Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dumping (suite)

Au sein du Marché commun, l’article 86 du traité de Rome (1957) interdit, « dans la mesure où le commerce entre États est susceptible d’en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive une position dominante sur le Marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci..., d’imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction non équitables ».

A. B.

Dunkerque

Ch.-l. d’arrond. du Nord ; 83 759 hab. (Dunkerquois).
Avec un trafic maritime de 30 Mt en 1975 (35 Mt en 1974), Dunkerque est le troisième port français de marchandises. La progression de ce trafic n’est qu’un aspect d’une révolution profonde. Autrefois port mal soutenu par sa région, bloqué derrière une frontière, Dunkerque développe ses fonctions industrielles, puis se découvre, vers 1967-1969, une vocation de port admirablement placé pour desservir l’Europe du Nord-Ouest.



L’histoire

Née peut-être au viie s. de la fondation par saint Eloi d’une « église des Dunes » (Düne-Kerke), dotée vers 1218 de nombreuses franchises, occupée de 1300 à 1305 par Philippe IV le Bel, cette bourgade de pêcheurs flamands devient au milieu du xive s. le centre d’une seigneurie érigée au profit de la maison de Bar. Elle est intégrée avec le comté de Flandre aux domaines du duc de Bourgogne (1384-1447), puis à ceux des Habsbourg d’Autriche (1477-1555/56) et d’Espagne (1555/56-1658). Elle est occupée par le duc François de Guise lorsqu’il reconquiert Calais le 6 janvier 1558. Reprise par Lamoral, comte d’Egmont, en 1559, reconnue possession du prince d’Orange en 1579, prise par le duc d’Anjou en 1582, elle retombe en 1583 sous la domination d’Alexandre Farnèse.

Seul port permettant le maintien de liaisons maritimes directes entre l’Espagne et les Pays-Bas, Dunkerque doit alors sa célébrité à ses corsaires, les « capres », qui harcèlent la flotte anglaise. Aussi, l’Angleterre s’allie-t-elle à la France, qui lui cède ce port occupé par Turenne au lendemain de la victoire des Dunes du 14 juin 1658. En 1662, Louis XIV le rachète moyennant 4 millions de livres.

Fortifiée par Vauban, base de hardis corsaires*, dont le plus célèbre, Jean Bart, harcèle victorieusement les flottes hollandaise et anglaise, notamment en 1692 et en 1693, la ville de Dunkerque est désarmée en vertu du traité d’Utrecht du 11 avril 1713. Fortifications démolies, port comblé, écluses détruites théoriquement pour toujours, elle est, en outre, soumise au contrôle quotidien d’un commissaire anglais imposé par le traité de Paris du 10 février 1763. Libérée de cette clause humiliante par le traité de Versailles du 3 septembre 1783, elle reprend son essor commercial, favorisé par la franchise accordée par Louis XIV grâce à laquelle elle exporte vins et eau-de-vie.

Siège de l’une des treize subdélégations de l’intendance de Lille constituée en 1691, la ville est incorporée en 1790 au département du Nord, dont elle deviendra sous-préfecture en 1803 (à la place de Berques, sa rivale). La Convention lui enlève sa franchise, ce qui oblige Dunkerque à s’adapter à son arrière-pays. Vainement assiégée par le duc d’York en 1795, elle devient en 1914 une base navale dont les navires maintiennent ouvertes les liaisons maritimes franco-anglaises à travers la Manche malgré l’action des sous-marins allemands.

La ville, qui a été constituée en camp retranché aux ordres de l’amiral Abrial le 25 mai 1940, est assiégée par les Allemands du 28 mai au 4 juin ; 234 000 Anglais et 111 000 Français ayant été évacués par mer vers la Grande-Bretagne, elle tombe aux mains de l’ennemi le 14 juin.

Isolée par l’avance des forces alliées en septembre 1944, la garnison allemande ne dépose les armes que le 9 mai 1945, après la capitulation allemande de Berlin.

P. T.


L’agglomération

Dunkerque, Malo-les-Bains, Rosendaël et Petite-Synthe, localités voisines, aujourd’hui réunies, comptent ensemble environ 80 000 habitants. Une communauté urbaine englobe toutes les communes côtières du département du Nord et regroupe 190 000 habitants ; on prévoit une extension démographique considérable, qui porterait la population à 220 000 habitants vers 1980.

L’agglomération se développe dans deux directions à partir du noyau primitif : vers l’est, vers la frontière belge domine la fonction résidentielle et récréative avec une plage sableuse, des dunes, fonction qui doit être développée pour relever une image de marque et faciliter l’accueil (c’est la seule partie du littoral jusqu’à Amsterdam qui ne soit pas encore saturée par le tourisme). Vers l’ouest, le port et les industries partent en direction de Gravelines (atteint en 1971), tandis que des noyaux résidentiels avancent parallèlement au sud de cette zone.


Le port

Il se développa surtout après 1861, par le creusement de bassins. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, on inaugurait l’écluse Watier, pouvant accueillir des navires de 55 000 t de port en lourd. Après la guerre, le port dut être presque entièrement reconstruit. En 1959, c’est le premier « bond en avant » : on creuse une nouvelle darse, plus grande que les autres (mais encore de conception traditionnelle), et surtout le port commence son extension vers l’ouest par la construction du bassin maritime, parallèle au rivage, gagné sur la mer et à l’abri d’une digue ; long de 6 km, il est accessible, par écluse, depuis 1972, aux navires de 125 000 t. La partie sud du bassin est occupée par des quais et stockages à pondéreux, et surtout par une zone industrielle portuaire (raffinerie de pétrole, centrale électrique, Usinor).

En 1970 commence un « second bond en avant » qui doit tripler les surfaces portuaires et donner au port une longueur de 18 km. Près de Gravelines débutent en 1972 les travaux d’un avant-port, pouvant recevoir les navires de 300 000 t, et le creusement d’un bassin perpendiculaire à la côte, sans écluse, pour navires de 300 000 t. Le bassin doit s’allonger par la suite sur 6 km, tandis qu’un autre bassin, gagné sur la mer dans le prolongement du bassin maritime actuel, doit atteindre une longueur de 10 km, et l’on envisage un deuxième bassin perpendiculaire au rivage. Le port des années 60, parallèle au rivage, « consommait » trop de façade maritime précieuse (et rare dans l’Europe du Nord-Ouest) ; le port des années 70, pour une façade maritime de 8 km, s’enfonce de 7 km dans les terres. L’avant-port est destiné aux pétroliers géants ; la partie est du bassin aux trafics conteneur et roll-on/roll-off ; la partie ouest à une usine d’alumine et à une centrale électrique.