Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Duras (Marguerite) (suite)

Immanence de la mort (Moderato Cantabile, 1958), « espérance infatigable » et vaine (Un barrage contre le Pacifique, 1950 ; le Marin de Gibraltar, 1952 ; l’Après-midi de Monsieur Andesmas, 1962 ; le Ravissement de Lol V. Stein, 1964), fascination du voyage, du rêve, du crime font de cette œuvre une immense méditation sur le « sort inconcevable d’exister », dont l’expérience décevante aboutit à l’écriture ambiguë (ironie et élégance) de Détruire dit-elle (1969).

Depuis 1966 (la Musica, film réalisé en collab. avec Paul Seban), Marguerite Duras prolonge son œuvre de romancière par des transpositions cinématographiques qui lui ont donné une place originale parmi les « chercheurs de l’image » (Détruire, dit-elle, 1969 ; Jaune le Soleil, 1971 ; Nathalie Granger, 1972 ; la Femme du Gange, 1973 ; India Song, 1975 ; Son nom de Venise dans Calcutta désert, 1976 ; Des journées entières dans les arbres, 1976 ; Vera Baxter, 1977).

A. S. et J.-L. P.

 J.-L. Seylaz, les Romans de Marguerite Duras (Lettres modernes, 1963). / Marguerite Duras (Gallimard, 1965). / G. Serreau, Histoire du « nouveau théâtre » (Gallimard, 1966).

Durban

Premier port de la république d’Afrique du Sud par l’ampleur de son trafic (le plus important aussi de la côte orientale d’Afrique), troisième ville du pays par le chiffre de sa population (près de 850 000 hab. en 1970), grande ville industrielle et centre de tourisme.


La baie de Natal, sur l’océan Indien, choisie pour la construction du port de la colonie du Natal au milieu du xixe s., est l’un des plus beaux sites portuaires naturels de la côte du Natal. Longue de 7 km et large de 4 km, elle est magnifiquement protégée au nord par le cordon sableux et dunaire flandrien de Back Beach, au sud par un ensemble plus élevé de sédiments marins et dunaires pléistocènes en partie consolidés, formant les hauteurs du Bluet de Wentworth Rings, l’entrée de la baie se limitant à un goulet profond, large seulement de quelques centaines de mètres. En arrière du cordon littoral, la plaine côtière proprement dite, constituée par des alluvions récentes plus ou moins marécageuses et par des sables roux pléistocènes, n’a que 2 à 3 km de largeur et est immédiatement dominée par des collines dans des terrains anciens de la « formation du karroo » et de la série des grès du Cap : c’est là un obstacle à l’extension urbaine et industrielle, que ne connaît pas par exemple la ville du Cap.

Le premier établissement s’est implanté sur le rivage septentrional de la baie, là où se trouve maintenant le centre commerçant de la ville. La résidence européenne s’est étendue sur les hauteurs de Berea à la fin du xixe s. et au début du xxe, en même temps qu’apparaissaient les premiers établissements industriels dans la zone de Point.

Après la Première Guerre mondiale, une nouvelle zone industrielle, qui devient rapidement la plus importante, se développe vers le sud-ouest, le long de la baie (Congella), puis, encore plus loin, vers le sud, à Mobeni, à Jacobs et à Amanzimtati. De nouveaux quartiers de résidence apparaissent dans cette même direction : Woodlands, entre les rivières Umhlatazuna et Umbilo, et Lamont Native Village, le long de la rivière Umlaas.

Depuis 1946, l’accroissement de la population oblige la ville, dont le développement est bloqué vers l’intérieur, à s’étendre vers le nord, au-delà de la rivière Umgeni : ce sont Durban-Nord, quartier résidentiel pratiquement détaché du vieux Durban, et la zone industrielle de Briardene.

De 67 847 habitants en 1904, la population est passée à 843 327 habitants en 1970, dont 257 780 Blancs, 224 819 Bantous, 317 029 Asiatiques (principalement Indiens) et 43 699 Coloureds (métis). Dans la structure actuelle de la ville, les Indiens, qui sont le groupe dominant, résident surtout dans l’ancien Durban, tandis que les Bantous occupent le quartier périphérique de Catomanor, à l’ouest de Berea (principal quartier blanc), où ils vivent entassés et souvent mélangés aux Indiens ; c’est dans cette zone de races mêlées qu’ont éclaté les émeutes de 1949.

Le port de Durban s’est développé essentiellement en tant que débouché de la région minière et industrielle du Transvaal, c’est-à-dire surtout à partir du début du xxe s. En 1970, le trafic a avoisiné 24 Mt (dont 13,2 aux entrées). Ces chiffres élevés s’expliquent par l’importance du trafic minéralier : à la sortie, du charbon et des minerais variés (manganèse) ; à l’entrée, des produits pétroliers. S’y ajoutent, à la sortie, des produits agricoles variés et, à l’entrée, du bois, du caoutchouc et des produits manufacturés. Durban est aussi un port de pêche et, depuis la Première Guerre mondiale, un port de radoub. L’entretien de la profondeur de la passe d’entrée et des chenaux exige toutefois de continuels travaux de dragage, malgré la construction de trois jetées importantes extérieures limitant les apports de la dérive littorale.

Enfin, Durban est une importante ville industrielle, employant, avec son annexe Pinetown, 11 p. 100 du total des travailleurs industriels de la république d’Afrique du Sud : industries alimentaires diverses, textiles, usines d’engrais, mais surtout petite métallurgie, chantiers navals et raffinerie de pétrole. Il faut signaler aussi le développement du tourisme et la multiplication des hôtels sur le front de mer, le long de Marine Parade.

R. B.

Dürer (Albrecht)

Peintre allemand (Nuremberg 1471 - id. 1528).


La personnalité exceptionnelle de Dürer — premier artiste germanique qui ait connu de son vivant une réputation égalant celle des plus grands Italiens et premier théoricien septentrional de l’art — introduit la Renaissance dans les pays du Nord ; mais il ne faut pas oublier que celle-ci coïncide en Allemagne avec l’apparition de la Réforme, qui prend naissance dans le milieu humaniste, où le peintre a de nombreux amis : Pirkheimer, Celtis, Melanchthon.