Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

égout

Canalisation généralement souterraine ayant pour mission de collecter les eaux pluviales et les eaux usées, et de les évacuer hors des cités en des points où elles pourront, sans danger, être restituées à la nature après un traitement approprié de préférence.


Il y a deux origines distinctes des eaux à évacuer, d’ailleurs de degrés de pollution très différents : d’une part, les eaux pluviales ou météoriques, généralement peu souillées, sauf au début d’une pluie ; d’autre part, les eaux usées, plus nocives et désagréables. Celles-ci sont de trois sortes : les eaux ménagères (détritus de cuisine, eaux d’évier, eaux de lavage [matières grasses, savons, détergents]) ; les eaux-vannes, provenant des W.-C., des urinoirs, et, dans les bourgades rurales, les eaux du fumier chargées de purin, issues des écuries, des étables et des porcheries ; enfin les eaux industrielles, provenant des ateliers et des fabriques, ainsi que des abattoirs, des tanneries, des laiteries, des fromageries, des sucreries, des cidreries, des installations chimiques, etc.


Les systèmes de canalisation


Système unitaire

Celui-ci comporte un seul réseau d’égouts, où les eaux pluviales et les eaux usées se trouvent mélangées. Il présente des avantages certains : il est plus simple et plus économique ; pour les immeubles desservis, il existe un seul branchement de tout-à-l’égout. Mais, en cas de grosses pluies, celui-ci risque d’être engorgé par des sables de voirie, qui gênent alors l’écoulement et retiennent les matières fermentescibles et malsaines ; d’où la nécessité de curages fréquents.


Système séparatif

Il se compose d’un double réseau. Les eaux de pluie ont leur système particulier de canalisations souterraines, alimentées par des bouches d’égout distribuées de distance en distance le long des caniveaux situés de chaque côté des artères urbaines, en bordure des trottoirs. Les eaux usées (eaux ménagères, effluents de fosses septiques et, souvent encore, eaux-vannes non traitées) sont dirigées, par canalisations souterraines, directement dans un second réseau d’égout.

Le réseau séparatif est surtout avantageux en pays accidenté. La pente est alors favorable à l’écoulement rapide des eaux pluviales à la surface, ce qui simplifie le réseau souterrain et permet des sections réduites pour l’ouverture des égouts affectés aux eaux usées. Mais, en terrain plat, ce système est plus onéreux.


Dispositions d’un réseau dégoûts

Les agglomérations urbaines ou rurales disposent presque toujours de points bas propres à l’évacuation de leurs eaux usées, après traitement si nécessaire : fleuves et rivières circulant en bordure des cités, dans les vallées ou à proximité de lacs, d’étangs, de fondrières, etc.

• Dans le cas d’une rivière à cours assez rapide, sans période d’étiage prolongée, on peut établir un système transversal qui se compose d’un système de collecteurs suivant la ligne de plus grande pente, normalement au lit du cours d’eau, où ils déversent leurs effluents directement dans le lit mineur.

• Dans le cas d’une cité en bordure d’un cours d’eau à débit très lent ou partiellement asséché en période d’étiage, la même disposition peut être adoptée, mais les collecteurs, au lieu de déboucher dans la rivière directement, se déversent dans un gros collecteur latéral au cours d’eau, et les eaux ne sont déversées qu’assez loin en aval de la cité.

Dans ces deux cas, la desserte des collecteurs est faite par des canalisations d’égout, faiblement inclinées sur les lignes de pente, qui constituent le réseau secondaire, le seul qui soit apparent par ses bouches d’égout. Les villes modernes, avec des rues se coupant à angle droit, facilitent l’établissement de ces systèmes beaucoup mieux que les agglomérations où les rues sont rayonnantes à partir d’une zone centrale.

• Un troisième système, dit à zone, est l’inverse des précédents : les collecteurs sont étages à différents niveaux, mais très peu inclinés par rapport au lit de la rivière, et les canalisations secondaires (ou de desserte directe) suivent la ligne de la plus grande pente.

• Enfin, une dernière disposition est celle de la distribution des égouts en éventail, à partir d’un point haut central. Mais ces collecteurs principaux rayonnant à partir d’un seul point peuvent être trop longs pour les cités importantes et exiger, de ce fait, de fortes sections ; on y remédie alors en choisissant plusieurs points centraux qui divisent l’agglomération en secteurs indépendants. Ce système est le plus souvent utilisé pour les extensions et les zones suburbaines.


Évaluation des débits d’eau à évacuer


Eaux pluviales

L’étude du débit qui est à la base du calcul des canalisations d’égout est délicate : elle fait intervenir la surface de la zone à drainer, qui dépend non seulement de l’égout des toits et des rues, mais souvent de zones situées en amont de l’agglomération ; le débit des pluies sur toute la zone est fonction de la violence des averses et de la durée des précipitations, de la pente et de la rugosité du terrain, de la densité des immeubles, des espaces verts et des jardins. Le départage entre eaux de ruissellement, eaux d’infiltration et eaux évaporées dépend de la nature du sol, des parties boisées ou gazonnées, de l’hygrométrie et de la température moyenne du lieu. D’autre part, la végétation exerce une action considérable sur l’évaporation, laquelle élimine une partie notable de l’eau de pluie (de 50 à 65 p. 100 en France). De même, l’infiltration en absorbe une quantité non négligeable (de 15 à 20 p. 100 en France).


Eaux usées normales

On détermine leur volume d’après la quantité d’eau distribuée, dont on déduit les pertes (arrosages des jardins, pertes des canalisations), qui sont de l’ordre de 30 p. 100.

On compte actuellement 200 litres d’eau usée par habitant et par jour, soit 2,30 litres par seconde et par 1 000 habitants. Mais il convient de majorer ce chiffre pour tenir compte des débits de pointe et aussi de l’accroissement progressif des consommations dans le futur.