Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Algues (suite)

Chez les grandes Algues, la flottaison de tout le corps végétatif (Sargasses pélagiques) ou de la partie terminale seulement, la base étant fixée, est assurée souvent par des vésicules emplies de gaz que la plante élabore elle-même ; si l’Algue est fixée au fond, elle prend ainsi dans l’eau une position verticale, favorable à sa croissance et à l’installation de populations nombreuses.


La reproduction

Il faut bien distinguer, chez les Algues, l’élaboration d’éléments reproducteurs et leur dissémination loin de la plante mère.

La reproduction végétative est très fréquente. C’est le cas des formes unicellulaires, chez qui les deux cellules filles sont libérées et vivent indépendamment les unes des autres. C’est le cas d’un thalle colonial, qui, pour une raison quelconque, se coupe en deux et donne deux thalles indépendants. Est encore du domaine de la reproduction végétative la formation, par une plante, d’éléments différenciés, engendrés pour être disséminés et redonner de nouvelles plantes identiques à la première ; de tels éléments différenciés sont pluricellulaires — on les appelle alors propagules — ou unicellulaires (monospores, rappelant les conidies des Champignons). Rien n’est plus varié que la reproduction sexuée des Algues, soit en ce qui concerne l’importance relative du gamétophyte (stade issu du développement des tétraspores, et où les cellules n’ont que n chromosomes), soit du fait que l’œuf fécondé germe sur la plante mère en dormant un petit organisme parasite de celle-ci, le gonimoblaste.


La vie des Algues

Les Algues sont connues dans de très nombreux milieux, mais beaucoup sont aquatiques. On en trouve dans les eaux douces ou marines, mais ce ne sont pas les mêmes espèces qui y vivent, et des groupes entiers sont exclusifs de l’un ou l’autre milieu.


Les Algues du fond : couleur et profondeur

Les Algues qui vivent fixées au fond des eaux font partie du benthos. Elles recouvrent notamment de vastes surfaces sous-marines, pratiquement tant qu’il reste assez de lumière pour leur assimilation, ce qui les emmène aisément jusqu’à 180 m de fond.

La lumière étant modifiée — non seulement dans sa quantité, mais encore dans sa qualité — par l’eau, il est tout à fait normal que ce fait influe sur la biologie des plantes vivant dans un tel milieu, puisque, comme toutes les plantes, elles sont tributaires de la lumière naturelle pour leur assimilation. On a vu que certaines Algues étaient de couleur verte (leurs pigments sont à peu près ceux des plantes aériennes), d’autres de couleur brune (les xanthophylles y sont particulièrement abondantes), les dernières de couleur rouge ou bleue (par la présence de pigments spéciaux). On a pu remarquer, d’autre part, que les Algues vertes étaient particulièrement abondantes dans les hauts niveaux, que les Algues brunes se trouvaient surtout un peu plus bas et qu’enfin les Algues rouges étaient abondantes lorsque l’on s’enfonçait davantage. On a donc très rapidement compris que les pigments, rouges et bleus surtout, pouvaient jouer un rôle dans une meilleure utilisation d’une lumière arrivant en profondeur, enrichie relativement en radiations de faible longueur d’onde (ultraviolet au vert) et fortement appauvrie en radiations de grande longueur d’onde (rouge, puis orangé, puis jaune). On a pu observer aussi que les Algues rouges, vivant en milieu peu éclairé, étaient plus riches en de tels pigments que si on les exposait à une lumière plus vive ou plus voisine de la lumière solaire. On a également remarqué que les Cyanophycées, vivant en profondeur, étaient souvent de couleur rouge, le bleu dominant dans les formes moins profondes. Enfin, on a pu établir que les pigments rouges et bleus en cause avaient une fluorescence orangée ou rouge.

Comme le pigment assimilateur, à proprement parler, est toujours la chlorophylle, qui a son maximum d’absorption dans le rouge — ce qui lui donne par réflexion sa couleur verte —, il est tout à fait certain qu’à partir d’une certaine profondeur elle travaille dans de très mauvaises conditions, et les pigments supplémentaires lui retransmettent alors l’énergie lumineuse sous une forme qu’elle peut utiliser.

Il faudrait, cependant, se garder de simplifier exagérément les phénomènes. Le rôle des pigments orangés ou bruns semble être le même que chez les plantes supérieures, et, par conséquent, on ne sait pas très bien à quoi correspond une richesse très grande des Algues brunes en de tels pigments. De plus, les observations ne sont pas toujours concordantes : une des Algues récoltées le plus profondément en Méditerranée est une Algue verte, et il existe des Ulves au fond de la Manche. Le problème des Algues rouges vivant très près de la surface est, par contre, moins troublant, car la nature de la membrane intervient, en diminuant l’effet nocif possible d’un excès de lumière. Beaucoup de ces Algues vivent à l’abri d’autres Algues ou d’anfractuosités ; certaines encore sont couvertes d’une fine pellicule de vase qui ne laisse passer qu’une faible quantité de lumière. Enfin, il faut bien constater que certaines espèces sont très tolérantes ; en pays tropicaux, une espèce encroûtante peut ainsi tolérer des différences d’illumination de l’ordre de 1 à 4 000, la reproduction s’effectuant de la même manière dans les deux cas ; seule la couleur change : de jaune paille (en plein soleil) à lie-de-vin très sombre (pour les espèces les plus abritées). Ce cas est assez rare, car, si les Algues parviennent à vivre dans des milieux très faiblement éclairés, il en est peu qui puissent être exposées sans dommage à une lumière trop vive.


Les Algues des rivages à marées ; les Algues pélagiques

La répartition des Algues est liée le plus souvent aux conditions écologiques. Celles-ci sont particulièrement impératives dans la zone de balancement des marées, à cause des alternatives d’immersion et d’émersion qui s’y produisent. Selon la hauteur, les durées relatives sont différentes. En plus de l’humectation par l’eau de mer, l’insolation varie ; enfin, les Algues sont exposées aux pluies pendant leur émersion. Le nombre des espèces pouvant résister à de telles conditions étant limité, cela aboutit à une répartition en zones superposées, connues habituellement sous le nom de ceintures ; celles du littoral atlantique sont particulièrement belles. Les zones supérieures sont occupées surtout par des Lichens, mais, dès que le temps d’immersion est suffisamment long, les Algues deviennent largement prépondérantes.

On a pu mettre en évidence chez les Algues des hauts niveaux, notamment Pelvetia canaliculata, de remarquables qualités chimiques de la membrane cellulaire, que l’observation directe montre déjà particulièrement épaisse. Le cytoplasme même montre une résistance aux variations de la pression osmotique plus grande que chez les Algues constamment immergées.

Quant aux Algues qui vivent au sein même des eaux, elles constituent le phytoplancton. Dans la mer, ce plancton est constitué surtout de Péridiniens et de Diatomées ; dans les eaux douces, ce sont les Algues vertes qui dominent.