Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Église catholique ou romaine (suite)

Toute une école spirituelle, dite « école française », sous-tend alors et explique cette activité ; saint François* de Sales, dans son Introduction à la vie dévote, édicté des règles pratiques à l’usage de laïcs fervents, alors que Bérulle écrit son Discours de l’état et des grandeurs de Jésus pour les chrétiens désireux d’une vie spirituelle intense, tandis que le culte du Sacré-Cœur, prêché par saint Jean Eudes, puis par les Jésuites, alimente la piété populaire.

Certains courants réformateurs, comme le jansénisme*, prolongent en même temps les controverses théologiques du xvie s., particulièrement le problème de la grâce. Condamné par les papes et brillamment défendu par Pascal*, le jansénisme était appelé à avoir une longue postérité.

La fin du xviie s. vit aussi le « crépuscule des mystiques » avec la querelle du quiétisme, répandu par Mme Guyon et soutenu par Fénelon*.

L’Église triomphaliste du xviie s. a trouvé dans l’art baroque*, né à Rome vers 1625 et qui s’annexe peu à peu les régions d’Europe centrale et orientale ainsi que la péninsule Ibérique, son expression esthétique la plus adéquate.

Au xviie s. se poursuit l’évolution, amorcée en Occident après le Grand Schisme, des particularismes nationaux en matière de religion, qui se trouvent renforcés par le développement des doctrines absolutistes. Le gallicanisme*, avec les démêlés célèbres entre Louis XIV et Innocent XI, en est l’aspect le plus aigu.


L’Église au temps des lumières (xviiie s.)

Le xviiie s. religieux prolonge sous bien des rapports le siècle précédent. Ainsi, le jansénisme continue à diviser les chrétiens. En France (opposition du parlement au roi) comme en Italie, il prend une tournure politique ou bien se teinte, comme toutes les sectes persécutées, d’illuminisme, ou s’égare dans la névrose (secourisme).

L’œuvre entreprise par les Jésuites en Chine est compromise au xviiie s. par l’incompréhension de Rome et par les rivalités des ordres missionnaires. En 1742, par le décret Ex quo singulari, le pape Benoît XIV condamne les rites chinois : cet acte, d’une portée considérable, écarte du christianisme près d’un tiers de l’humanité.

Les particularismes des clergés nationaux ne font que s’amplifier et de France s’étendent à d’autres pays, où ils sont favorisés par le despotisme éclairé des souverains. En Allemagne, Johann Nikolaus von Hontheim, dit Justinus Febronius (1701-1790), se fait l’apôtre de cette tendance. Le fébronianisme y reçoit l’appui des Électeurs ecclésiastiques ; il vise en général à restreindre le plus possible les prérogatives pontificales. Condamné par Clément XIII en 1764, il ne s’apaisera qu’à la fin du xviiie s.

En Autriche, dans les États héréditaires des Habsbourg, cette tendance reçoit le nom de joséphisme, car l’empereur Joseph* II (1780-1790) en fut l’instigateur. Celui-ci devient pratiquement le chef de l’Église autrichienne. Parmi les mesures qu’il prend, il faut noter la suppression de tous les ordres contemplatifs et de tous les ordres féminins. La réforme joséphiste survivra à son auteur jusqu’au milieu du xixe s.

Toutefois, il faut se garder de croire que l’irréligion l’emporte en ce siècle des lumières ; en fait, la pratique religieuse est aussi générale qu’au xviie s. La vitalité religieuse se manifeste également par la création d’ordres nouveaux, tels les frères des Écoles chrétiennes de saint Jean-Baptiste de La Salle, les Passionistes de saint Paul de la Croix ou les Rédemptoristes, fondés en 1732 par saint Alphonse-Marie de Liguori.

Cependant, une frange de la société s’éloigne de la religion, celle des gens « éclairés », de la société qui gravite autour des philosophes, en fait toute une élite intellectuelle qui se regroupe parfois dans des sociétés secrètes irréligieuses comme la franc-maçonnerie*, qui s’organise à cette époque (Grande Loge de Londres en 1717) et qui est condamnée par Clément XII en 1738 et Benoît XIV en 1751.

Jansénisme, rationalisme et despotisme éclairé s’unissent pour imposer au pape la suppression de la Compagnie de Jésus, qui, par son influence et sa puissance, avait cristallisé bien des haines. Pombal au Portugal, puis d’Aranda en Espagne les persécutent. Louis XV et Choiseul, à leur tour, se joignent à eux, et, en 1773, le bref Dominus ac Redemptor de Clément XIV abolit l’ordre, qui ne sera rétabli qu’en 1814 par Pie VII.


L’Église catholique face aux mutations du monde moderne (xixe-xxe s.)

La Révolution française détruisit l’Ancien Régime et toute l’organisation ecclésiastique qui s’y trouvait liée ; au-delà des bouleversements provoqués par la persécution religieuse du régime révolutionnaire, l’Église, en France d’abord, allait se trouver, la tourmente passée, plus libre des entraves imposées par son ancienne alliance.

En outre de nouveaux rapports s’instaurèrent, symbolisés par le concordat* de 1801 entre Napoléon Ier et Pie* VII. Les gouvernements comprirent l’avantage qu’il y aurait à s’appuyer sur la force spirituelle représentée par l’Église dans leur lutte contre les « révolutions ».


L’Église et la Contre-Révolution

Les lendemains de la chute de l’Empereur furent marqués, dans l’Europe que celui-ci avait dominée, par des restaurations ; les souverains réoccupèrent leur trône ou prirent leur part des dépouilles territoriales de Napoléon. On voulut tirer un trait sur la Révolution française et revenir à une conception « Ancien Régime » de la vie politique et sociale. La Contre-Révolution eut sa charte dans la Sainte-Alliance (1815), inspirée du despotisme illuminé du tsar Alexandre* Ier.