Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Église catholique ou romaine (suite)

Jean XXIII convoqua le deuxième concile œcuménique du Vatican*, qui s’ouvrit le 11 octobre 1962 en présence de 2 540 pères, mais aussi — fait nouveau — d’une quarantaine d’observateurs délégués appartenant à diverses Églises protestantes et orientales séparées. Car le but du concile était non seulement de « rendre l’Église présente au monde et son message sensible à la raison et au cœur de l’homme engagé dans la révolution technique du xxe siècle », mais aussi de rapprocher entre elles les Églises chrétiennes.


Le deuxième concile du Vatican et Paul VI

Les quatre sessions du concile (oct.-déc. 1962, sept.-déc. 1963, sept.-nov. 1964, sept.-déc. 1965, ces trois dernières sous Paul* VI, élu en juin 1963) furent importantes quant aux schémas adoptés (sur la liturgie, l’Église, l’œcuménisme, la liberté religieuse, les relations avec le monde moderne, etc.), mais surtout par la grande liberté, voire la hardiesse, qui présida aux débats et la volonté évidente des pères de cautionner le travail de renouvellement intérieur de l’Église, d’ouvrir le troisième âge de l’Église, celui qui succéderait à l’âge théodosien, caractérisé par la forte centralisation et l’intransigeance de l’Église appuyée sur l’État.

Avec des moyens et un tempérament différents, Paul VI continue depuis 1963 l’œuvre de renouvellement et d’œcuménisme de son prédécesseur : sur le premier point, il donne à la collégialité des évêques une forme concrète, le synode, qui se réunit pour la première fois en septembre-octobre 1967 ; il réforme progressivement la curie, la pompe pontificale ; il accélère la réforme de la liturgie en vue de la rendre plus accessible aux fidèles ; enfin, il redonne au diaconat le rôle qu’il jouait dans la primitive Église. Cependant, ses encycliques se fondent sur les principes essentiels de l’Église. Sur le plan de l’œcuménisme*, ses rencontres avec le patriarche de Constantinople Athênagoras (janv. 1964 ; juill. et oct. 1967) ont manifesté avec éclat le désir de l’Église romaine de se rapprocher des autres Églises chrétiennes. Quant à la levée simultanée, le 7 décembre 1965, des anathèmes réciproques de 1054, elle a pris l’allure et la signification d’un acte réparateur dans le cadre du grand mouvement œcuménique dont les protestants furent les initiateurs dès le début du xxe s.

Paul VI, en entreprenant des voyages à l’étranger, tient, d’autre part, à affirmer la présence et l’action de l’Église catholique dans le monde actuel. Il n’empêche que le pape a une conscience aiguë de la formidable mutation de ce monde, mutation qui oblige l’Église catholique à se repenser constamment.

P. P. et P. R.

➙ Action catholique / Avignon / Bible / Canonique (droit) / Catholicisme / Catholicisme libéral / Catholicisme social / Christianisme / Concile / Concordat / Contre-Réforme / Démocratie chrétienne / Ecclésiologie / Église constitutionnelle / Églises orientales / Églises protestantes / États de l’Église / Évêque / Gallicanisme / Investitures (querelle des) / Jansénisme / Jésus / Liturgie / Missions / Modernisme / Monachisme / Œcuménisme / Papauté / Sacerdoce et Empire / Schisme d’Occident / Testaments (Ancien et Nouveau) / Théologie / Vatican.

 A. Dufourcq, l’Avenir du christianisme (Plon, 1903-1954 ; 10 vol.). / A. Fliche et V. Martin, Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours (Bloud et Gay, 1935-1964 ; 24 vol. parus). / C. Poulet, Histoire de l’Église (Beauchesne, 1947 ; 2 vol.). / Daniel-Rops, Histoire de l’Église du Christ (Fayard, 1948-1965 ; 10 vol.). / J.-B. Duroselle, Histoire du catholicisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 3e éd., 1967). / L. J. Rogier, R. Aubert et M. D. Knowles (sous la dir. de), Nouvelle Histoire de l’Église (Éd. du Seuil, 1963-1975 ; 5 vol.). / P. Pierrard, Histoire de l’Église catholique (Desclée, 1972).

Église constitutionnelle

Ensemble des évêques et des prêtres qui adhérèrent à la Constitution civile du clergé, décrétée en 1790 par l’Assemblée constituante.



Les problèmes de l’Église de France

Que l’Église gallicane eût besoin de réforme, les cahiers de doléances des trois ordres, rédigés en 1789 pour les États généraux, s’accordaient à le reconnaître. Mais ce n’était pas du pape ni des évêques que tous les cahiers, y compris ceux du clergé, l’attendaient ; pour la réaliser, ils s’en remettaient au roi. Or, la révolution parlementaire ayant substitué, le 9 juillet, à l’autorité du monarque absolu celle de la nation, représentée par l’Assemblée nationale constituante, les députés se chargèrent de l’opérer, et ce en s’inspirant de courants de pensée à la fois traditionnels sous l’Ancien Régime et conformes à l’esprit nouveau.

Il s’agit, en effet, d’abolir les structures aristocratiques qui, avec le temps, s’étaient intégrées aux structures ecclésiales authentiques et réservaient aux cadets de noblesse les bénéfices majeurs ainsi que le privilège de participer à l’Assemblée du clergé de France. La Révolution entend donc briser la résistance de la noblesse ecclésiastique comme celle de la noblesse d’épée ou de robe, qui défendaient les droits des classes privilégiées et qui firent échec aux projets de redressement financier proposés par Turgot et Calonne.

Il s’agit, en second lieu, au nom de la tolérance invoquée par la philosophie des « lumières », de substituer au système de la religion d’État le libéralisme en matière religieuse.

Enfin dût-on sur ce point commettre un illogisme : il s’agit également, en vertu des principes gallicans, d’incorporer dans la constitution politique de l’État la constitution de l’Église, alors que le catholicisme n’est plus religion de l’État. Or, sous le même vocable, ces principes se diversifiaient, car, si tous les gallicanismes s’opposaient à la centralisation romaine, le gallicanisme ecclésiastique — épiscopalien et presbytérien — s’opposait au gallicanisme parlementaire pour sauvegarder l’indépendance du spirituel.