Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Donbass (suite)

Le Donbass est donc devenu avant tout une conurbation complexe de plus de 7 millions d’habitants, d’une densité moyenne de 600 habitants au kilomètre carré, groupant une soixantaine de villes et plus de 250 « agglomérations de type urbain », selon la définition soviétique. Les premiers noyaux ont été fossilisés et submergés par les banlieues ouvrières. Par l’implantation d’usines et de villes construites de toutes pièces auprès de ces dernières se sont constituées des agglomérations de plusieurs centaines de milliers d’habitants, formées de mosaïques de quartiers de tous âges et de tous styles, séparés par des espaces verts, dont certains ont été aménagés en « parcs de la culture ». Ainsi, l’agglomération de Donetsk atteint presque 900 000 habitants ; Jdanov, Makeïevka, Vorochilovgrad et Gorlovka dépassent 300 000 habitants. Une dizaine d’autres villes dépassent 100 000 habitants. La conurbation s’étend jusque sur les bords de la mer d’Azov, s’approche de Rostov-sur-le-Don à l’est et des grandes villes du Dniepr à l’ouest.

A. B.

➙ Russie (R. S. F. S. de) / Ukraine / U. R. S. S.

Dông Son

Village et site archéologique situé au Viêt-nam du Nord. Dông Son, sur la rive droite du Sông Ma, à 4 km au nord de Thanh Hoa, a donné son nom à un type de culture du bronze propre au Viêt-nam et à l’Asie du Sud-Est.


Faisant suite à des trouvailles fortuites sur le site, des fouilles ont livré, de 1924 à 1930, un matériel archéologique abondant, dont les campagnes méthodiques de 1935-1939 et 1961-62 ont amélioré la connaissance. Trois phases peuvent être ainsi distinguées : au cours de la première, des populations de souche indonésienne, probablement métissées d’éléments thaïs et chinois, habitent des maisons sur pilotis. Elles pratiquent la chasse et la pêche, cultivent le riz et élèvent le buffle et le porc. C’est au cours de la deuxième phase seulement, vers 500 av. J.-C., qu’apparaîtrait, après une période d’élaboration encore mal connue, une culture du bronze originale et évoluée. Sont associés aux bronzes une poterie richement décorée, des ornements d’os et de nacre, de rares objets de fer et un peu de matériel lithique. Vers les débuts de l’ère chrétienne, la phase finale (période dite « de Lach Truong ») révèle, en accord avec l’évolution historique, une forte influence chinoise, peut-être assortie de quelques apports du Proche-Orient. Possible conséquence de l’expédition répressive du général chinois Ma Yuan, la culture de Dông Son disparaîtrait avant la fin du ier s.

Exécutés à cire perdue, souvent en plusieurs pièces soudées, les bronzes de Dông Son sont d’une grande variété : armes (pointes de flèches et de lances, poignards, épées courtes, haches de types divers), pièces de parure et d’équipement, récipients (bols, bassins, situles, urnes avec ou sans couvercle), matériel rituel (sonnailles, cloches, figurines, peut-être certaines haches pédiformes et surtout tambours, dont certains, de taille réduite, avaient une destination funéraire). Le décor, très stylisé, associe figures géométriques, édifices, pirogues et représentations animées (cervidés, échassiers, paysans, personnages emplumés...). Ce décor évoque des croyances totémiques, des rites agraires et funéraires où les tambours de bronze paraissent avoir joué un rôle essentiel. Rencontrés dans toute l’Asie du Sud-Est, ces tambours ont conservé, sous une forme et avec des décors évolués, une grande importance pour diverses minorités ethniques (tambours de pluie).

Attestée, grâce aux fouilles récentes, en de nombreux sites du Viêt-nam du Nord, surtout localisée en bordure des fleuves, la culture de Dông Son semble avoir rayonné sur l’ensemble de l’Asie du Sud-Est et avoir inspiré deux écoles au moins. L’une, méridionale (Cambodge, Malaisie, Indonésie), paraît posséder quelques formes propres et un bestiaire particulier. L’autre, septentrionale (sud du Yunnan [Yun-nan]), beaucoup plus réaliste, excelle dans la représentation des figures en mouvement, des animaux surtout.

J. B.

➙ Viêt-nam.

