Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Écosse (suite)

La prépondérance énergétique du Forth est encore renforcée par la présence à Grangemouth de la seule grande raffinerie de pétrole d’Écosse ; comme l’estuaire du Forth a une profondeur insuffisante, les navires pétroliers déchargent leur cargaison au fond du fjord de Finnart, sur la côte ouest ; un oléoduc achemine ensuite le brut vers Grangemouth. Autour de la raffinerie se rassemble un important complexe pétrochimique (produits pharmaceutiques, alcools, caoutchouc synthétique, éthylène, etc.), le second de Grande-Bretagne.

Malgré le glissement des industries énergétiques vers l’est, la grande masse de la population vit toujours dans la vallée de la Clyde et le bassin du Ayrshire. Plus de la moitié des Écossais se rassemblent dans un cercle de 40 km de rayon qui aurait pour centre George Square, à Glasgow. La seule conurbation de Glasgow (1 600 000 hab.) abrite 30 p. 100 des Écossais. Au xixe s., la houille a, en effet, suscité dans l’ouest des Lowlands toute une gamme d’industries lourdes utilisatrices de charbon et d’industries dérivées qui firent appel à de nombreux immigrants des Highlands, des Uplands et d’Irlande. Ces industries se sont maintenues sur place par inertie, tout en se transformant. L’industrie sidérurgique, par exemple, s’est concentrée en un seul grand complexe intégré à Ravenscraig, dans la banlieue de Glasgow. La sidérurgie fournit des plaques d’acier aux chantiers navals, les plus importants de Grande-Bretagne, qui s’égrènent le long de la Clyde, de Clydebank à Greenock (72 000 hab.) ; les chantiers d’aval sont encore prospères, mais ceux d’amont, du fait de méthodes de travail archaïques et de la concurrence japonaise, ne pourraient durer bien longtemps sans l’aide de l’État. Les chantiers navals et la nécessité de creuser le chenal navigable ont, à leur tour, suscité quantité d’industries ancillaires (boulonnerie, câbles, matériel de levage, de dragage, de terrassement, etc.). Toutes ces industries ont dépassé leur apogée ; leur modernisation se heurte à de grosses difficultés techniques et humaines. Heureusement, elles sont progressivement relayées par d’autres fabrications métallurgiques plus fines, souvent créées par des firmes américaines : matériel de bureau, ordinateurs, appareils électriques, horlogerie, moteurs d’avion, montage d’automobiles.

L’industrie s’est moins développée dans le Ayrshire que sur les bords de la Clyde, faute d’une grande artère navigable. Le centre portuaire et minier d’Ayr (47 000 hab.) souffre du déclin des exportations de charbon. Kilmarnock (48 000 hab.) a une base industrielle plus large : bonneterie, tapis, passementerie, travail du cuir. L’industrie chimique (surtout les explosifs) domine les environs d’Irvine. La centrale atomique de Hunterston ne donne guère d’emplois et confirme le déclin du charbon.

La population est moins nombreuse et plus disséminée dans la moitié est des Lowlands ; Édimbourg a seulement 465 000 habitants, Dundee 182 000, Kirkcaldy 52 000, Dunfermline 52 000, Perth 42 000, Falkirk 38 000. L’industrie, outre les charbonnages et la pétrochimie, est plus tardive, moins lourde, plus diversifiée que sur les bords de la Clyde. Les hauts fourneaux de Falkirk se sont éteints définitivement, mais les fonderies et les fabriques d’appareils de chauffage fonctionnent toujours. Les trois chantiers navals du Forth limitent leurs ambitions à la construction de petites unités. L’industrie automobile à Bathgate (comme celle de Linwood, près de Glasgow) ne s’est établie que tardivement, après 1960. Parmi les industries mécaniques récentes, les plus prospères sont à Édimbourg (électronique) et à Dundee (horlogerie [second centre britannique après Glasgow], électronique, appareils enregistreurs).

Les industries textiles font figure de survivances : la toile à Dunfermline, le linoléum à Kirkcaldy (premier centre britannique) et surtout le jute et les gros tissus de lin à Dundee. Pendant plus d’un siècle, Dundee fut la capitale mondiale de l’industrie du jute, mais la concurrence tardive des pays tropicaux producteurs de la fibre et le remplacement du jute par le papier dans la sacherie l’ont ramenée à des proportions plus modestes ; Dundee et ses environs gardent néanmoins, grâce à une forte protection douanière, la totalité de la production britannique de tissus de jute. Le Fife et les environs d’Édimbourg possèdent de petites papeteries, spécialisées dans la fabrication de papiers fins et de papiers couchés à base d’alfa importé.

Les industries alimentaires sont enfin bien représentées : les délicieuses marmelades d’oranges de Dundee, la brasserie d’Édimbourg, le vieillissement et le mélange du whisky. Grâce à cette variété industrielle, l’est des Lowlands ne connaît pas les douloureux problèmes de réadaptation auxquels la conurbation de Glasgow doit faire face.

L’agriculture n’a qu’un rôle secondaire dans les Lowlands. L’humidité du climat condamne l’Ouest à la production laitière sur herbage permanent, alors que l’Est, là encore, a des spéculations plus variées : élevage laitier, élevage d’embouche, production d’orge de brasserie, maraîchage des environs de Dundee, aviculture des Lothians.

L’Écosse est une région attachante et accueillante, présentant des contrastes étonnants de densité humaine, des solitudes romantiques des Highlands à la technologie avancée de Grangemouth et de Dundee. Elle souffre de sa situation périphérique et se dépeuple, et sa structure économique se renouvelle trop lentement. Le déclin relatif de l’Ouest, la progression plus rapide de l’Est posent enfin de délicats problèmes d’équilibre régional.

C. M.

➙ Édimbourg / Glasgow / Grande-Bretagne.

 V. Grande-Bretagne.


L’histoire de l’Écosse


L’Écosse avant l’Écosse