités de service, 37 p. 100.


Les voies de communication

Le domaine des transports reste particulièrement important dans l’exécution du Plan de développement. L’axe méridien du Nil comporte la triple possibilité de desserte des voies terrestres : route, chemin de fer et navigation. Cette dernière, cependant, est limitée par les plus hautes et les plus basses eaux du fleuve. Elle reste l’antique moyen de transport, encore utilisé par les agriculteurs et les acheteurs de la production. Environ 75 p. 100 du tonnage de coton produit en Haute-Égypte gagnent Alexandrie par voie d’eau.

Le réseau ferré égyptien a ses lettres de noblesse. La première voie ferrée Alexandrie - Le Caire date de 1857. Le réseau dépasse les 3 000 km. Les principales lignes sont : Alexandrie - Marsa-Matrouh et Tobrouk en Libye, Le Caire - Port-Saïd et Le Caire - Suez. L’axe Alexandrie-Assouan pourrait être relié à la ligne soudanaise Ouadi-Halfa - Khartoum. Le réseau est desservi par traction Diesel ou électrique. Les tonnages et le nombre de voyageurs transportés ont plus que doublé depuis 1952.

Le réseau routier, plus souple, double le réseau ferré et permet en outre d’atteindre les oasis du désert Libyque et, par des transversales montagneuses, la route de la mer Rouge. Entre Assouan et Ouadi-Halfa le bateau est seul utilisable.

Le canal de Suez, nationalisé depuis 1956 et impropre à la navigation depuis les événements de 1967, a repris en 1975 une activité qui n’avait cessé de progresser, de 76 Mt en 1954 à 241 Mt en 1966. Actuellement, les grandes sociétés pétrolières se sont orientées vers le transport par pétroliers géants de plus de 100 000 t, impropres au franchissement du canal et qui doivent contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. La réouverture permet la reprise du trafic traditionnel par des vaisseaux ne dépassant pas 10 m de tirant d’eau, en attendant l’élargissement et l’approfondissement prévus. Toutefois, l’avenir est incertain avec l’accroissement continu du tonnage des pétroliers, dépassant couramment 200 000 t de port en lourd.