 F. Heger, Alte Metalltrommeln aus Südost-Asien (Leipzig, 1902 ; 2 vol.). / V. Goloubew, l’Âge du bronze au Tonkin et dans le Nord-Annam (Hanoï, 1929). / O. R. T. Janse, Archaeological Research in Indo-China (t. I et II, Cambridge, Mass., 1947-1951 ; t. III, Bruges, 1958). / Lê van Lan, Pham van Kinh et Nguyên-Linh, Premiers Témoignages reconnus sur l’âge du bronze au Viêt-Nam (en vietnamien, Hanoï, 1963).

Dönitz (Karl)

Amiral allemand (Grünau, près de Berlin, 1891).


Élevé dans la morale rigoureuse d’un milieu traditionnellement voué au service de l’État, Karl Dönitz entre à dix-neuf ans dans la marine impériale. En 1912, il embarque sur le Breslau, qui, en août 1914, jouera avec le Goeben un rôle important pour entraîner la Turquie dans la guerre. En 1916, il passe dans l’arme sous-marine et est affecté sur l’U-39. En février 1918, il commande l’UB-68, coulé le 4 octobre. Prisonnier des Anglais, c’est à Malte qu’il apprend l’écroulement des Hohenzollern et l’avènement d’une république, qu’il servira désormais aussi loyalement. Après avoir commandé un torpilleur (1920-1923), puis le petit croiseur Emden, il est chargé en 1935 de constituer la nouvelle arme sous-marine, qui était alors interdite à l’Allemagne par le traité de Versailles. Il n’a que trois sous-marins sous ses ordres, mais il élabore déjà une tactique offensive fondée sur l’attaque des convois par plusieurs sous-marins, dite « attaque en meute » (ou Rudeltaktik). De cette branche marginale de la Kriegsmarine, il va faire un puissant instrument de combat. Promu vice-amiral en 1940, il dirigera la guerre sous-marine allemande dans sa phase la plus redoutable pour les Alliés. De son P. C. de Paris ou de celui de Kernevel, près de Lorient, il livre la bataille de l’Atlantique et s’efforce de convaincre Hitler de concentrer ses efforts d’armement sur la construction d’une flotte de 300 sous-marins, seule capable, à ses yeux, d’obtenir la décision. Au début de 1943, il en a 212, qu’Hitler s’obstine pourtant à disperser, malgré son avis, sur les théâtres secondaires, mais, depuis 1939, près de 12 millions de tonneaux de navires alliés ont été victimes de ces terribles U-Boot. Sans doute, Dönitz doit-il à ce « palmarès » d’être choisi par Hitler pour succéder, le 31 janvier 1943, à l’amiral Erich Raeder comme commandant en chef de la Kriegsmarine. Partisan fidèle, mais sans obséquiosité, le nouveau Grand Amiral compte parmi les rares hommes du IIIe Reich à ne jamais avoir caché à Hitler ce qu’il pensait. Toujours est-il qu’au moment où la situation devient dramatique le Führer lui confie au début d’avril 1945 le commandement de la Wehrmacht dans la zone nord-ouest. Le 29 avril, enfin, par son testament politique signé à Berlin, Hitler, après avoir révoqué Göring et Himmler, désigne l’amiral Dönitz comme son successeur avec le titre de président du Reich et de commandant en chef de la Wehrmacht. L’amiral en est aussitôt informé ; le lendemain, il apprend la mort d’Hitler, qu’il annonce le 1er mai au peuple allemand, puis il constitue un gouvernement dont le personnage principal est le ministre des Affaires étrangères, le comte Lutz Schwerin von Krosigk (1887-1977). Décidé à faire la paix au plus vite, il dépêche dès le 3 mai l’amiral Hans Georg von Friedeburg auprès du maréchal Montgomery, puis cherche à organiser la reddition des forces allemandes sur le plan local avant d’accepter les capitulations générales signées le 7 mai à Reims et le 8 à Berlin. Il sait que les jours de son gouvernement sont comptés : dès le 15, il est placé sous le contrôle de l’autorité militaire alliée et, le 23, il est arrêté à Flensburg avec tous ses collaborateurs et considéré comme prisonnier de guerre. Condamné en 1946 par le tribunal de Nuremberg à dix ans de prison, il sera libéré en 1956. Ses deux fils Claus et Peter ont été coulés, l’un sur une vedette en 1943 par un torpilleur français, l’autre sur un sous-marin en 1945. Dönitz a publié deux volumes de Mémoires : Dix ans, vingt jours (1959) et Ma vie mouvementée (1969).

P. D.

 M. G. Steiner, les Derniers Jours du IIIe Reich : le gouvernement Dönitz (Casterman, 1971).