Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

eau oxygénée (suite)

Actuellement, le préfixe per- devrait indiquer un état d’oxydation supérieur et peut être utilisé par exemple pour l’acide perchlorique HClO4 ; le préfixe per- ne devrait plus être confondu avec le préfixe peroxo-, qui, lorsqu’il est associé à un nom usuel, indique le remplacement de —O— par —O—O—, comme cela est le cas pour l’acide peroxonitrique HNO4 ou pour le dioxoperoxodicyanoamine-chromate (VI) de potassium K2[Cr(O2)2 (CN)2 (NH3)].

Les peroxoacides les mieux caractérisés sont ceux du groupe VI. Tels sont l’acide peroxodisulfurique H2S2O8 et l’acide peroxomonosulfurique H2SO5 (encore appelé acide de Caro). On connaît encore des peroxo-composés obtenus par action de l’eau oxygénée sur une solution de bichromate en présence d’acide sulfurique dilué ; on a obtenu ainsi un sel bleu KCrO6, H2O, et, en milieu légèrement alcalin, se forment des peroxochromates de formule On connaît également un acide peroxomonophosphorique H3PO5 ainsi que des peroxo-composés du titane (tel K4TiO8, 6 H2O), du zirconium et du hafnium. Un peroxocarbonate bleu pâle K2C2O6 a été formé à la surface d’une anode de platine.

On considère avoir obtenu des peroxohydrates : ainsi, par action du peroxyde de sodium sur une solution froide de borax Na2B4O7, 10 H2O, on a obtenu un composé de composition NaBO3, 4 H2O, que l’on juge plus approprié d’écrire maintenant NaBO2, H2O2, 3 H2O. On a encore préparé les composés LiBO4, H2O et KBO5, H2O par addition d’eau oxygénée à une solution de métaborate. On considère aussi que le résultat de l’action de l’eau oxygénée sur une solution aqueuse de carbonate de sodium est un peroxohydrate de carbonate de sodium de formule 2 Na2CO3, 3 H2O2.

L’eau oxygénée officinale

C’est une solution de peroxyde d’hydrogène dans de l’eau : elle est dite à 10 volumes, car elle peut dégager 10 fois son volume gazeux d’oxygène. On l’emploie pure comme hémostatique local, pour les petites plaies, ou diluée avec 1 à 5 fois son volume d’eau pour le lavage des plaies et certains pansements. Au contact des tissus ou du sang, qui contiennent des peroxydases, l’eau oxygénée est décomposée et libère des bulles d’oxygène qui facilitent le décollement des pansements et qui sont légèrement antiseptiques. Associée au borate de sodium, elle sert pour les bains de bouche ou les bains d’oreilles. L’eau oxygénée concentrée à 20 volumes, ou Perhydrol (nom déposé), permet la décoloration des cheveux sans danger.

H. B.

Ébénales

Ordre d’arbres des régions chaudes, dont beaucoup d’espèces fournissent un bois apprécié, d’autres des latex.


L’ordre des Ébénales se place dans le grand groupe des Dicotylédones ligneuses. Suivant les auteurs, il réunit six familles — Ébénacées, Sapotacées, Sarcospermacées, Styracacées, Symplocarpées et Lisiocarpées — ou seulement les trois premières.


Ébénacées

La famille des Ébénacées (6 genres, 350 espèces), connue depuis le Cénomanien, possède des fleurs unisexuées, parfois cauliflores (poussant directement sur des grosses branches), du type 4 ou 5 ; les espèces, principalement des arbres, sont dioïques. Le calice, continuant à se développer lors de la maturation des fruits (calice accrescent), est formé de sépales toujours soudés entre eux (gamosépalie) ; la corolle, aux pétales également soudés, est en forme de cloche dont la gorge est rétrécie (corolle urcéolée). Les étamines sont ordinairement en nombre élevé, et l’ovaire formé de nombreux carpelles ; le fruit est souvent une baie.

Ces plantes sont surtout localisées dans les régions intertropicales ; une seule, Diospyros lotus d’Asie, est subspontanée en France méditerranéenne. D. kaki (Plaqueminier du Japon), originaire d’Asie orientale, est cultivé dans toute la zone méditerranéenne ; il produit de beaux fruits dorés de la taille d’une orange ; astringents lorsqu’ils sont à peine mûrs, ces derniers doivent être consommés blets.

L’intérêt économique de cette famille se trouve surtout dans les « ébènes », que fournissent de nombreuses espèces de Diospyros. Ces bois très durs, à très fine structure, ont des densités qui dépassent 1 et même atteignent 1,2 dans la partie centrale du tronc des vieux arbres (le cœur). D. dendro et D. mespiliformis d’Afrique équatoriale produisent les ébènes noirs les plus appréciés, mais l’on peut citer également D. ebenum et D. melanoxylum, originaires d’Asie tropicale, et D. haplostylis et D. microrhombus, de Madagascar et de l’île Maurice. Certaines espèces ont un bois vert (D. chloroxylon, de l’Inde) ou rouge (D. rubra, des îles Mascaraignes), ou même bigarré (D. hirsuta, d’Asie). Ces bois sont surtout employés en lutherie (la touche, le cordier et le bouton des violons sont en ébène), mais aussi en marqueterie et pour le placage.


Sapotacées

La famille des Sapotacées, 40 genres et 600 espèces, d’origine intertropicale, est très voisine de celle des Ébénacées et s’en distingue par la présence de fleurs hermaphrodites et de laticifères. Les genres les plus importants sont Mimusops (200 espèces intertropicales), Sideroxylon (100 espèces réparties dans le vieux monde) et Chrysophyllum (70 espèces en majorité américaines). Les autres genres n’ont que quelques espèces ; il faut citer cependant l’Arganier, vivant uniquement au Maroc et qui joue un grand rôle dans le paysage botanique de ce pays. De nombreux genres, Achras (Antilles), Chrysophyllum (surtout Amérique), Mimusops (intertropical), fournissent des fruits très appréciés dans les régions chaudes du Globe. D’autres espèces de Sideroxylon et de Chrysophyllum donnent des bois précieux extrêmement durs et denses (« bois de fer »).

Le latex de Palaquium (en particulier P. gutta) est la matière première dont on tire la gutta-percha, substance très voisine du caoutchouc.

Celui du Sapotillier (Achras sapota), qui vit surtout au Mexique, est à la base de la fabrication du chewing-gum.

Certaines graines sont riches en matières grasses (Argania, Butyrospermum...) et fournissent des produits connus sous le nom d’huile d’argan, beurre de karité...

La famille des Sarcospermacées est très voisine à la fois des Ébénacées et des Sapotacées et vit surtout en Indochine.

Les feuilles de certaines espèces de Symplocarpées (Brésil) sont employées comme thé et elles servent aussi en teinture (rouge ou jaune).