Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alimentation rationnelle du bétail (suite)

Les besoins de production

Il est évident que l’édification de productions zootechniques exige que l’animal trouve les nutriments correspondants dans sa ration. Il faut ainsi tenir compte de besoins spécifiques liés aux productions suivantes : croissance, engraissement, gestation, lactation, laine, œufs, travail.


Les conditions d’une alimentation rationnelle

L’alimentation rationnelle est donc celle qui satisfait les besoins quantitatifs et qualitatifs des animaux. Les zootechniciens ont cherché à définir les différents besoins des espèces animales, et l’on s’accorde actuellement pour reconnaître que l’alimentation rationnelle est celle qui satisfait aux dix exigences suivantes : apport d’énergie ; apport de matières azotées (aspect quantitatif et aspect qualitatif) ; apport de matières minérales ; apport de vitamines ; apport de matières grasses ; apport éventuel de substances auxiliaires (antibiotiques, hormones, tranquillisants, produits pharmaceutiques divers, etc.) ; condition d’encombrement ; apport d’eau ; absence de toxicité ; condition économique.

Le zootechnicien est ainsi amené à combiner, au niveau des rations qu’il distribue à ses animaux, les divers aliments qu’il a à sa disposition afin de satisfaire au mieux à ces conditions.


Composition et utilisation des aliments


La composition des aliments

Cette composition est figurée dans le tableau suivant, où l’on a mis en italique les principes qui sont analysés, les autres se déduisant par différence. Il est possible, compte tenu des résultats de l’analyse, de proposer une classification des aliments des animaux.


L’utilisation des aliments

Un aliment donné ne peut être utilisé par l’animal que dans la mesure où il est digestible, le coefficient de digestibilité représentant la fraction de l’aliment qui ne se retrouve pas dans les fèces. Toutefois, surtout dans le cas des glucides, chez les ruminants, une partie des ingesta qui ne se retrouve pas dans les fèces a été transformée en gaz (essentiellement méthane) et n’a pas été absorbée, puisque ce gaz aura été éructé par l’animal. La digestibilité d’un aliment varie essentiellement en fonction de sa teneur en matières cellulosiques, la digestibilité diminuant au fur et à mesure que ce taux augmente.

Le tableau précédent indique que le coefficient de digestibilité est fonction de l’espèce animale, et il y a, à ce propos, une différence fondamentale entre, d’une part, les ruminants (bovins, ovins, caprins) et, d’autre part, les monogastriques (porcs) et les volailles. Les premiers en effet sont susceptibles de digérer la cellulose grâce aux micro-organismes qui peuplent leur panse (rumen) et qui sont eux-mêmes digérés par l’animal hôte lorsqu’ils passent dans son intestin. Il en résulte que les ruminants, compte tenu aussi de leur important volume stomacal, sont des consommateurs de fourrages grossiers cellulosiques, alors que les porcs et les volailles ne peuvent l’être que pour une fraction très limitée de leur régime, tant à cause de leur volume stomacal réduit que parce qu’ils sont de très mauvais utilisateurs de la cellulose.


Les besoins alimentaires


Énergie

Pour composer la ration des animaux, les éleveurs ont besoin de savoir dans quelle mesure les aliments peuvent être substitués les uns aux autres. Diverses unités d’énergie alimentaire ont ainsi été proposées pour apprécier la valeur énergétique des aliments, les besoins des animaux étant par ailleurs exprimés dans les mêmes unités. L’origine de l’énergie apportée par un aliment réside toujours dans l’oxydation d’un substrat organique. On distingue alors :
l’énergie brute ou énergie totale contenue dans l’aliment, qui se mesure à la bombe calorimétrique ou s’estime d’après la composition de l’aliment et la chaleur de combustion de ses composants (lipides : 9,3 kcal par gramme ; protides : 5,6 kcal par gramme ; glucides : 4,1 kcal par gramme) ;
l’énergie digestible, qui est l’énergie brute moins l’énergie des fèces. L’énergie digestible ainsi déterminée ne correspond pas exactement, chez les ruminants, aux nutriments organiques absorbés, puisque l’énergie du méthane produit dans le tube digestif n’est pas disponible, bien qu’elle soit incluse dans la différence ci-dessus ;
l’énergie métabolisable, qui est la différence entre l’énergie brute et l’énergie perdue sous forme de fèces, de gaz (méthane) et d’urine. Le système des T. D. N. (Total Digestible Nutrients), largement utilisé aux États-Unis, est fondé sur ce type d’unité. En France, on tend à utiliser actuellement un système comparable pour les volailles ;
l’énergie nette, qui est la partie de l’énergie métabolisable non perdue sous forme d’« extra-chaleur », cette extra-chaleur correspondant à une dépense calorique liée à la consommation des repas, au processus de digestion et à l’utilisation des nutriments. L’énergie nette d’un aliment correspond donc au contenu énergétique de cet aliment qui contribue à compenser les dépenses d’entretien et de production. Le système des unités fourragères, employé en France, appartient à ce type : il consiste à comparer la valeur énergétique nette des aliments à celle de l’orge. Il en est de même pour le système des « équivalents amidon », utilisé dans les pays de langue allemande.

Des tables donnent les compositions moyennes des divers aliments ainsi que leurs valeurs énergétiques exprimées en unités fourragères. Ces mêmes tables donnent aussi les compositions en matières azotées digestibles et, le cas échéant, en minéraux et en vitamines. Il est alors possible, connaissant d’une part la composition des aliments dont on dispose et, d’autre part, les recommandations alimentaires particulières à chaque type d’animal, d’établir une ration énergétiquement équilibrée.


Azote

Les matières azotées jouent un rôle nutritionnel fondamental : ce sont des constituants fondamentaux des cellules, des humeurs et des productions ; certains protides ont un rôle fonctionnel (enzymes et hormones protidiques) ou un rôle dans la protection de l’organisme contre les agressions infectieuses (γ-globulines).