Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alimentation rationnelle du bétail (suite)

L’utilisation digestive des matières azotées alimentaires est variable selon les espèces : chez les ruminants, les micro-organismes de la panse sont susceptibles d’utiliser les différentes formes d’azote alimentaire (azote protéique, acides aminés libres, amides, ammoniaque) pour synthétiser des protides microbiens, qui vont se trouver, une fois passés à travers la caillette et l’intestin, digérés par l’animal hôte. Ce dernier trouve ainsi tous les acides aminés dont il a besoin, alors que chez les monogastriques et les volailles, où ce processus n’existe pas, l’animal est dépendant, pour son approvisionnement en acides aminés, de la fourniture des aliments, essentiellement végétaux, qu’il consomme, d’où un certain nombre de déséquilibres qu’il y a lieu de corriger lors de l’établissement des rations. Dans la pratique de l’élevage, la carence azotée tend à réduire l’appétit et à diminuer les performances. Chez les animaux en croissance, les tissus gras se développent relativement plus par rapport aux muscles, et l’indice de consommation (nombre de kilogrammes d’aliments par kilogramme de gain de poids vif) est plus élevé.

L’apport de matières azotées constitue généralement un poste onéreux dans l’établissement du coût de l’alimentation. Aussi les recherches sont-elles orientées vers une composition des régimes assurant une meilleure utilisation de l’azote. Parallèlement, les études agronomiques intéressant la production des aliments et, plus spécialement, celle des fourrages tendent à accroître la production de matières azotées sur l’exploitation, afin de réduire l’achat de produits azotés à l’extérieur. Il apparaît en effet que les fourrages, à l’exception du maïs, constituent une source importante d’azote pour les ruminants, tandis que les racines, les tubercules et les céréales sont pauvres en cet élément. Par contre, les tourteaux peuvent corriger les régimes des différentes espèces carencées en azote comme le font, en outre, les aliments d’origine animale dans les rations des porcs et des volailles.


Minéraux

Les éléments minéraux se répartissent en macro-éléments (phosphore, chlore, calcium, sodium, potassium et magnésium) et en oligo-éléments (iode, fluor, silicium, fer, cuivre, cobalt, manganèse, zinc et molybdène). Ces éléments jouent un rôle nutritionnel dans la croissance, la reproduction, la gestation, la lactation, la production des œufs. Ils interviennent aussi dans les métabolismes et les équilibres du milieu intérieur. Les carences et subcarences réduisent les productions après l’épuisement des réserves minérales ; elles s’accompagnent souvent de troubles de la reproduction et certaines d’entre elles sensibilisent les animaux aux agressions, notamment parasitaires. Ces carences ont de graves répercussions économiques. Compte tenu des régimes habituellement distribués, il y a lieu, pour les ruminants, de surveiller les apports de sel, de phosphore et éventuellement de calcium, alors que, pour les monogastriques et les volailles, une attention particulière doit être portée à ce dernier élément. En ce qui concerne les oligo-éléments, bien qu’ils interviennent à très faible dose, on constate que leurs carences sont, compte tenu de l’intensification générale des productions végétales (apports moindres des aliments) et animales (exigences accrues des animaux), actuellement de plus en plus fréquentes.


Vitamines

La nature des besoins alimentaires en vitamines varie avec les espèces. Chez les ruminants, il n’y a pas de besoins en vitamines hydrosolubles, et en particulier en vitamines du groupe B, puisque les bactéries du tube digestif en effectuent une synthèse suffisante. Ces mêmes espèces trouvent aussi dans les fourrages verts consommés les carotènes qu’ils peuvent transformer en vitamine A. Il n’y a donc qu’en hiver qu’il convient de surveiller les apports en vitamines A et D. Par contre, pour les monogastriques et les volailles, dont les conditions d’élevage et d’alimentation sont très différentes, il y a lieu de surveiller en toute saison les apports des diverses vitamines.


Substances auxiliaires

On classe dans cette catégorie des substances dont l’incorporation dans les régimes peut être efficace, sans pour autant être indispensable du point de vue nutritionnel. Les répercussions de l’emploi de telles substances sur la qualité des produits animaux retiennent l’attention, à cause en particulier de leurs éventuels effets sur les consommateurs. Aussi, dans de nombreux pays, et notamment en France, leur utilisation est-elle strictement réglementée. Sont en particulier interdits les apports alimentaires d’hormones, de substances arsenicales et antimoniales et de tranquillisants.


Encombrement

Les principes nutritifs doivent être fournis aux animaux sous un certain volume, correspondant à un lest digestif qui doit être suffisant sans être excessif. Chez les monogastriques et les volailles, on ne distribue à peu près que des aliments concentrés, apportant presque 1 unité fourragère par kilogramme, alors que, chez les ruminants, les capacités de consommation peuvent être beaucoup plus développées puisque ces animaux sont susceptibles de consommer, en moyenne, entre 2,2 et 2,5 kg de matière sèche par 100 kg de poids vif.


Les principes de la composition des rations

De ce qui précède, on peut déduire les principes de la composition des rations des différentes espèces domestiques.


Chez les ruminants

• Ration de base. C’est la ration qui est distribuée à tous les animaux du troupeau, quel que soit leur niveau de production. Elle comprend des aliments grossiers (herbe, ensilages, foin) et éventuellement des aliments succulents (racines, tubercules). On en offre en général à l’animal autant qu’il peut en consommer, car c’est elle qui apporte l’unité fourragère au moindre coût.

• Ration de concentré. Cette ration complémentaire a pour but d’équilibrer la ration de base sous le double aspect quantitatif et qualitatif. Elle est composée d’aliments concentrés : grains et tourteaux, qui apportent essentiellement l’énergie et l’azote dont ont besoin les divers animaux en fonction de leurs productions. Cette ration est donc distribuée en quantités variables.

• Composé minéral vitaminisé. Le rôle de ce composé, qui est en général mélangé à la ration de concentré, est d’apporter les minéraux et les vitamines qui ne sont pas en quantités suffisantes dans la ration.