Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Églises orientales (suite)

Un courant favorable à l’union avec Rome se dessina plus spontanément au sein du patriarcat melkite d’Antioche à la fin du xviie s. Il en résulta, après l’élection patriarcale discutée de 1724, la constitution d’un patriarcat autonome dit grec catholique ou melkite, dont le titulaire étend à titre personnel (depuis 1772) sa juridiction sur les catholiques de son rite ressortissant aux patriarcats d’Alexandrie et de Jérusalem.

Un semblable mouvement unioniste fut favorisé parmi les Roumains de Transylvanie par la monarchie des Habsbourg ; il aboutit à l’union d’Alba-Iulia (1698), puis, finalement, à la constitution par Pie IX (1853) de la province ecclésiastique métropolitaine de rite byzantin de Făgăraş et Alba-Iulia, officiellement supprimée par un décret gouvernemental du 21 octobre 1948.

D’autres groupes, beaucoup plus minoritaires, de « grecs catholiques » se sont détachés des Églises orthodoxes de Grèce, de Bulgarie et de Serbie. Enfin, dans l’Italie du Sud, en Sicile et en Corse subsiste un petit noyau dit « italo-grec », régi par une constitution du pape Benoît XIV (1742).

• L’Église maronite. Bien qu’elle appartienne au groupe des Églises « chalcédoniennes », cette Église, dont le foyer principal se trouve au Liban, où réside son patriarche, se différencie par son refus persistant d’accepter les usages byzantins. Revendiquant son enracinement dans la pure tradition d’Antioche telle qu’elle était vécue dans les communautés syriennes de langue araméenne (syriaque), elle s’est déclarée à l’époque des croisades pour l’union avec Rome et a accepté depuis lors, tout en sauvegardant son originalité, bien des usages disciplinaires et surtout une culture théologique venus de l’Occident latin.


Les Églises « non chalcédoniennes »

On désigne ainsi les Églises qui, ayant refusé d’adhérer aux formulations doctrinales du concile de Chalcédoine (451), se sont repliées dans des cadres nationaux. Elles se divisent en deux familles.

• L’Église « nestorienne ». Telle est l’appellation communément reçue pour désigner les communautés chrétiennes qui se constituèrent dans les régions occidentales (Mésopotamie) de l’Empire perse sassanide et se fédérèrent au début du ve s. (410) sous l’autorité de l’évêque-catholicos des villes royales de Séleucie-Ctésiphon en proclamant leur communion avec les Églises d’Occident (Empire romain) dans la doctrine de foi définie au concile de Nicée (325). S’étant déclarées autonomes en 424, ces communautés adoptèrent comme interprétation authentique de la doctrine l’enseignement du docteur antiochien Théodore, évêque de Mopsueste, dit l’« Interprète », qui avait été le maître de Nestorius, condamné au concile d’Éphèse (431). Ayant étendu sa juridiction sur les communautés chrétiennes du sud de l’Inde, de l’Asie centrale et même de Chine, le patriarche-catholicos de Bagdad — où son siège avait été transféré au temps du califat ‘abbāsside — était au xiiie s. l’une des plus puissantes autorités du monde chrétien. Affaiblie néanmoins dès les invasions mongoles du xiiie s., ruinée par les destructions de Tamerlan (1363-1405), coupée des communautés de l’Inde du Sud, qui, sous l’influence portugaise, se rattachent à Rome en 1599, cette Église est depuis longtemps réduite à de petites communautés subsistant principalement dans le nord de l’Iraq. De 1933 à 1970, son patriarche-catholicos a dû vivre en exil à Chypre, puis aux États-Unis.

• La majorité des fidèles est entrée depuis le xvie s. dans la communion catholique romaine. Ayant plus ou moins fortement subi l’influence liturgique, disciplinaire et surtout théologique de l’Occident latin, ils constituent le patriarcat chaldéen et l’Église syro-malabāre.

a) Le patriarcat chaldéen. Il est actuellement à Bagdad. Ses origines lointaines remontent à la reconnaissance par Rome, en 1552, d’un patriarche élu par une fraction de la communauté « nestorienne » favorable à l’union avec Rome. Il fut définitivement établi en 1830 avec résidence du patriarche à Mossoul, puis à Bagdad.

b) L’Église syro-malabāre de l’Inde du Sud (Kerala). Elle fut soumise de 1599 à 1896 à des évêques de rite latin assistés d’un « archidiacre » de rite chaldéen fortement latinisé. Cette situation entraîna en 1653 la scission d’une partie notable des fidèles, qui se placèrent sous la juridiction du patriarche jacobite. Depuis 1956, les catholiques de rite syro-malabār forment deux provinces ecclésiastiques autonomes, celle d’Ernakulam, établie en 1923, et celle de Changanacherry, créée en 1956.

• Les Églises « monophysites ». Elles sont caractérisées par leur attachement à la formule christologique de « l’unique nature (mia physis) incarnée du Verbe de Dieu ». Ce sont les Églises copte, éthiopienne, jacobite et arménienne.

a) L’Église copte, c’est-à-dire « égyptienne ». Elle fut définitivement organisée au début du viie s., lorsque cette province échappa à la domination byzantine. Bien que considérablement affaiblie au cours des siècles par les exactions qui ont entraîné de nombreux passages à l’islām, elle demeure l’une des plus nombreuses chrétientés d’Afrique ; elle connaît depuis 1945 un magnifique renouveau spirituel. Depuis le début du xviiie s., une minorité de fidèles se sont ralliés à la communion catholique romaine. Un patriarcat autonome a été créé en leur faveur par Léon XIII en 1899.

b) L’Église éthiopienne. Il faut se garder de l’appeler copte, bien qu’elle ait beaucoup reçu de l’Église copte, qui lui fournissait jusqu’en 1881 son unique évêque-ordinant, l’abouna, et ne reconnut qu’en 1959 l’entière autonomie du patriarche d’Addis-Abeba. Par son ancienneté (elle remonte au ive s.), son caractère spécifiquement africain et les traits originaux qui lui donnent à bien des égards une physionomie judéo-chrétienne, cette Église se différencie nettement de toutes les autres.